Bamako aurait besoin d’un grand coup de balai. La capitale malienne a en effet du mal à gérer son assainissement et offre un spectacle désolant dans de nombreux quartiers.
L’assainissement de Bamako est un véritable casse-tête pour les autorités publiques. Depuis des décennies, des fortunes ont été investies dans la propreté de la ville, sans presque jamais obtenir de résultats pérennes. Il est vrai que ces difficultés sont le lot de toutes les grosses agglomérations aujourd’hui. Bamako, avec plus de ses deux(02) millions d’habitants et sa superficie qui ne cesse de s’étendre, ne saurait y échapper. Mais, de l’avis des acteurs du secteur, le gros problème reste la mentalité des Bamakois, que malheureusement la saleté ne semble pas déranger. La question de l’assainissement urbain a toujours été une préoccupation pour les acteurs du secteur. Tant au niveau national que local, de nombreuses initiatives ont été menées, avec plus ou moins de succès. A ce jour, selon les chiffres du ministère de l’environnement, 38% de la population disposaient de système d’assainissement adéquat en milieu urbain et seulement 10% en milieu rural. Si l’on considère que la Constitution du Mali institue le droit à un environnement sain, ce sont des millions de Maliens qui sont privés de ce droit. Les investissements faits dans la collecte et le traitement des déchets solides comme liquides sont loin de couvrir les besoins. En ce qui concerne les déchets solides en particulier, quelle que soit leur provenance, les infrastructures manquent cruellement. Même à Bamako, la moitié des déchets n’est ni ramassée ni traitée et ce, malgré l’énorme travail abattu par le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable. Il n’existe pas de dépôts de transit autorisés que dans quelques grandes villes mais la majorité des ordures pré-collectées par les Groupements d’Intérêt Economique(GIE) ou les ménages finissent dans des dépôts anarchiques, dans les caniveaux à ciel ouvert ou les cours d’eau. En milieu rural, elles s’entassent aux abords des concessions dans des terrains vagues avant d’être répandues sur les champs à l’approche de l’hivernage.
Conscients de l’urgence de prendre les choses en main, les acteurs de l’environnement et particulièrement les responsables de l’assainissement ont sollicité l’appui des plus hautes autorités pour une réaction énergique et efficace. « Nous avons tiré la sonnette d’alarme depuis des années », affirme Dr Modibo Sacko, Directeur National adjoint de l’Assainissement, du Contrôle des Pollutions et Nuisances (Dnacpn). Selon lui, les actions menées depuis des années n’ont pas permis de faire face à la problématique de façon efficace : « Les moyens manquent cruellement au niveau des structures techniques pour gérer les tonnes d’ordures produites chaque jour, ne serait-ce qu’à Bamako. D’où l’aspect de ville poubelle dans la capitale avec des dépotoirs géants dans pratiquement tous les quartiers.
Un nouvel optimisme
Modibo Sacko se réjouit cependant du fait que depuis quelques mois, « les choses bougent ». Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, Mme KEITA Aida M’Bo a fait de la question de l’assainissement son cheval de bataille. Elle a décidé de mettre les bouchées doubles pour trouver une solution durable au problème. Pour preuve, chaque samedi un dépotoir est ciblé dans une commune et est dégagé. C’est grâce à ses initiatives « que nous commençons à voir le bout du tunnel » a déclaré un chef de quartier.
Dans tous les cas, pour que la capitale devienne coquette, il est essentiel que les mentalités évoluent. Les uns et les autres doivent faire recours aux GIE pour enlever les ordures ménagères au lieu d’aller les déverser n’importe comment. Tous les acteurs du secteur sont du même avis, la vraie problématique de l’assainissement des villes et villages du Mali, c’est le comportement des citoyens. Les gens ne semblent pas conscients de la nécessité de vivre dans un environnement sain. Les médecins sont formels, améliorer le cadre de vie permet d’éviter bien des maladies. Le paludisme par exemple peut être évité si les conditions d’hygiène les plus élémentaires sont respectées. « Les mentalités doivent évoluer », selon le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement, Mme KEITA Aida M’Bo qui, estime que si les habitudes changent, la tâche des services techniques, sera amoindrie et les moyens pourront permettre de réaliser plus d’actions.
Aliou TOURE
Source: Le Démocrate