Le samedi 27 janvier, un camp militaire était attaqué à Soumpi, dans la région de Tombouctou, entrainant la mort de 14 soldats. Au-delà de ce sinistre, c’est la remobilisation rapide des Famas, qui ont lancé la contre-offensive et fait 17 morts chez les terroristes, qui doit retenir l’attention. Cet épisode met en évidence la nouvelle posture de l’armée malienne.
Des éléments craintifs, sous-équipés et mal formés, tels étaient certains des qualificatifs peu glorieux utilisés il y a peu pour décrire les militaires maliens. Mais, aujourd’hui, la situation a évolué. Nonobstant les nombreux défis sécuritaires auxquels ils font face, les Famas font désormais front. « A force de subir et d’encaisser, nous avons mené une réflexion et sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait mettre l’accent sur l’Homme, parce que c’est l’Homme qui est déterminant dans l’issue d’une guerre », explique le colonel Diarran Koné, chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).
Pour mener à bien cette politique, de nouveaux centres de formation ont vu le jour et d’autres ont été réhabilités et rouverts. « Nous avions cédé du terrain, et ce n’était pas seulement faute de matériel. Il nous fallait forger la combativité du soldat malien, lui faire comprendre qu’il est le rempart entre la population et l’ennemi », ajoute le colonel. Les dispositions de la Loi d’orientation et de programmation militaire, adoptée en 2015, prévoient également l’achat d’équipements plus performants. « Le matériel vient en complément, c’est un démultiplicateur des forces. Au-delà, il y a une vraie détermination de l’armée pour que le pays se débarrasse une bonne fois de ses assaillants», assure notre interlocuteur. Cela se voit sur le terrain. Régulièrement visés par des attaques complexes, les Famas répondent mieux.
Ripostes vigoureuses, traques sans relâche, la posture a positivement changé. Pour preuve, les « nombreux » terroristes neutralisés dans la région de Mopti, à Djenné début janvier et à Youwarou, le 25. Pas de triomphalisme toutefois chez le Directeur de la Dirpa. « Nous ne devons pas crier victoire. Tant qu’un seul Malien ou ami du Mali sera victime d’une mine ou d’un terroriste, nous estimerons que rien n’aura été fait ». Ce n’est pas le car de civils qui a sauté sur une mine à Boni, le camp attaqué à Soumpi et le kamikaze a entrainé dans sa mort quatre militaires qui lui donneront tort.
Confiance restaurée
L’armée a aussi su instaurer une relation de confiance avec les populations, indispensable pour recouvrer les parties abandonnées du territoire. Excédés par les nombreuses morts et exactions, les habitants coopèrent mieux avec elle, en dépit des menaces. « Nous constatons un sursaut collectif. La population a compris qu’elle est son premier agent de sécurité et doit nous signaler tout mouvement suspect, afin que nous puissions agir », conclut le colonel Koné.
Journal du mali