Après l’attaque terroriste du 18 août 2021, survenue contre un convoi civilo-militaire au Nord du Burkina Faso, plusieurs voix se lèvent et proposent des pistes de sortie de crise. Le président Roch Marc Christian Kaboré est interpellé à accélérer le « redéploiement des Forces de sécurité burkinabè ».
La multiplication des attaques, attribuées aux groupes djihadistes, fait réagir au Sahel, surtout après la prise récente de l’Afghanistan par les talibans. Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de la région, la crise sécurité s’aggrave. Le dimanche 22 août dernier, l’armée burkinabè a repoussé, dans le Nord du pays, une attaque d’individus armés contre un groupe de volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Mise en œuvre des mesures
« Plus que jamais l’État burkinabè doit accélérer le redéploiement de ses Forces de sécurité et parfaire leur coordination afin que [le] cycle de violence cesse au plus vite », a déclaré Josep Borrell — le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité —dans un communiqué du 20 août. L’Union européenne appelle ainsi à un « sursaut civil et politique » au Burkina Faso.
Dans une déclaration conjointe, rendue publique le lundi 23 août, le comité de fusion de l’Union pour la renaissance – Parti sankariste et le Mouvement patriotique pour le salut (UNIR/PS-MPS) a invité également le président du Faso à « continuer et à accélérer les reformes militaires visant à améliorer les renseignements et les capacités opérationnelles des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ».
Le chef de l’État est invité à la mise en œuvre des mesures qu’il a annoncées dans sa déclaration, après l’attaque de Solhan, en juin 2021. Il s’agit entre autres de rétablir la confiance avec le peuple dans le secteur de la sécurité ; d’adapter la stratégie de lutte aux nouvelles réalités du terrain ; de consolider l’efficacité, l’unité et la cohésion du commandement ; de renforcer la collaboration entre les populations, les Forces de défense et de sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie ; de maintenir un niveau de prise en charge des personnes déplacées internes.
Dénoncer les djihadistes au lieu de l’insécurité
Sur la situation sécuritaire dans la région, de façon générale, le docteur Ahmed Apakena Dieme, consultant sur les questions de conflits politico-religieux dans le Sahel depuis 15 ans, estime que cette guerre « contre les djihadistes dans le Sahel, n´est pas uniquement une affaire de moyens colossaux ». Selon ses explications, « les djihadistes remplacent idéologiquement les noms Mali, Burkina, Niger, Nord Nigeria faits de diversité en une terre à majorité musulmane sous domination de leur Kalifa, sapant ainsi la laïcité régulatrice » de ses Nations.
Pour remporter la victoire dans cette guerre idéologique, Dr Ahmed Apakena Dieme invite à combattre cette idéologie « dans la tête par un débat doctrinal intra islamique, mais aussi sur le terrain avec de plus en plus d´adaptation à la guerre asymétrique ». Et d’ajouter : « L´une des meilleures façons de gagner le cœur des populations, c’est entre autres de trouver une formule articulant logique de milicialisation, d´autodéfense et présence opérationnelle permanente des FDS ».
Au Burkina Faso, et au Sahel de façon générale, au lieu de dénoncer l´insécurité, le consultant sur les questions de conflits politico-religieux dans le Sahel invite à dénoncer plutôt « ceux qui tuent et qu´on connait bien ». À ses dires, « [cette] image où les opinions du Sahel se mettent à dénoncer l´insécurité que les djihadistes eux-mêmes ont créée est un motif de réjouissance de ces derniers, qui voient les Nations se déchirer au lieu de se souder ».
Fousseni Togola
Source : Sahel Tribune