Les attaques récurrentes contre nos forces armées et de sécurité ne laissent finalement personne indifférent. Personnalités politiques et acteurs de la société civile ont tous, d’une manière ou d’une autre, condamné celles-ci. C’est ainsi qu’au cours d’une rencontre avec les cadres de son parti, le président de l’Alliance démocratique pour le peuple malien (Adepm), Dr Aboubacar Siddick Fomba, a condamné avec la dernière rigueur ces actes dignes d’une autre époque avant de proposer des pistes de solutions pour que notre pays rompe définitivement avec la spirale des attaques meurtrières contre nos soldats.
D’entrée de jeu, il dira que les femmes des militaires ont bel et bien raison de protester contre la hiérarchie militaire en demandant à mettre à la disposition de nos militaires des moyens adéquats afin de leur permettre de juguler les attaques incessantes contre les populations civiles d’une part et d’autre part contre les positions tenues par les soldats maliens.
Selon lui, les femmes des militaires doivent exiger, entre autres, le président de la République au front en qualité de chef suprême des Armées ainsi que tous les généraux, la justification des 1230 milliards de nos francs injectés dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation militaire qui visait essentiellement l’amélioration des conditions de vie et de travail des forces armées, un service de renseignement efficace , les explications sur les nominations de certains militaires dans les postes politiques pendant que le pays est en guerre ainsi que la non-ingérence de la politique politicienne dans la gestion de l’armée.
A ses dires, c’est inadmissible que notre outil de défense reste dans cet état pitoyable, malgré les moyens colossaux mis à sa disposition, notamment 1230 milliards de nos francs en cinq ans pour la Loi d’orientation et de programmation militaire et plus de 1130 milliards Fcfa au titre de l’aide extérieur au développement du Mali pendant les 27 dernières années.
De sa lecture, la guerre que nous connaissons est devenue un fonds de commerce pour les caciques du pouvoir en place. A cet effet, il invite les Maliens à exiger la justification de ces sommes faramineuses dont le 1/5 pouvait offrir 30 hélicoptères au Mali.
Par rapport à la question relative à la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire y compris Kidal, il a indiqué que, là-dessus, sa vision est très claire. Il s’agit de couper court à cette campagne médiatique orchestrée contre notre armée, car, dit-il, notre armée fait l’objet d’une véritable campagne médiatique qui amène les militaires maliens à douter de leur capacité à contenir les attaques. “Cette guerre médiatique crée la psychose non seulement chez le peuple malien, mais aussi chez nos forces armées et de sécurité. Celle-ci a considérablement joué sur le moral et la capacité de nos forces armées et nos dirigeants politiques ont également crû à ces campagnes de déstabilisation de notre pays”, a-t-il déploré. Et de dénoncer la politisation de notre armée nationale qui a contribué à installer son lot d’injustice au sein de la grande muette.
Dépolitiser l’armée malienne
Pour relever le défi sécuritaire, notre interlocuteur propose qu’il faut : dépolitiser l’armée et mettre fin au vote des militaires ; sensibiliser et mobiliser la population à faire confiance en notre armée et de la soutenir avec engagement et détermination ; maintenir la confiance entre la hiérarchie militaire et les hommes du rang et aussi garantir la transparence dans la gestion des ressources allouées à l’armée ; demander le départ immédiat des forces étrangères de notre territoire et mettre fin à l’accord de défense militaire entre la France et le Mali ; nommer un général à la tête de chaque secteur militaire et doter chaque secteur d’au moins deux hélicoptères ; relever tous les anciens officiers et sous-officiers supérieurs de la région de Ségou pour mettre fin à certaines pratiques.
Dans son réquisitoire, il dira que, pour la région de Ségou, ce sont trois généraux qui doivent être déployés et six hélicoptères de combat pour les secteurs de Ségou, Diafarabe et Diabaly. En ce qui concerne la région de Mopti, il a proposé que deux généraux et 4 hélicoptères soient déployés pour les secteurs de Sévare et Boulkessi.
Quant aux régions de Tombouctou et Taoudéni, il a souligné qu’il faut quatre généraux et huit hélicoptères pour les secteurs de Tombouctou, Taoudéni, Niafunke et Ber. Pour les régions de Gao et Ménaka, il a laissé entendre qu’il faut cinq généraux et dix hélicoptères pour les secteurs de Bourem, Gao, Ansongo, Ménaka et Anderboukane. S’agissant de la région de Kidal, il proposera un général et deux hélicoptères pour le secteur de Tessalit.
Aussi, il a fait savoir que la hiérarchie doit galvaniser les militaires afin qu’ils combattent, sans règlements de comptes, tout en évitant la stigmatisation. Ainsi, tous les cas suspects seront exécutés sans arrestation. “Nous proposons que le Ministère de l’Intérieur revienne dans sa vraie forme, la création d’une Brigade d’immigration assurée par la gendarmerie nationale, la réintégration de la police dans le corps des militaires”, a-t-il laissé entendre.
Pour finir, il a déclaré que le Mali est bel et bien en mesure de relever le défi sécuritaire et le peuple malien doit prendre toute sa responsabilité pour libérer notre pays.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali