Les journalistes maliens ont organisé un sit-in jeudi 17 mai devant la Maison de la presse du Mali pour dénoncer les atteintes à la liberté de la presse et réclamer la vérité sur la disparition de Birama Touré, le reporter de Le Sphinx. Les manifestants ont demandé la restitution du matériel de travail du journal en ligne MaliActu et la fin de la torture psychologique sur Salif Diarrah, le journaliste de MaliActu obligé de se rendre tous les vendredis au tribunal de la Commune III de Bamako pour cause de contrôle judiciaire.
Le président de la Maison de la presse, Dramane Aliou Koné, s’est presque lâché en parlant d’une tendance sournoise visant à museler la presse libre au Mali. « Quand on prend tout le matériel de travail d’une rédaction, c’est très grave », a-t-il commenté, faisant référence à la saisie du matériel des journalistes de MaliActu.
Trois journalistes de ce site d’information, dont Salif Diarrah, avaient été arrêtés dans les locaux de leur rédaction en avril dernier. Ce qui est vexatoire, selon Séga Diarrah, le fondateur du journal en ligne, c’est la vacuité du dossier contre les journalistes. Deux d’entre eux ont aujourd’hui jeté l’éponge, mais Salif Diarrah qui est resté est dans l’impossibilité de faire son travail comme il le souhaite.
Et le promoteur de MaliActu de poursuivre : «Si nous acceptons que des journalistes passent 5 jours en détention, qu’est ce qui va se passer si des journalistes donnent la parole à un opposant ou quelqu’un que le pouvoir n’aime pas? » Séga Diarrah a également salué la mobilisation des journalistes pour soutenir MaliActu dès le départ de l’affaire.
Cette mobilisation a été appréciée par Makan Koné, le Secrétaire général du Forum des éditeurs de presse d’Afrique. Pour lui, la mobilisation de la presse ne faiblira pas tant qu’il y aura des zones d’ombre autour de trois dossiers non résolus. Le premier dossier est le cas de MaliActu et la levée du contrôle judicaire sur Salif Diarrah. « Ce qui est arrivée à MaliActu peut arriver à nous tous », a prévenu Makan Koné. L’un des deux autres dossiers concerne la disparition de Birama Touré de Le Sphinx dont on n’a aucune nouvelle depuis plusieurs années. Et le dernier dossier est le cas Baba Alfa, le président de la maison de la presse du Niger qui a été expulsé au Mali, il y a plus d’un mois, et « qui se trouve dans une situation d’apatridie aujourd’hui », a commenté Makan Koné.
Selon nos informations, l’une des conditions de l’arrivée de Baba Alfa au Mali a été un accord pour qu’il garde le silence une fois sur le territoire malien. D’origine malienne, Baba Alfa a été contraint d’abandonner sa famille au Niger : sa femme nigérienne et ses enfants. Au Mali, il mène une vie difficile sans travail ni revenu pour entretenir sa famille restée au Niger.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain