En comptant sur sa légitimité acquise à la présidentielle de 2013, le président IBK s’est fait esseuler dans la mise en œuvre de ses promesses électorales. Cette situation a eu comme conséquence la mise à l’écart de l’opposition politique. Mais après l’échec de ses multiples stratégies, IBK a sollicité le soutien de la société civile en vue de colmater les brèches. Lire notre analyse.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) est affaibli moralement au point que souvent on se demande s’il sait ce qu’il doit faire pour résoudre les différents problèmes qui s’entassent. Cette situation est due au fait qu’il n’a pas pris d’initiatives pour apaiser d’abord la tension qui prévaut dans le paysage politique.
Pourtant, le 21 août 2013, sa première déclaration publique après son élection avait donné de l’espoir à la majorité de Maliens. Il avait laissé entendre que ses premières actions consisteront à rassembler les citoyens. IBK avait aussi parlé de la réconciliation, de la refondation de l’Etat, de la lutte contre la corruption, du retour de la dignité, de la respectabilité du pays, de la relance économique et d’autres vœux chers aux Maliens.
IBK avait dit qu’il n’y aura pas ‘’de partage du gâteau’’ et que les gens seront nommés en fonction de leurs compétences. Mais sa méthode de gestion des affaires publiques s’est vite confrontée aux critiques constructives de la classe politique. Depuis le 10 septembre 2013, soit deux jours après la formation du premier gouvernement, le FDR a dénoncé la nomination de certains hommes aux postes ministériels. Les semaines suivantes, les responsables de ce regroupement de l’opposition ont demandé à ce que la classe politique soit mise dans le bain des actions publiques.
Ces demandes furent mal perçues à Sébénikoro. Le bras de fer qui s’est alors engagé a abouti à la tension politique. Celle-ci, à son tour, a fini par créer la fracture sociale qui a été, semble-t-il, mise à profit par la France. Car sous la contrainte de l’ancien pays colonisateur, le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) a pris, seul, plusieurs décisions engageant le Mali et qui ne vont pas dans le sens de la fermeté dont il aime rappeler avant son arrivée au palais de Koulouba. Ces actes d’IBK ont suscité la confusion et le courroux de la population qui a profité de la libération, le 27 septembre 2013, des 32 premiers rebelles pour exprimer sa déception.
Finalement, IBK se trouve coincé parce que la France profite de la division sociale pour l’induire en erreur. Pourtant le vendredi 19 décembre 2013, il a lui-même dit que les réalités sur la situation du nord n’ont pas été révélées à l’extérieur et que les indépendantistes armés ont avancé de fausses allégations à l’opinion internationale. On ne reconnait plus celui qui disait : «On ne me bouscule pas. On ne me trimbale pas. On ne va rien m’imposer…» Sachant IBK affaibli par son isolement, l’opposition politique cherche toujours des moyens pour l’assommer. Elle suit comme du lait sur le feu, ses actions et celles des membres du gouvernement en quête de leurs moindres failles pour passer à l’assaut.
Dans ce contexte, les polémiques liées à l’avion présidentiel et les interprétations les plus cocasses relatives au concept «la famille d’abord» auxquelles s’ajoutent la brouille entre Bamako et le Fonds monétaire internationale (FMI) et d’autres scandales financiers sont tombés entre les mains de l’opposition politique comme du pain béni. Pire, le président IBK n’a pas bénéficié de solidarité au sein de sa propre formation politique. Cela a une justification. En effet, plusieurs sources disent que certains cadres du Rassemblement pour le Mali (RPM), son parti, sont obsédés par l’envie d’être à la primature. Ces derniers pensent qu’ils ont été lâchés au profit d’autres personnes. Ces assoiffés du pouvoir ont trouvé l’occasion de se réjouir lorsque l’opposition a juré de faire partir l’inexpérimenté jeune Premier ministre Moussa Mara.
Rappelons que lors de sa Déclaration de politique générale (DPG) Mara n’a même pas été applaudi par la majorité. Ce fait a été signalé avec ironie par un opposant. Ce qui a d’ailleurs renforcé l’opposition déterminée à engager une motion de censure contre Mara.
Plus tard, les tumultes et campagnes médiatiques se sont focalisés sur les événements du 17 mai 2014 à Kidal sans que la majorité ne réplique publiquement en guise de soutien au Premier ministre. L’honorable Mamadou Hawa Gassama de l’URD a même eu l’audace de dire devant la presse que le ministre Boukary Tréta, un baron du RPM, serait le plus valable à la primature. Est-ce un moyen d’attiser le feu dans le camp de la majorité?
Au regard de ce qui précède IBK serait déçu, dit-on, du comportement de certains membres bien placés de sa famille politique qui agiraient autrement loin des yeux. Le président de la République aurait donc décidé de solliciter le soutien de la société civile pour se donner un poids face à l’opinion internationale et aux groupes armées concernant la gestion de la crise du nord.
C’est sa dernière carte dans la mesure où il n’a plus le temps de compter sur la classe politique dont une grande partie n’apprécie pas ses approches. Celle-ci se déchire à tous niveaux pour des positionnements et la soif de vengeance. Ce n’est donc pas étonnant que durant la semaine du 14 novembre 2014, plusieurs membres du gouvernement se sont livrés à des exercices de restitution sur certains points saillants du document proposé par les négociateurs pour un accord de paix et de réconciliation avec les groupes armés du nord Mali.
Selon certains fans d’IBK, tout a été fait ces derniers temps pour mettre les organisations de la société civile au devant de la scène afin que la voix du Mali puisse être entendue positivement. Malgré ces demandes et tractations, l’accord finalement signé a déçu bon nombre de citoyens. Notamment les points relatifs à la reconnaissance de «Azawad» en tant qu’entité territoriale comme le Wassoulou ou le Bélédougou, la mobilisation des ressources financières et de façon prioritaire pour les trois régions du nord et l’intégration au sein de l’armée nationale des combattants des groupes armés pour ne citer que ceux-ci à titre d’exemple.
Issa Santara
source : Ciwara Info