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Armée, Yves Fromion, de retour du Mali : « Nous ne sommes pas près de repartir »

Le député du Cher de la première circonscription Yves Fromion (LR) était en mission au Mali pour la commission des affaires européennes au contact des soldats français.

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À quel titre êtes-vous allé au Mali ? Je suis parti au titre de la commission des affaires européennes pour voir quelle est la situation suite à l’intervention de l’Union européenne et des Nations unies. François Hollande nous avait dit que nous étions là-bas pour peu de temps et cela fait maintenant cinq ans et nous ne sommes pas prêts d’en repartir…
Combien de soldats français sont stationnés là-bas ? 

 Nous comptons environ 5.000 hommes principalement autour de l’opération Barkhane, au Nord le long de la frontière algérienne et libyenne, sur deux plateformes au Nord et au Sud.

Ce qui représente une force de 4.000 hommes sur 4.000 kilomètres et vingt fois la France ! C’est une force spécialisée dans la lutte contre le terrorisme islamique. Nous avons aussi parallèlement des intervenants dans les différentes composantes internationales, comme celle en charge de la formation de l’armée malienne (les forces armées et de sécurité du Mali, Fama, NDLR).

À peu près 8.000 soldats maliens ont ainsi déjà été formés. Il y a aussi la Minusma, la force d’intervention des Nations Unies avec plus de 10.000 hommes composés de contingents multiples et qui sont là non pas pour faire la guerre mais pour un retour à la paix. Ils restent donc dans leurs garnisons et ils s’auto-protègent !

“La corruption règne en maître au Mali. Vous passez le poste frontière à l’aéroport avec un billet à la main !”

Une présence qui est donc essentiellement militaire ?

L’Union européenne a aussi développé un dispositif baptisé Eucap visant à reconstituer les capacités de l’État malien par des formations autour de l’appareil administratif. Ce qui n’est pas toujours simple car la corruption règne en maître au Mali. Vous passez le poste frontière à l’aéroport avec un billet à la main ! Il ne faut bien sûr pas oublier aussi une importante présence de l’Onu avec de nombreux programmes d’aides. On a l’impression que le Mali est devenu le centre du monde !
Est-ce que depuis cinq ans le poids de la rébellion a baissé ?

La rébellion se développe fortement malgré cette présence militaire. C’est un peu le système de la piraterie avec une façon de faire qui existe depuis des décennies et qui peut se résumer à des guerres de clans. Aujourd’hui, vouloir les enfermer dans notre manière de vivre, c’est extrêmement difficile et pour les calmer on ne se base que sur l’aide internationale. Et la France s’est mise dans une position très dangereuse parce qu’elle est toute seule et que c’est en train de reflamber partout.

“Notre présence au Mali nous coûte quand même la moitié de nos opérations extérieures, entre 500 et 600 millions d’euros !”

 

Et l’État malien ? 

 Il reste très faible et contesté avec des rouages complètement inconsistant et tout ne tient finalement que grâce à la présence de Barkhane au Nord qui empêche le pays de s’enflammer. Et nous avons commis l’erreur de monter trop au Nord justement sans l’appui de nos amis européens. Il faut savoir que notre présence au Mali nous coûte quand même la moitié de nos opérations extérieures, entre 500 et 600 millions d’euros !
Vous avez rencontré nos soldats. Quel est leur sentiment ?

D’un côté, ils sont heureux de faire leur métier, mais ils doivent aussi faire face à une perte de compétences dans les qualifications traditionnelles. Sans oublier bien entendu l’usure de notre matériel qui est d’ailleurs en grande partie réhabilité à l’école de Bourges.

 

Frank Simon

Source: Leberry

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