RAPPORT
Des représentants du MNLA et HCUA au sein de l’Equipe Mixte de Vérification et d’Observation Article 09 de l’accord du 18 juin 2013 signé à Ouagadougou (BF).
OBJET : A/S des violations de l’accord et des Droits Humains, une fusillade ayant fait des blessés civils par les Forces Armées Malienne dans la ville de Kidal.
DESTINATAIRES : – La C.T.M.S.
– La MINUSMA.
-La Force Serval.
Le 28 novembre 2013, une mission gouvernementale malienne était attendue à Kidal. Tôt le matin, quelques femmes et jeunes garçons étaient regroupés sous l’arbre dénommé « arbre de la liberté », sis à l’extrémité Ouest de la piste d’atterrissage. Les Forces de la MINUSMA sont arrivées sur les lieux pour les disperser en les sensibilisant. Cette force a fini par leur intimer l’ordre de quitter les lieux faute de quoi, elle fera usage de la force. C’est ainsi les femmes et les jeunes ont commencé à quitter peu à peu les lieux.
Juste à ce moment une colonne de véhicules armés des FAMA est arrivée en trombe pour débarquer et commencer à jeter des pierres contre les enfants qui quittaient déjà les lieux. Cette action a incité ces enfants à revenir pour riposter par des jets de pierres eux aussi.
Illico, les FAMA ont ouvert aveuglement et sauvagement le feu sur les civils démunis de tout moyen de défense. Ils ont ainsi froidement et grièvement blessés par balles réelles, tirées presque à bout portant les nommés Aïchata Walet MOHAMEDINE, Ganna Walet ALHOUSSEÏNY, Alhassane Ag DANA et Ehya Ag OSAD ALHER. Instantanément toutes les positions des FAMA ont tiré simultanément des rafales de plusieurs types d’armes (PKM, PKT, 12,7, 14,5 et PM).
C’est ainsi que la Force Serval est intervenu pour faire replier les FAMA. Sur le chemin du retour à leur camp, les FAMA ont aveuglement ouvert le feu sur leur passage. C’est là qu’une quatrième personne a été blessée : Alhassane Ag Danna. La terreur ainsi semée n’a pas suffi aux FAMA car à leur arrivée au camp des coups de feu des armes lourdes ont été tirés à plusieurs reprises en direction de la ville singulièrement vers les positions des Mouvements qui n‘ont eu fort heureusement aucune réaction.
Toutefois, soit dit en passant, nous avons constaté la précipitation sans retenue affichée par les FAMA pour agresser la population, ainsi que la synchronisation des salves tirées par les FAMA : bout de la piste d’atterrissage, niveau de la banque érigée depuis un certain temps en redoute, fort de Kidal et poste de Tintahraste. A quoi ce gaspillage de cartouches peut-il faire penser sinon à un sabotage du processus de sortie de crise délibérément orchestré ? Et la meilleure pédagogie de sortie de crise est loin d’être la réduction de la population à l’impossibilité d’exprimer ses dépits et ses douleurs, sans compter que s’exprimer par des jets de cailloux est de très loin moins scandaleux que par des rafales de balles réelles.
Dans tous les cas les malades ont été vite transportés au CSRéf de Kidal où ils ont reçu les premiers soins avant leur évacuation.(source : bamada.net) Et au CSRéf la tension était telle qu’un militaire de la MINUSMA (Cdt Alex VASSE) a reçu un caillou lancé par une femme exacerbée par une présence massive de l’armée dans l’enceinte du CSREF. Un de ses hommes a voulu exercer des représailles sur des femmes meurtries ; mais ses collègues l’ont vite maîtrisé. Il faut rappeler que le commandant Alex conduisait la mission de la MINUSMA, témoin de la barbarie des FAMA sur les populations à Tassikt le 03 novembre 2013.
Le comportement des FAMA à Kidal, encore une fois, est des plus barbares comme il l’a toujours été dans l’AZAWAD.
C’est précisément ce comportement invariablement primaire qui a rendu les populations de l’AZAWAD viscéralement allergiques à toute présence militaire malienne à leurs côtés. L’AZAWAD, malgré les innombrables tribulations qu’il a endurées, est servi par une bonne mémoire. Qu’on en juge par les quelques détails qui suivent.
En 1990 des jeunes gens, arrêtés par les autorités maliennes, ont été remis à la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Kidal. Certains sont morts des suites des tortures barbares imaginées et infligées par l’adjudant chef Commandant alors la Brigade. Les autres ont été livrés au camp militaire de Kidal (actuel camp 1) qui les a simplement fusillés.
Le Commandant de Brigade en question, simple Adjudant Chef a été muté au sud du Mali. Comme tous les hommes en uniforme qui se sont illustrés dans les massacres arabo-touaregs de l’Azawad, il a bénéficié d’une ascension spectaculaire dans les grades. En effet, un peu plus de dix (10) ans après, il était Capitaine et a été réaffecté à Kidal comme Commandant de Groupement de gendarmerie. Quel toupet !
Peu de temps après son arrivée à Kidal, les frères de certaines de ses victimes de 1990 ayant su que c’était lui, ont balancé dans son domicile deux (02) grenades qui on surtout endommagé sa voiture.
C’est à ce moment que les autorités maliennes ont pris conscience du caractère incongru de cette manière de se moquer des populations.
En juillet 2013, en application de l’accord de Ouagadougou, les FAMA refont leur apparition à Kidal, avec le même comportement barbare que depuis cinquante (50) ans dans l’Azawad. Le contingent basé au camp 1 de Kidal était sous le commandement d’un officier qui a brillé par son manque d’autorité sur ses troupes qui se sont livrées à toutes sortes d’exactions sur les populations, dans une liberté totale qui ne peut rappeler que le pire des vandalismes.
Après moult protestations de notre part, le Colonel Mamari CAMARA est affecté à Bamako. Ce fut un début de grand espoir pour toute la Région de Kidal. Mais voilà que le Colonel Mamari CAMARA revient à Kidal, probablement avec des prérogatives plus importantes pour récompenser le mépris affiché par les violences exercées sur les populations lors de son dernier séjour. Dans quel dessein a été décidée cette affectation, si ce n’est pour rendre un hymne scandaleux à la carence ? Si ce n’est encore pour lâcher la bride au déchaînement de l’inadmissible, comme ce fut le cas ce jour du 28 novembre 2013 ?
Si tant est que nous recherchons une solution sincère et efficace au conflit Azawad/mali, il faut que le comportement de l’armée malienne cesse d’ignorer que l’Azawad est habité, non pas par des fauve, mais par des humains ayant les mêmes droits que les humains de notre planète.
Les humiliations, les assassinats, les exactions, les arrestations et les emprisonnements arbitraires par l’Etat malien n’ont que trop duré de 1963 à ce jour. La communauté internationale ne doit pas tolérer que cet état de fait soit le lot eternel des populations de l’Azawad.
Depuis la signature de l’Accord de Ouagadougou que l’Etat malien a jusqu’ici obstinément foulé au pied au vue et su de tout le monde, les FAMA n’ont cessé de multiplier provocations, arrogance et barbarie et ont mis à rude épreuve la patience des populations de l’Azawad ainsi que des Mouvements signataires de l’Accord.
Nous rappelons au médiateur, au médiateur associé, à la France, à l’ONU et au mali lui-même que toute patience a des limites.
Aussi, nous demandons instamment aux médiateurs, à l’ONU, à Serval de mettre immédiatement un terme à toutes ces complaisances porteuses des plus grands risques de compromettre le processus de sortie de crise à peine amorcé avec mille et une difficultés de part et d’autres. Il faut que le ou les auteurs de ces forfaits, ainsi que ceux de forfaits du 03 novembre 2013 à Tassik soient jugés car ils sont connus. Il faut que l’impunité cesse d’être le refuge des criminels.
Nous attirons la bienveillante attention de toute la Communauté Internationale sur cette nécessité, avec l’espoir qu’elle y pèsera de tout son poids dans le seul intérêt de la restauration d’une paix durable et globale pour tous.
POUR LE MNLA POUR LE HCUA
AHABY AG AHMEÏDA ALBACHER AG GATTA