Pendant que le président de la République tend sa main à tous et demande « l’union sacrée » autour de l’armée malienne, le président la coalition « Ensemble pour le Mali » (EPM), Dr Bocary Treta joue à la crispation du climat politique. Preuve : il a profité de la conférence de cadres de sa formation politique, le RPM, le samedi dernier, pour traiter l’opposition malienne d’une « opposition déstabilisatrice ».
Dire des propos réconciliant et se comporter autrement, voilà une des spécialités du régime IBK. Pendant que le président de la République dont les stratégies n’arrivent pas à sécuriser les personnes et leurs biens au nord et au centre cherche désespérément l’union de tous les Maliens pour chercher une solution définitive à la crise actuelle du pays, son ancien directeur de campagne se donne à des clashs.
Même si IBK a accepté de rencontrer le Chef de file de l’opposition malgré la décision de boycott du Dialogue national inclusif par le groupement politique de ce dernier, Treta, lui, il semble avoir des dents bien aiguisées et attendait l’opposition en corner. En plus de sa décision du boycott dialogue, la récente sortie médiatique du FSD dans laquelle il promet d’ « agir », a mis le président du RPM dans tous ses états jusqu’à le faire délirer.
En effet, dans son intervention lors de la conférence des cadres de son parti tenue le samedi dernier, le président du parti présidentiel, DR Bocary Treta, est revenu sur la déclaration du FSD sur la situation sécuritaire au Mali, les élections présidentielles de 2013 et 2018 et les raisons de la non-participation de l’opposition au Dialogue national inclusif. Il a clashé l’opposition sur chacun des points.
Dans un premier temps, Treta dit ne pas être content que l’opposition tienne le président de la République comme « responsable de la crise que traverse » le Mali. Mais ce que le puissant président du RPM n’a pas fait, c’est le fait de démentir les causes pour lesquelles l’opposition tient son mentor comme responsable de la « dramatique situation du Mali ».
Quant à la question de la lutte contre la corruption, l’ancien ministre de l’Agriculture rabaisse le niveau du débat. « Ceux, aujourd’hui, qui crient sur tous les toits pour dénoncer la corruption, dénoncer la mauvaise gestion, la gabegie, nous les avons vu à l’œuvre », a-t-il déclaré. En écoutant ces propos, on se demande où il était quand ces gens étaient à l’œuvre. Pourquoi n’a-t-il pas dénoncé s’il estime que ceux-ci ont mal gouverné ? Pourquoi ne les met-il pas à nu devant Dieu et les hommes pour que les Maliens sachent qui sont réellement ces opposants ?
Le président s’est enfoncé dans sa déclaration en se prononçant sur le combat contre la corruption. « Je me réjouis que le président de la République et sa majorité ont le courage d’engager cette lutte la lutte anti-corruption… ». Oui, la justice a lancé une lutte farouche contre la corruption depuis l’arrivée du ministre de la Justice, Malick Coulibaly. Mais ceux qui sont déjà écroués à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako pour présomption de détournement, sont-ils de l’opposition en leur majorité ? Aussi faudrait-il qu’il sache que les Maliens n’arrivent jusqu’à présent pas à admettre le fait que les auteurs des « engrais frelatés » et leurs complices ne fassent pas un tour à la MCA.
Dans son discours, le puissant président du RPM, pendant que tous les Maliens cherchent à avancer tout en luttant contre le terrorisme, Treta nous ramène en 2013 et en 2018. Comme son mentor IBK, Treta veut nier « le vol » des urnes en faveur du candidat IBK en 2018. Il veut certainement nier, lui aussi, la contestation des résultats par des millions de Maliens, même si certains de ces contestataires sont allés déguster le délicieux plat de « Boua ». « Mais cette opposition n’a gagné nulle part. Les élections de 2013 comme les élections de 2018 ont été des élections très propres. Jamais au Mali, les résultats des élections ont été publiés bureau de vote par bureau de vote qu’en 2018. L’opposition n’a été capable nulle part de prouver qu’il a gagné. Aucun observateur international n’a attesté que dans cette région du Mali, l’opposition a gagné ou potentiellement elle était capable de gagner… Depuis 2017-2018, elle a travaillé à préparer l’opinion pour dire que si elle ne gagne pas, ce qu’il y a eu fraude… » Voilà la déclaration du président de la majorité présidentielle à un moment où le président de la République cherche à décrisper le climat politique pour sauver l’essentiel. Treta rend-il service au régime à travers ce message ? Question !
Enfin, il fait savoir que l’opposition a boycotté le Dialogue national inclusif parce qu’elle a « choisi la rue ». « Elle a choisi la rue parce qu’elle n’a pas gagné, elle ne peut pas gagner, elle ne peut pas s’imposer à la majorité, donc il fallait déstabiliser, il fallait chercher le pouvoir par la rue. L’opposition malienne est une opposition déstabilisatrice… », a-t-il déclaré. Les contestations des résultats des élections ont, à notre connaissance, pris fin depuis des mois. Pourtant Treta est accroché sur les élections. Y a-t-il donc un lien entre la présidentielle et le Dialogue national inclusif. Quant à son message, ne nuit-il pas à la main tendue d’IBK à son opposition ? En tout cas, ce nouveau début de clash peut être le début d’une autre crispation du climat politique. L’opposition va -t-il réagir ? Le futur nous le déterminera.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS