La tenue des Assises nationales de la Refondation (ANR) digne de nom doit forcément bénéficier de l’adhésion et de l’accompagnement de l’ensemble du peuple malien sans distinction aucune. Mais hélas, à travers la table ronde organisée le 24 septembre 2021 en vue d’élaborer les termes de référence desdites rencontres, l’on sent déjà l’absence de son caractère inclusif tant clamé par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
Tout comme le Dialogue National Inclusif (DNI), les débuts de l’ANR ont aussi enregistré des absences notoires. L’on a l’impression qu’il s’agit là d’une revanche politique. En grande partie, les absents à ces travaux préparatoires relatifs à l’ANR étaient ceux-là qui ont tenu le DNI et les présents étaient plutôt ceux qui ont aussi boycotté ou critiqué le DNI.
C’est un jeu politique qui ne construit pas. Sauf que les acteurs politiques se plaisent dans cette diversion qui ne fait que mettre le pays en retard. Certes, le gouvernement pouvait faire économie de temps et de moyens financiers pour juste faire la synthèse des résolutions du DNI en les réadaptant aux réalités de l’heure tout en exigeant leur mise en œuvre dans les meilleurs délais, mais si cela n’a pas été le cas, les acteurs du DNI devraient aussi avoir le courage de venir défendre ou expliquer leur travail devant le peuple. D’autant plus que le premier objectif spécifique de ces assises concerne la synthèse des conclusions, recommandations et résolutions des différentes rencontres (forums, assises nationales, états généraux, conférence d’entente nationale, dialogue national inclusif, journées de concertations nationales sur la transition…).
Quoi qu’on dise, il est du devoir des autorités de la transition de faire en sorte que ces assises soient inclusives. C’est le seul moyen pour que toutes les décisions qui sortiront de ces rencontres, comme l’a promis le Premier ministre, puissent être exécutoires. Parce qu’il faut admettre que la crédibilité ou la légitimité et la pertinence des décisions prises lors de ces rencontres dépendront du niveau de participation aux débats. Pour pouvoir organiser des assises véritablement inclusives, le Premier ministre et la plupart de ses ministres et proches doivent aussi cesser de tenir certains propos comme ceux qui figurent dans le deuxième point des objectifs spécifiques de l’ANR: « Intégrer les nouvelles idées et contributions des forces du changement et les autres forces vives de la Nation.»
Rien que ce point donne l’impression que ces rencontres ont été voulues par le M5-RFP, qui se croit la seule force du changement, juste pour imposer ses propositions ou ses idées aux autres. Surtout quand l’on sait qu’il n’y a pas de grande différence entre ces termes de référence élaborés le 24 septembre 2021 et ceux du DNI tenu en septembre 2019.
Il faut rappeler que les démarches de l’ANR et du DNI sont les mêmes, les objectifs sont les mêmes, les thématiques aussi. Seulement, ce sont les acteurs et les terminologies qui diffèrent. Mais, le problème n’est pas à ce niveau. Ce qui est important cette fois-ci, c’est de faire en sorte que tous les acteurs concernés puissent participer aux débats et que les décisions qui en sortiront soient exécutées. Pour ce faire, nous devons éviter d’avoir la grosse tête et mettre le pays au-dessus de toute considération personnelle.
Ousmane BALLO
Source : Ziré