Au Mali de ce jour, il n’y a plus de secret. Tout est très vite exposé sur le réseau avec les détails les plus fins. Tout le monde sait tout, et chacun raconte du n’importe quoi après ! Un ennemi n’a guère besoin de renseignement, il lui suffit de venir sur Facebook et il aura l’info nécessaire pour s’orienter. L’effectif, les positions, photos et vidéos, tout est exposé sur les pages personnelles. Nous avons pris une très mauvaise habitude de tout divulguer. Cela est dû au fait que nous avons cette folie d’informer, même de « sur-informer », démontrant ainsi que nous sommes les premiers à détenir l’info de pointe. Ce qui nous rend grands et importants aux yeux des autres, c’est-à-dire que nous sommes ainsi proches des grands milieux de prise de décision. Chaque fois, c’est nous-mêmes qui, par notre imprudence, mettons la vie de nos soldats et des soldats étrangers en danger. Tout n’est pas bon à dire sur le réseau. Mais pour des « Likes » et des vues de vidéo, nous sommes prêts à tout divulguer. Les Russes sont au Mali, OK! Mais devrons nous dire ensuite ce qu’ils y font ou disent ?
Après l’arrivée des Russes, tout ce qu’ils feront ou diront chaque jour, tout sera suivi par et sera exposé sur le réseau par nous-mêmes. Tout le monde est devenu journaliste-reporter ! Aussitôt qu’ils font, par exemple, une livraison d’armes, tout est communiqué jusqu’au nombre et au modèle ! Les Russes peuvent être découragés par ce fait : ils disent quelque chose en secret, et nous le divulguons dans la minute qui suit, ça devient l’objet de toutes les causeries de « Grin » ou sur whatsaap!
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Le milieu politique et militaire malien doivent se distancer de tels individus, de ne pas partager l’info avec eux, car leur but, c’est de la rendre publique aussitôt. Comment une opération militaire ou sa réussite peuvent-elles se faire sans secret ? Et comment un État peut-il exister sans secrets d’État ?
Ensuite, les Russes peuvent être découragés par les taupes au sein du grand milieu politique dont certains éléments tiennent ouvertes leurs grandes oreilles en vue de transmettre tout à Paris pour « gagner des points » aux yeux de l’Élysée, comme toujours. C’est ce que Poutine a dit une fois, que c’est une peine perdue de vouloir collaborer avec certains pays africains. Car aussitôt qu’un tiers pays les menace, il divulgue tout pour se déculpabiliser. Ces pays africains, n’ayez aucun doute, il s’agit des pays francoFOUS !
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Pour finir, la question de l’arnaque. Hélas ! Au Mali de ce jour, nous sommes devenus champions des escroqueries. Pendant que l’autre se bat pour monter un plan ou un projet, nous sommes à côté pour voir comment le tromper. Si nous parvenons à le faire, nous sommes ainsi contents, sans penser aux conséquences qui peuvent en découler. Le gouvernement malien aussi aime que les dettes s’accumulent, en promettant toujours de les payer, mais cette promesse ne vaut même pas le mot.bamada.net/moussa-coulibaly-enseignant-ni-la-russie-ni-la-france-pour-sauver-le-mali Et si les Russes voient qu’il n’y a pas le financement nécessaire pour le maintien technique et la formation, qu’au lieu de préparer sérieusement la guerre, nous faisons des surfacturations et dansons comme des rois du coupé-décalé lors des soirées privées, ils se diront que nous méritons ce que nous avons. Les militaires russes tiennent beaucoup à la parole donnée. Ils veulent toujours traiter avec des hommes dignes : « Tu as dit, tu as promis, donc tu dois le faire ! »
Dans tous les cas, même s’ils viennent, ces Russes ne feront pas notre guerre à notre place, mais pour nous aider à la faire de façon effective. Ils n’accepteront pas que nous soyons assis autour du thé pour les regarder se battre pour nous. Tout dépendra de notre propre attitude : s’ils voient que nous sommes animés de volonté à défendre notre pays, ils iront dans ce sens avec nous. S’ils voient que nous sommes des irresponsables et des festivaliers, ils iront aussi dans ce sens avec nous, ou ils quitteront tout simplement le Mali pour d’autres pays plus sérieux.
Les Russes sont venus ? Donc, bienvenue ! Et arrêtons nous à cela. Pour le reste, laissons-les faire leur travail dans la discrétion ! Ne les decourageons pas, ne les decevons pas ! C’est peut-être l’unique chance que nous avons !
Sekou Kyassou Diallo