Il a reçu les femmes de militaires une semaine jour pour jour avant sa chute. Il s’est comporté comme un enfant devant sa mère. Les femmes l’ont apostrophé et tancé comme le ferait une mère en colère. Le président ATT a spontanément répondu à leurs interpellations. Il a juré sur Dieu pour convaincre de sa bonne foi. On peut le croire. On peut le contredire. On peut l’aimer ou le haïr mais ses propos autorisent un préjugé favorable. Etre Chef d’Etat, c’est donner des orientations, prendre des décisions impopulaires parfois mais toujours assumer sa responsabilité.
Parce qu’il a le devoir d’assumer sa responsabilité, ATT doit rendre des comptes. Parce qu’il a été chassé par des putschistes n’ayant pas fait mieux que lui, il doit bénéficier de la présomption d’innocence. Parce qu’il a accepté de démissionner pour permettre à la Cour Constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et de recevoir le serment de Dioncounda TRAORE, il mérite d’être écouté. Parce qu’il a évité la guerre civile à son pays en refusant la proposition d’un président africain décidé à l’aider à se débarrasser des putschistes dans la journée du 21 mars 2012, il mérite un traitement autre. Parce qu’il a jusqu’ici accepté d’endosser seul la déliquescence de l’Etat malien face aux groupes terroristes, il doit sortir de son mutisme.
Parce qu’il a été vainement averti par un rapport présenté au Palais Bourbon sur les risques d’embrasement dans le nord du Mali, il mérite d’être jugé. Seulement, il faut éviter de fragiliser l’Etat en théâtralisant l’affaire ATT comme ce fut le cas lors du procès du Général Moïse. Si ATT doit être jugé par contumace, condamné puis gracié comme Moïse alors vivement le procès et vite. Non, il ne faut pas téter ATT pour renforcer son successeur à la tête de l’Etat.
Nos présidents, pour avoir été aux affaires, savent que les principes de séparation des pouvoirs sont rarement respectés sous nos cieux d’où des procès biaisés. Dans cette affaire, il aurait été plus subtil de laisser l’initiative aux parlementaires pour renforcer l’élégance républicaine de l’actuel président. ATT sur le banc des accusés, c’est un avertissement à ses anciens compagnons qui doivent rappeler à IBK que l’annexion du nord s’est faite sous Sanogo et non sous ATT. Au moment où la Côte -d’Ivoire tente la réunification FPI / Front Populaire, pourquoi élargir le fossé entre les nouveaux tenants du pouvoir et leurs prédécesseurs. Depuis vendredi soir, des barrons de l’ancien régime ne dorment plus du sommeil du juste. Ils sont partagés entre le désir de fuir avec leur famille et l’idée de faire face pour ne pas ternir leur image. Choix cornélien, n’est-ce pas ?
Si le pouvoir, élu pour apporter des réponses à la question centrale du développement du Mali, veut réussir ses missions alors les décisions politiques ne doivent plus suturer le calendrier annuel du pays. La politique est une succession d’événements dont la maîtrise du courant détermine des positions et à ce titre l’on comprend IBK qui nous rappelle le Général DE GAULLE. Oui, la meilleure façon d’enterrer une affaire en politique est de créer une commission d’enquête ou de s’en remettre à la justice qui « doit dire le droit ».