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Après sa visite au Marché Rose ravagé par un incendie dans la nuit du 20 au 21 mars 2014, le Premier ministre Oumar Tatam Ly a déclaré : « C’est un nouveau drame. La gestion de nos marchés n’est pas bien organisée…j’ai vu des femmes pleurer »

C’est un Premier ministre attentif qui s’est déplacé, le vendredi dernier dans la matinée, pour aller constater de visu les dégâts occasionnés par l’incendie qui a entièrement ravagé le Marché Rose dans la nuit du 20 au 21 mars 2014. Après avoir brièvement rencontré des sinistrés de ce drame- les pertes sont évaluées à plusieurs milliards FCFA-, Oumar Tatam Ly a promis de tout faire pour éviter qu’un tel sinistre ne se reproduise plus. C’est ainsi qu’il a convoqué, le même jour à la Primature, une réunion extraordinaire de la commission nationale de lutte contre les incendies dans les marchés pour prendre des mesures urgentes en vue d’arrêter cette série noire.

marché rose vendeur acheteur circulation voie rue

 

 

Après les marchés de l’Imacy, du Terminus de Lafiabougou et le marché central de Kayes en 2013, le cycle infernal des incendies de marchés s’est poursuivi avec l’Hôtel Niuma Beleza à Bamako-coura, les marchés de Djicoroni Para, de Médine, du Woro Sugu et du Marché Rose, qui ont tous été victimes des flammes en 2014. Compte tenu de l’importance du Marché Rose dans la vie économique de la capitale, le déplacement du chef du gouvernement, après ce terrible incendie, s’avérait nécessaire en vue de constater de visu l’ampleur des dégâts occasionnés par ce drame qui s’inscrit, comme on  peut aisément le constater, dans un cycle devenu infernal. Avec son lot de malheurs car, même si l’on n’a pas eu à déplorer dans aucun des cas de perte en vie humaine, force est cependant de reconnaître que les dégâts matériels et financiers sont énormes.

Cela dans la mesure où, en plus des marchandises complètement parties en fumée principalement dans le cas du Marché Rose, il y a des centaines de millions FCFA en espèces que les commerçants gardaient dans les coffres de leurs magasins. C’est tout cela qui rend l’évaluation des pertes difficile à réaliser ; même si cela demeure toutefois une exigence pour plusieurs raisons. L’autre exigence, qui est fondamentale, est de connaitre l’origine de l’incendie qui a ravagé tout sur son chemin au cours de la désormais sinistre nuit du 20 au 21 mars 2014 quand, aux alentours de 22h, le feu s’est emparé des kiosques et boutiques de montres, de chaussures, de sacs pour dames, de bazins, de précieux objets en or…de l’historique Marché Rosé.

Arrivés sur les lieux après de longues minutes d’attente – et cela compte tenu de la modicité des moyens dont ils disposent, seulement deux véhicules seraient en bon état-,  les sapeurs pompiers ont été confrontés à l’inaccessibilité du bâtiment abritant le Marché Rose, situé au cœur du Grand marché de Bamako. Après moult concertations entre les officiels présents sur les lieux de l’incendie, c’est un blindé de la gendarmerie qui sera sollicité pour dégager la voie afin que les engins des soldats du feu puissent être à même d’utiliser leurs matériels dans cette lutte contre l’incendie qui se propageait à la vitesse d’un feu de brousse.

Voies d’accès obstruées

Le Premier ministre Oumar Tatam Ly, tout comme les autres visiteurs du jour, parmi lesquels plusieurs ministres et personnalités à l’instar du président du collège transitoire de la CCIM,  Mamadou Tiény Konaté, qui l’accompagnaient, ont été sidérés par l’obstruction des voies d’accès audit marché qui avait pourtant connu un incendie similaire en 1993.Quelques années après, il avait été rénové à coût de centaines de millions FCFA en  mettant en place le dispositif de sécurité qu’il fallait pour le mettre à l’abri de l’incendie du genre qu’il vient de connaître. Hélas ! En plus de l’obstruction des voies d’accès, les bouches d’incendie qui y sont installées ont été ensevelies sous les kiosques, rendant leur exploitation difficile. Les rares, encore visibles ne contenaient pas d’eau, selon certains témoins. Concernant l’origine du feu, les enquêtes l’établiront dans une dizaine de jours, suite à une instruction donnée par le ministre de la Sécurité au Directeur général de la Police nationale. Ce dernier devra, à cet effet, mobiliser, de concert avec la justice, des experts pour faire ce travail qui est un préalable à une éventuelle indemnisation de potentielles victimes couvertes par une police d’assurance. Mais combien sont celles-ci dans un monde où l’on fait davantage confiance à la thésaurisation traditionnelle, qu’aux banques et jamais aux compagnies d’assurance pour une quelconque police.

Des milliards partis en fumée

C’est une telle situation qui en rajoute à l’ampleur du drame. Ainsi, d’après certains témoins, dans la nuit du sinistre, certaines femmes et même des hommes ne cessaient de pleurer en se tordant sous le coup du malheur qui venait de les frapper. Une dame que nous avons  rencontrée sur les lieux, lors du passage du Premier ministre, ne cessait de raconter son calvaire : en effet, elle venait de perdre dans l’incendie des chaussures et autres objets importés des USA qu’elle évalue à près du milliard FCFA. Cela au moment où d’autres commerçants, devenus aphones sous le poids de la douleur qui les ronge, prenaient leur tête entre les deux mains, le regard dans le vide, les yeux rivés sur leurs marchandises qui continuaient encore de brûler. Lors de la rencontre consacrée à ce cercle vicieux des incendies de marché, qu’il a personnellement présidée à la Primature le vendredi avant la prière, Oumar Tatam Ly a instruit aux départements ministériels concernés, notamment le ministère du Commerce qui assure la tutelle de la commission nationale de lutte contre les incendies dans les marchés, de peaufiner son plan d’action en priorisant les activités pour une mise en œuvre rapide de ses recommandations.

Gestion des marchés mal assurée

Rappelons que par la loi N°007 du 07 février 2012 portant Code des Collectivités Territoriales, la tutelle et la gestion des marchés sont assurées par le ministère chargé de l’Administration Territoriale, à travers les collectivités territoriales, notamment les communes. Comme on vient de le constater de manière amère, cette gestion est mal assurée, aux dires mêmes du Premier ministre Oumar Tatam Ly, après la visite des lieux.

Le ministre du commerce, Abdel Karim Konaté, qui a tenu le même jour à éclairer la lanterne des journalistes au cours d’un point de presse dans son département, est catégorique : «  L’Etat n’a pas failli, car ce sont les collectivités qui gèrent les marchés qui prennent les taxes notamment auprès des propriétaires de kiosques et magasins qui obstruent les voies d’accès au Marché Rose « .

Quant au Premier ministre, après avoir brièvement échangé avec des vendeuses du Marché Rose lors de son passage, il a promis de faire jouer la solidarité nationale en faveur des victimes des marchés qui ont été victimes cette année d’incendies ravageurs. Mais surtout de faire actionner, dans les meilleurs délais, le plan d’action national de lutte contre les incendies en vue d’enrayer la série noire. Une réunion de cette commission est prévue aujourd’hui même au département en charge du commerce.

 

Mamadou FOFANA

Source: L’Indépendant

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