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Attentat de Bamako: le scénario de l’attaque se dévoile

Au moins cinq assaillants ont utilisé deux voitures et une moto pour mener l’opération qui a causé la mort de cinq personnes, dont un Français, samedi au Mali. Le tireur aurait fait un premier repérage sur la terrasse du restaurant juste avant de déclencher la tuerie. Révélations.

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[EXCLUSIF] Le scénario de l’attaque terroriste qui a causé la mort de cinq personnes, dont un Français, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, à Bamako, se précise. C’est un commando d’au moins cinq assaillants qui a mené l’opération meurtrière contre “la Terrasse”, un restaurant prisé par les expatriés, ainsi que dans la rue Princesse qui le borde. Selon nos informations, ce samedi 7 mars, aux environs de minuit, le conducteur d’une moto jakarta (une petite cylindrée très populaire en Afrique de l’Ouest), dépose un homme à côté du restaurant. Le motard reste sur place, au guidon de sa machine, pour faire le guet. Pendant ce temps, son passager monte une première fois l’escalier extérieur qui mène à la terrasse du restaurant. Il n’est pas armé. “Il se comporte comme un client potentiel et effectue alors un repérage, explique à L’Express une source sécuritaire malienne. Après avoir constaté la présence de plusieurs expatriés, français et suisses, attablés, il redescend, sans se faire remarquer.” 

Entretemps, une voiture blanche, vraisemblablement une Toyota de modèle RAV 4, se gare à proximité du restaurant. Un troisième homme descend du véhicule, qui repart presque aussitôt. Ce troisième homme -appelons-le “l’armurier”- remet un fusil d’assaut Kalachnikov de type AK-47au “faux client”. Ce dernier remonte alors au restaurant, cagoulé cette fois. Il ouvre le feu sur la terrasse. Bilan de la tuerie: deux morts, dont le Français Fabien Guyomard, 30 ans, et huit blessés -deux soldats suisses et six maliens.

Contrôlé, le motard lance une grenade

Quasiment au même moment, le motard, toujours en faction dans la rue, attire l’attention d’une patrouille de police alertée par les détonations. Contrôle d’identité. L’homme, à la peau noire, tend aux policiers une attestation de vente concernant la moto, établie au nom de “Ahmadou Ould Mohamed”. Un patronyme dont la consonance correspond plutôt à un malien d’origine arabe, du nord du pays. Détail d’autant plus étrange que le motard répond aux policiers en Bambara -la plus courante des langues parlées au Mali-, “sans aucun accent, comme quelqu’un originaire de la région de Bamako”. Toujours selon nos informations, lorsque les policiers lui intiment l’ordre d’ouvrir un grand sac noir qu’il porte sur sa moto, l’homme en sort une grenade qu’il jette à terre. Les policiers battent en retraite et, tandis que la grenade explose, le motard prend la fuite.

Un 4X4 noir pour prendre la fuite

C’est alors qu’un troisième véhicule entre en action. En fait, depuis le début de l’opération, “un 4X4 noir, aux vitres teintées, probablement de marque Ford, est garé tout près du restaurant”, poursuit la même source sécuritaire malienne. Se repliant après la tuerie sur la terrasse, le tireur et l'”armurier” s’engouffrent dans la voiture. Un conducteur et un passager s’y trouvent déjà. Les quatre hommes démarrent en trombe et prennent la fuite, tout en continuant de semer la panique. Ils lancent plusieurs grenades, mais la plupart d’entre elles n’explosent pas. Ils tirent également à vue. Un véhicule de police, arrivé sur les lieux, est pris pour cible. Un policier, qui répond aux tirs des fuyards, est abattu. Un autre malien, le gardien d’un domicile privé voisin, est également mortellement atteint. De même qu’un ressortissant belge, qui tentait de se protéger derrière un véhicule en stationnement.

Selon l’un des témoignages recueillis sur place par les policiers maliens -ils sont épaulés depuis dimanche dernier par une dizaine d’enquêteurs français et des policiers belges- un deuxième membre du commando s’est, lui aussi, exprimé en Bambara au cours de l’opération. C’est “l’armurier”. Juste avant l’attaque, il aurait été abordé par une jeune femme, près du restaurant, et lui aurait répondu avec l’intonation “d’un habitant de la région”.

Un homme au “teint clair” aperçu près du restaurant

De multiples zones d’ombre persistent autour de l’attentat. Combien étaient exactement les membres du commando: cinq, ou plus? Le conducteur de la Toyota RAV 4 blanche connaissait-il les intentions meurtrières du groupe? Par ailleurs, un homme, au “teint clair” (ce qui peut désigner un habitant arabe ou touareg originaire du nord du pays), portant un turban a, semble-t-il, été aperçu dans les environs, peu avant le déclenchement de la tuerie. Aurait-il un lien avec l’affaire? Samedi 7 mars, au soir, l’attentat a été revendiqué par Al-Mourabitoune, un groupe djihadiste dirigé par l’algérien Mokhtar Belmokhtar, dissident d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce vétéran du djihad a noué depuis les années 2000 de solides alliances dans le nord du Mali. Al-Mourabitoune a intégré des combattants maliens dans ses rangs. Belmokhtar, considéré comme l’un des hommes les plus dangereux du Sahel, a-t-il pu commanditer l’attentat et le faire exécuter par des relais locaux, comme ce fut le cas en janvier 2013, au Sahara algérien, puis en mai de la même année, dans le nord du Niger? C’est l’un des points essentiels que l’enquête devra tenter d’élucider.

Par

 

Source: L’express.fr

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