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APRES LE LIMOGEAGE DE TIEMAN H. COULIBALY : A qui le tour ?

Le limogeage de l’ex-ministre de la Défense et des Anciens combattants a entraîné des décisions qui risquent d’affecter dangereusement la gestion de certains dossiers houleux.

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Annoncée le week-end dernier, la nouvelle de remerciement de l’ex-ministre de la Défense et des Anciens combattants n’a pas surpris grand monde.

Beaucoup d’observateurs étaient convaincus que Tiéman Hubert Coulibaly allait quitter le navire gouvernemental même s’ils s’attendaient plus à une« démission » qu’à un limogeage, juste comme le régime actuel a l’habitude de camoufler ses départs de ministres. Mais, le départ du président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) de l’attelage gouvernemental a été quelque peu précipité par la prise temporaire de la ville de Boni dans la région de Mopti par les djihadistes. Quelqu’un devait payer pour cette énième humiliation du Mali et le premier responsable du département de la Défense était la personnalité la mieux indiquée pour cela.

La page de Tiéman dans ce département stratégique pendant cette période charnière dans l’histoire de notre pays se referme. Cependant, l’éviction de l’animal politique a occasionné des changements, qui, indubitablement, auront des effets sur la conduite de certains dossiers stratégiques de la nation. Il reste à savoir comment les plus hautes autorités piloteront les choses à leur niveau.

Le président de la République devra particulièrement se montrer à son avantage, lui qui croit toujours « avoir la main heureuse » en prenant certaines décisions alors que ses options se sont jusqu’ici révélées infructueuses.

Le limogeage de Tiéman Coulibaly renforce le sentiment d’instabilité gouvernementale chez les citoyens. Ibrahim Boubacar Keita vient de boucler ses trois premières années à la tête du Mali. Pendant son séjour à Koulouba, IBK a collaboré avec trois Premiers ministres et procédé à plusieurs remaniements ministériels.

Le très stratégique ministère de la Défense et des Anciens combattants a, à lui seul, connu trois patrons pendant les trois dernières années: Soumeylou Boubèye Maïga, colonel-major à  la retraite Bah Ndaw, Tiéman Hubert Coulibaly et maintenant Abdoulaye Idrissa Maïga. Ce qui représente un nombre très élevé de titulaires en si peu de temps dans un département-clé qui a notamment pour objectifs la restauration de l’intégrité du territoire, la réforme de l’armée et la chasse aux djihadistes. Tous les ministres cités sont venus aux affaires avec leurs propres plans et leurs hommes. L’armée a elle été au centre de beaucoup de scandales, de transmutations… Il est évident que l’on ne pourra pas atteindre les résultats escomptés dans de telles conditions.

Bombe latente?

IBK doit revoir sa copie. Le chef de l’Etat devra d’abord déterminer les critères de nomination des ministres dans certains départements avant de donner suffisamment de temps aux promus pour faire leurs preuves. Pour ramener le Nord dans le giron de l’Etat et bouter les terroristes hors de nos frontières, notre pays ne peut plus se permettre le luxe de changer régulièrement de détenteurs de certains portefeuilles ministériels. L’Etat est certes une continuité, mais certaines personnalités incarnent plus ce prolongement du fait de leur vécu dans un département.

A défaut de nommer un de ses poulains du Rassemblement pour le Mali (RPM) premier ministre, IBK semble vouloir continuer sa politique de promotion des cadres de son parti. La nomination d’Abdoulaye Idrissa Maïga au ministère de la Défense s’inscrirait dans ce cadre. A travers la personne du secrétaire général adjoint du bureau politique national du parti présidentiel, c’est toute la famille des « Tisserands » qui se sent aux commandes de la grande muette. Cependant, la formation politique joue gros cette fois-ci. Le RPM, qui a la mauvaise réputation de transformation des ministères en un cabinet de placement de cadres, n’a pas droit à l’erreur. Ces genres de pratique ne s’accommodent pas avec la marche efficiente de l’armée. En tout état de cause, IBK a  à nouveau promis de suivre de près l’évolution de l’armée. Face à son ex-directeur de campagne désormais interlocuteur direct des militaires, le président tiendra-t-il cette fois-ci parole?

Le départ de Tiéman Coulibaly du gouvernement a également permis d’élargir les prérogatives de Mohamed Ag Erlaf. Celui-ci, qui s’occupait uniquement de la Décentralisation dans le gouvernement aura désormais en charge le super ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Son collège de l’Administration territoriale hérite quant à lui du département de la Défense et des anciens combattants. Un changement difficile à passer inaperçu en ce sens que le ministère de l’Administration territoriale gère un domaine sensible: les élections et toutes les mesures y afférentes. Sous la conduite d’Abdoulaye Idrissa Maïga, ce département a pris d’importantes décisions. On peut citer, entre autres, la convocation du collège électoral à effet d’élire les conseillers municipaux le 20 novembre prochain, le nouveau projet de loi électorale, le dialogue avec les partis politiques. Ces décisions sont au cœur de vives controverses non seulement au Sud du pays mais aussi dans des milieux rebelles au Nord. Abdoulaye Idrissa Maïga avait toutes les peines du monde pour convaincre ses interlocuteurs des motivations et de la pertinence de ces décisions du gouvernement. Jugeant ces mêmes actes du gouvernement inappropriés, l’opposition politique a décidé de monter sur ses grands chevaux.  Déjà décrié dans le processus de l’installation des autorités intérimaires où il n’arrive pas à sortir la tête de l’eau, l’on imagine mal Ag Erlaf insuffler une nouvelle dynamique à un ministère en charge de plusieurs dossiers houleux et dont la gestion requiert le sens de l’écoute, la patience, la traçabilité et la flexibilité.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA

 

Source: lesechos

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