L’ouverture de la phase nationale, hier au Centre international de conférences de Bamako, a été un moment solennel dans la vie de notre nation. Plutôt qu’une option, cette concertation est impérative pour le Mali eu égard à son état de déliquescence avancée, a estimé le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta
«Le rendez-vous pour un Mali nouveau». C’est le slogan de la phase nationale des Assises nationales de la refondation (ANR) qui a été solennellement lancée hier par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta.
L’événement a mobilisé au Centre international de conférences de Bamako, le ban et l’arrière-ban de la République. Outre les chefs d’institutions et les membres du gouvernement, il y avait un ancien chef d’État, Pr Dioncounda Traoré, deux anciens Premiers ministres, des diplomates, des autorités religieuses et coutumières…
Ces Assises ont été initiées parce qu’il était impérieux que les Maliens se retrouvent pour trouver des solutions pertinentes aux multiples maux dont souffre le pays, depuis près d’une décennie. L’État peine à exercer son autorité sur une large partie du territoire et des attaques terroristes endeuillent régulièrement les populations.
L’instabilité est également politique et les défis sont pressants dans les domaines de la justice, de l’éducation, de l’économie, du social, du foncier… «Plutôt qu’une option, ces ANR sont impératives pour le Mali eu égard à son état de déliquescence avancée», a résumé le président de la Transition.
Les objectifs de ces débats sont donc clairs : faire un diagnostic sans complaisance de l’état de la nation, tirer les meilleures leçons des foras passés et faire des propositions permettant de construire une solution de sortie de crise qui, en même temps, ouvre d’heureux horizons au peuple malien. Les Maliens de tous bords ont ainsi l’occasion de poser les jalons du sursaut national, de converger vers un avenir meilleur et prospère. Les débats vont durer jusqu’au 30 décembre.
Ces 4 jours d’échanges constituent la phase ultime de ces Assises, qui ont débuté depuis le 11 de ce mois à travers des concertations locales dans 725 sur 759 communes, 51 sur 60 cercles et dans toutes les régions à l’exception notoire des Régions de Kidal et Ménaka. Les représentations diplomatiques du Mali dans 26 pays de forte concentration de nos concitoyens à l’étranger ont aussi servi de cadre à ces concertations.
La phase nationale sera une «étape cruciale dans la marche héroïque de notre pays vers le redressement», selon le chef de l’État qui a encore souligné que ces ANR «nous offrent une occasion exceptionnelle pour nous interroger sur le type de citoyen que nous voulons être, le type de leader dont nous avons besoin pour bâtir le Mali nouveau».
Le colonel Assimi Goïta, se disant confiant en la capacité de sursaut du peuple malien, s’est réjoui du fait que les phases locales ont donné le ton et le début du contenu du processus de refondation. Puisqu’elles ont permis de mettre en commun les différentes attentes des populations quant au renouveau politique, institutionnel, sécuritaire, économique et social attendu.
PRENDRE LE TRAIN EN MARCHE- Bien que ces ANR constituent une étape importante, les résultats qui en sortiront ne seront cependant que le début de la refondation. Il sera mis en place, à la fin des Assises, un Comité de suivi et d’évaluation, ainsi qu’une phase technique intense qui élaborera des cadres de référence d’orientations stratégiques, de planification économique et de développement… Bref, toute une panoplie d’outils institutionnels, législatifs et techniques du nouveau Mali. «Il s’agira d’aboutir à la mise en place d’une stratégie cohérente qui combine et coordonne l’action publique dans tous les secteurs tout en engageant une estimation budgétaire du coût de la refondation », annoncé le chef de l’État.
Auparavant, le président du Panel des hautes personnalités des ANR s’était félicité de l’engouement exceptionnel manifesté par les populations locales lors des trois premières phases. Pour lui, c’est la preuve de la ferme volonté populaire de contribuer à l’édification d’un Mali nouveau. Mais pour changer véritablement la situation de notre pays, « il faut d’abord que nous changions nous-mêmes», a plaidé Zeïni Moulaye qui a ainsi exhorté les participants à placer la «transformation de l’homme malien au cœur des débats».
Le Panel garde l’espoir de voir que ceux qui n’ont pas encore pris le train le feront. Cet espoir est d’autant plus permis que lors des rencontres initiées par le Panel, aucun interlocuteur n’a fermé la porte du dialogue. « Ce qui nous porte à croire que dans un proche avenir, tous les Maliens se retrouveront pour construire ce Mali nouveau auquel notre peuple aspire», a déclaré Zeïni Moulaye.
Issa DEMBÉLÉ
Source : L’ESSOR