Pas moins de cinq membres du gouvernement étaient hier à l’Hémicycle pour répondre aux députés sur les questions de défense, de sécurité, de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation…
Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le général Ibrahima Dahirou Dembélé et ses collègues en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah, de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré, étaient devant les députés réunis hier en séance plénière
Le premier répondait au député Moussa Diarra, élu en Commune IV du district de Bamako, sur les questions de Défense et la présence des forces étrangères sur notre sol. Les questions en lien avec la situation sécuritaire du pays étaient adressées au général Salif Traoré. Quant à la problématique des cartes Nina, elle a été prise en charge par le ministre Boubacar Alpha Bah.
Les questions sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ont été abordées par le ministre Lassine Bouaré. La séance s’est déroulée en présence de Yaya Sangaré, ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, Porte-parole du gouvernement.
Le député Moussa Diarra a d’abord rappelé que l’Assemblée nationale a donné son aval le 2 juillet 2015 pour la ratification du traité de coopération militaire signé entre notre pays et la France. Selon lui, le ministre de la Défense de l’époque avait indiqué que cette signature allait permettre aux deux pays d’échanger des informations relatives aux menaces à la sécurité nationale et régionale. Mais cinq années après la signature de cet accord de coopération militaire, a estimé le député élu en Commune IV, la crise multidimensionnelle que traverse notre pays depuis 2012 se perpétue et reste marquée par des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des tentatives de démembrements du pays. Mais aussi, des tentatives de guerre inter ethniques dans la Région de Mopti sous le regard des forces étrangères présentes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la protection des civils et la stabilisation du pays.
Face à cette situation, l’élu de la Commune IV a demandé au ministre en charge de la Défense, la différence entre un traité de coopération militaire et un accord de défense. Aussi, le député Moussa Diarra a questionné le général Ibrahima Dahirou Dembélé sur l’existence des bases militaires françaises à Gossi et Tessalit, sur les objectifs d’un accord de coopération militaire avec la Russie.
PÉRIL TERRORISTE- Aussi, le député a rappelé que le Parlement a donné son quitus à la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Quelle évaluation peut-on en faire et quel est le résultat du contrôle physique au niveau de l’armée entre 2014 et 2015 ?
En réponse, le général Ibrahima Dahirou Dembélé a d’abord salué le courage, la détermination et l’esprit de sacrifice de tous les membres des Forces de défense et de sécurité du Mali qui font face quotidiennement aux groupes armés terroristes et aux réseaux de criminalité transnationale organisée. Il a salué aussi les forces partenaires engagées aux côtés du Mali dans cette lutte. Selon lui, notre pays est aujourd’hui confronté à de graves menaces, notamment le terrorisme en passant par les tensions intercommunautaires, l’extrémisme violent, le trafic illicite des personnes et de la drogue. Pour lui, le péril terroriste au Mali et dans la sous-région constitue la menace la plus dangereuse de notre histoire. Et c’est dans ce contexte que se multiplient les initiatives en matière de défense et de développement au plan national, régional et international. La présence des forces africaines et internationales auprès des forces armes nationales participe de cela, a expliqué le ministre, soulignant qu’aucun pays à lui seul ne peut faire face à ce fléau.
D’après le général Dembélé, un accord de défense qui est un texte intergouvernemental signé par un pays avec un autre pour sous-traiter sa défense en cas de menaces. Il a précisé que notre pays a signé un traité de coopération militaire avec la France.
Il s’agit d’un accord technique dans le cadre de la formation, du soutien logistique, des renseignements, de l’information et de l’équipement. Le ministre a expliqué que pour acheter de l’armement avec la Russie ou la France par exemple, il faut signer ce genre d’accord.
Le général Ibrahima Dahirou Dembélé a indiqué que la défense du pays appartient aux Maliens d’abord et qu’il nous appartient de créer les conditions nécessaires pour un appareil de défense performant.
«La Force Barkhane est venue pour nous aider mais nous n’avons pas sous-traité notre défense», a assuré le ministre de la Défense et des Anciens combattants. Parlant de la présence des bases militaires françaises à Tessalit et Gossi, Ibrahima Dahirou Dembélé dira que Barkhane s’est installée à Tessalit pour faire face aux groupes armés terroristes au Nord et à Gossi dans le cadre du G5 Sahel. Et cette présence est temporaire.
Répondant aux questions du député sur la signature d’un accord avec des puissances différentes, le ministre Dembélé a clarifié que c’est comme la diplomatie où l’on développe des relations avec plusieurs pays.
Concernant la LOPM, le général Ibrahima Dahirou Dembélé a indiqué que beaucoup a été fait pour l’armée en comparaison avec sa situation dans un passé récent. Il a ajouté que le contrôle physique a permis d’avoir une idée sur les effectifs réels de l’armée et de faire des planifications en termes de ressources à lui apporter. Il a invité les députés à se rendre sur le terrain pour aller s’enquérir de la réalité qui est celle des militaires.
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah, est intervenu pour donner des explications aux questions des élus de la nation sur les difficultés d’accès à la carte NINA. Le ministre Bah a commencé par rappeler que c’est la loi n° 040 du 11 août 2006 portant institution du Numéro d’identification nationale (NINA) des personnes physiques et morales qui, en son article 7 dit que «le numéro d’identification nationale attribué à une personne physique est inscrit sur la carte nationale d’identité, la carte d’identité consulaire, le passeport, le permis de conduire, le carnet scolaire……….».
JEU DE L’ENNEMI- Le ministre Bah précisera ensuite que c’est à partir de là que l’opération d’identification a été lancée et le résultat à ce jour est que plus de 15 millions de personnes sont inscrites dans la base de données. L’objectif, a-t-il dit, est de rationnaliser notre état-civil et d’avoir des documents crédibles. C’est sur cette base que la liste électorale de 2013 a été acceptée et que les élections se sont déroulées, a-t-il rappelé. Pour faciliter l’accès au précieux document, les centres d’enregistrement ont été décentralisés dans les six communes de Bamako et des dispositions sont prises pour équiper tous les consulats, a assuré le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Pour sa part, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré a répondu aux députés sur la situation de Kidal en soutenant que le retour dans cette localité dans le giron national est un processus qui se fera avec l’armée nationale reconstituée. Certains services sociaux sont déjà présents auprès du gouverneur de la 8è Région, a souligné le général Traoré.
En réponse à une autre question en rapport avec les réseaux sociaux, le ministre en charge de la Sécurité a expliqué que beaucoup font le jeu de l’ennemi sans le savoir. Il a annoncé qu’un projet de loi déposé sur la table des députés va donner les moyens de lutter contre les dérives sur les réseaux sociaux et de façon générale contre la cybercriminalité.
Quant au ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré, il est intervenu à propos de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il a rappelé à ce propos qu’il s’agit d’un chantier très vaste et très complexe qu’il faut voir sur le long terme.
Dieudonné DIAMA
Source: L’Essor-Mali