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Arouna Modibo Touré, ministre de l’Economie Numérique et de la Communication : « …La carte de presse ne se retrouvera désormais que dans les seules mains des professionnels de l’information, de ceux qui démontreront leur amour et leur foi dans le métier de journaliste… »

Dans un discours qu’il a prononcé lors de l’ouverture de la journée de la liberté de la presse, le ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré a fait un diagnostic sans complaisance de l’état actuel de la presse malienne. Aussi, il a égrené les reformes en cours pour permettre aux journalistes maliens de vivre dignement de leur métier et d’être à l’abri de toute tentative de musellement.

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D’entrée de jeu, il dira  qu’il y’a 24 ans jour pour jour que le 3 mai a été proclamé journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies suivant une recommandation adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Selon lui, les Nations Unies répondaient ainsi à un appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias. Et ainsi dit-il, tous les ans, la journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde. Mais aussi, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.

Selon lui, le Mali à l’instar de la communauté internationale, célèbre les principes fondamentaux de la liberté de la presse que sont la liberté d’expression et d’opinion pour laquelle beaucoup de compatriotes ont fait le sacrifice suprême en 1991.

« C’est le lieu de leur rendre un hommage appuyé et de se rappeler combien le Malien de tous les horizons et de toutes les catégories sociales tient à sa liberté tout court. C’est aussi le lieu de se souvenir de tous vos confrères qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur métier et de prier pour le repos de leur âme. », a-t-il souligné. Avant de poursuivre : « Cette année, le thème retenu est «devoirs et responsabilités du journaliste en période de crise ». Ce thème est d’autant plus actuel que notre pays sort lentement mais très sûrement d’une crise politico-sécuritaire qui a menacé ses fondements mêmes. Mais grâce à la volonté politique des plus hautes autorités de notre pays, à votre sens de responsabilité et surtout à votre accompagnement, la crise née en 2012 tend vers sa fin. Il y a lieu de rappeler ici que vos commentaires, vos critiques, vos analyses ont permis de faire comprendre et accepter par nombre de nos concitoyens le sens et la portée de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour le Mali issu du processus d’Alger signé le 15 mai et le 20 juin 2015. Vous leur avez expliqué les étapes de la crise tout en invitant le gouvernement à ne pas observer une omerta qui ne pourrait qu’alimenter la rumeur et semer la confusion dans l’esprit de nos concitoyens. Vous avez ainsi joué votre rôle d’éveilleur de conscience, vous avez su anticiper sur la crise. Vous avez su prévenir la haine, l’exclusion, deux phénomènes qui corrodent la démocratie, les liens ancestraux et les rapports sociaux. Pendant la crise, vous avez été en première ligne pour la défense des traditions humanistes de tolérance et des respects des différences qui ont toujours caractérisé notre nation. A travers vos articles, vos émissions, vous avez su mettre le Mali au-dessus de tout et vous avez régulièrement mis en avant l’unité nationale, la démocratie, la cohésion sociale, le vivre-ensemble. Ce faisant, vous avez démontré que vous êtes des ferments importants de la dynamique sociale et des remparts incontournables contre l’exclusion, la haine et l’intolérance.  Je tiens ici à saluer ce rôle important que vous avez joué pour notre pays et pour les valeurs cardinales que nous chérissons et que nous partageons. Valeurs qui nous ont permis de l’emporter pendant les moments difficiles de notre histoire. Vous avez mis le Mali au-dessus de tout et je vous en félicite vivement. ».

Le diagnostic sans complaisance du ministre Arouna Modibo Touré

De 1991 à ce jour dit-il, la presse malienne a fait un bond quantitatif remarquable.

« Le pays compte aujourd’hui plus de 120 titres, une cinquantaine de journaux en ligne, plus de 400 radios de proximité. Près d’une vingtaine de télévisions privées attendent d’être autorisées par la Haute Autorité de la Communication (HAC). Cela n’est-il pas une preuve du dynamisme de votre secteur ? Cela n’est-il pas aussi une preuve que la liberté de presse est une réalité au Mali ? », s’est-il demandé. Avant de préciser que ce dynamisme et cette réalité ne doivent pas cacher une autre réalité.

« En effet, ce bond quantitatif n’a pas toujours été suivi de la qualité que notre lectorat, nos auditeurs et téléspectateurs attendent de nous. Ce constat, chers acteurs de la presse malienne, a amené le Ministère de l’Economie Numérique et de la Communication à entreprendre un vaste chantier de relecture des textes qui régissent la presse dans notre pays suite à l’exercice collectif de clarification, d’analyse et de synthèse que nous avons mené avec vous, hommes de médias, depuis les 3èmes  journées de réflexion sur l’information et la communication de 2009 et l’atelier de relecture des textes de 2010 à Sélingué. La relecture de la loi sur le régime de la presse et le délit de presse vient de prendre fin au niveau de mon cabinet et la nouvelle mouture a été transmise à la HAC et au Ministère de la Justice pour avis. », a déclaré le ministre Arouna Modibo Touré selon qui « la nouvelle loi sur le régime de la presse et le délit de presse, une fois adoptée, va consacrer la dépénalisation des délits de presse. En clair, aucun journaliste ne devra plus se retrouver en prison pour ses opinions. Par contre, cette nouvelle mouture, tout en ne prévoyant pas des sanctions pénales, a consacré un renforcement des sanctions pécuniaires pour ceux qui s’aventureront à porter atteinte à l’honorabilité et à la dignité des personnes humaines et à faire de la rumeur, des contrevérités et des attaques gratuites leur fonds de commerce. ».

S’attaquant à certaines dérives qui font légion dans la presse malienne, le ministre Arouna Modibo Touré n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Vous conviendrez avec moi que la carte de presse, ce sésame pour journaliste, se retrouve aujourd’hui entre les mains de plusieurs personnes qui ne tirent pas l’essentiel de leur revenu de la profession de journaliste tel que stipulé dans la loi. Ceci est préjudiciable aux professionnels des médias et jette du discrédit sur la profession. En effet, certains détenteurs de la carte de presse venus dans le métier non pas par vocation mais pour des préoccupations purement alimentaires n’hésitent pas à brandir « VOTRE CARTE » à vous et à se faire passer en maîtres chanteurs auprès de certaines personnalités. Cela ne doit plus continuer. Nous avons relu le décret instituant la carte de presse et avons rendu plus strictes les conditions d’obtention de la Carte. Désormais la carte ne se retrouvera que dans les seules mains des professionnels de l’information, dans les seules mains de ceux qui démontreront leur amour et leur foi dans le métier de journaliste et qui ont choisi le journalisme qui, dois-je le rappeler, est une science, un art et un métier. », a-t-il prévenu.

 La Rédaction

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