Alors que les organisations internationales de défense de droits de l’homme réclament à cor et à cri l’ouverture d’une enquête sur les actes de tortures et de disparition forcée de certains bérets rouges contre des éléments de la junte, le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, vient d’élever au grade de général de brigade à titre exceptionnel le leader des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, lors du conseil des ministres du mercredi dernier. Une promotion exceptionnelle qui a logiquement provoqué un grand tollé chez les sentinelles des droits de l’homme.
Ça y est ! L’auteur de la mutinerie ayant abouti à la démission du président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo a été officiellement élevé au grade de général des armes. Le décret portant cette nomination a été validé par le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, lors du conseil des ministres le 14 août 2013.
Cette décision du président a été très mal prise par les organisations de défense des droits de l’homme. Pour nombreux observateurs, il cache une réalité bien triste : celle de la culture de l’impunité. Le directeur de « Human Rights Watch » est sorti de son silence pour dénoncer cet état de fait. « Au lieu de faire face au devoir de vérité à l’égard des victimes de torture et des familles des disparus, de faire en sorte que ces crimes fassent l’objet d’une enquête et que les responsables putschistes soient amenés à répondre de leurs actes, les autorités maliennes contribuent à promouvoir la culture de l’impunité », s’est indigné le directeur de «Human Rights Watch », Jeamari Fardo.
Un galon de la honte !
Pour lui, « c’est une déception pour le peuple malien qui aspire à une justice transparente et indépendante ». « Le capitaine mérite d’être traduit à la justice au lieu d’une promotion honteuse », a-t-il déclaré avant de souligner que « nous sommes extrêmement choqués par le fait que les autorités du Mali réagissent de cette façon ». Et le directeur de Human Rights Watch d’ajouter que « l’urgence pour l’heure est l’ouverture d’une enquête indépendante sur les délits contre la liberté des Maliens ».
Il a toutefois affirmé qu’il espère que le tout nouveau président va mettre un terme à cette culture d’impunité qui a provoqué l’effondrement de l’Etat. « Malgré cette protection des autorités, nous ferons en sorte qu’il réponde un jour de ses actes devant les juridictions compétentes », a espéré le directeur Jeamari Fardo.
Quant au coordinateur à la mobilisation d’Amnesty International Mali, Salif Fofana, il a fait savoir que « l’acte est purement politique ». Par conséquent, « l’Amnesty restera sur sa lancée qui est de faire la lumière sur toutes les exactions commises contre les libertés fondamentales des droits de l’homme ». « Nous avons un domaine d’intervention précis : tout ce qui touche la liberté humaine et rien ne nous empêchera d’accomplir cette mission », a assuré M. Fofana.
Nabila Ibrahima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau