Vitres brisées, tas d’ordures, voitures cramées, murs noircis par l’incendie, des documents éparpillés dans des bureaux délabrés, des photos poussiéreuses de l’ex-Président IBK accrochées aux murs. Tel est le portrait de l’Assemblée nationale, 18 mois après les évènements de Juillet 2020. Seuls sont en état, la grande salle qui avait été rénovée par les turques en 2017 et quelques bureaux. Cependant, chaque matin, le service de nettoyage donne vit à ce joyau architectural en ruine. Les nettoyeurs sont d’ailleurs, les rares à remplir leurs tâches malgré leur salaire misérable qui ne tombe que chaque 3 mois. Ces braves femmes et hommes balayent, lavent le sol, tout en gardant le sourire.
En effet, suite au saccage du siège du parlement, son Président Moussa Timbiné et l’ensemble du parlement ont déménagé au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), en attendant la réhabilitation de l’Assemblée. Réhabilitation qui se fait toujours attendre, car le Conseil national de Transition (CNT) qui a remplacé le parlement, avec le putsch d’août 2020, siège au même lieu moyennant finances. Depuis, aucune suite n’a été donnée par les autorités sur la réhabilitation de l’Assemblée nationale.
Certains prennent ce désengagement des dirigeants sur la réhabilitation de l’Assemblée nationale, par peur de subir le même sort que leurs prédécesseurs. Il est vrai que le siège du parlement malien se situe en plein cœur de Bamako et au beau milieu du plus grand marché du pays, ce qui lui a valu d’être envahie à chaque insurrection par la foule. Sa délocalisation fait ainsi écho, mais après la transition, entend-on dire.
Malgré nos sollicitations, aucune information n’a filtré officiellement sur les conséquences économiques de cette installation au CICB. Selon certaines sources, le CNT débourserait entre 200 et 600 millions de Fcfa pour se loger au CICB. D’autres indiscrétions notent que cette situation est faite pour arranger certains responsables de l’Assemblée nationale, d’autant plus que les dégâts à l’Assemblée nationale ne sont pas si colossaux que cela et ne devraient pas engager le montant mis dans la localisation du CICB
Tout compte fait, en cette période de refondation, rien ne devrait surprendre dans les choix de nos dirigeants.
Amadou Sankaré, stagiaire