Après avoir boudé la signature de l’accord de paix et de la réconciliation le 15 mai à Bamako, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) s’est, enfin, résolue à signer le document le 20 juin prochain. Cela, après la signature, le vendredi 5 juin à Alger, entre le gouvernement malien et la CMA, de deux documents proposés par la médiation. Le premier document, un relevé de conclusion des négociations autour de l’application de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, prend en compte les amendements de la CMA. Le second contient des arrangements sécuritaires au Nord du Mali, plus précisément à Ménaka. Il est prévu dans le second texte « le retrait de la localité de Ménaka, des éléments de la Plateforme et leur retour à leurs positions initiales… dans un délai ne dépassant pas les 72 heures suivant la signature du présent arrangement ».
Réunies depuis le 25 mai dans la capitale algérienne, sous l’égide de la médiation internationale élargie, les parties prenantes au processus de paix et de réconciliation au Mali ont signé, le vendredi passé, un « Arrangement sécuritaire pour une cessation des hostilités » et un relevé des conclusion des négociations autour de l’application de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali. Dans la foulée de la signature des deux documents, la Coordination des Mouvements de l’Azawad a annoncé qu’elle signera l’accord de paix le 20 juin prochain à Bamako. « Si tout va bien, nous signerons l’accord de paix le 20 juin à Bamako », a déclaré à la presse le chef de la délégation et représentant de la CMA, Bilal Ag Acherif en marge d’une réunion consacrée aux concertations autour de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali. Les documents ont été signés par le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, en tant que chef de file de la médiation, par le ministre malien des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, et par le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MUNISMA), Mongi Hamdi. Les deux documents ont, aussi, été signés par le représentant de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), Sidi Brahim ould Sidatt. Le gouvernement malien a indiqué, dans un communiqué, que « ces consultations n’ont pas touché au fond de l’accord puisqu’il ne s’agissait pas d’une réouverture des négociations. Il s’agissait, essentiellement, de clarifier, certaines dispositions devant permettre à la CMA de rejoindre le processus et de procéder à la signature de l’accord, après le paraphe ».
Pertinence des points soulevés par la CMA
Dans le premier document intitulé : « relevé des conclusions », il est indiqué que « les consultations se sont articulées autour de la mise en place des conditions du parachèvement du processus de signature de l’accord dans les plus brefs délais et la clarification de la méthodologie et des modalités de mise en œuvre, la réaffirmation par les parties au processus d’Alger de leurs engagements en faveur d’une cessation totale et définitive des hostilités, et l’examen des préparatifs engagés pour la mise sur pied du Comité de suivi de l’accord et pour la tenue dans les délais fixés par l’accord de la première réunion de ce comité ». Le document évoque la mise en place des conditions du parachèvement du processus de signature de l’accord la CMA a fait état d’un certain nombre de préoccupations liées à cette mise en œuvre de l’accord, ajoute le texte. La médiation a considéré que l’ensemble des points soulevés par la CMA étaient pertinents à l’objet de l’accord. A cet effet, ces points seront pris en compte par le Comité de suivi. Sachant que préalablement à leur signature de l’accord le 15 mai à Bamako, le gouvernement malien a également soumis à la médiation un certain nombre d’observations et de commentaires qui seront dûment pris en compte dans le processus de mise en œuvre de l’accord.
Question de l’Azawad et de la représentation
S’agissant de la problématique de l’Azawad, dont le traitement est pris en charge par l’article 5 de l’Accord qui souligne la nécessité d’un traitement politique et l’organisation d’un débat national approfondi sur ses causes profondes, la Médiation s’engage, dans le cadre de la mise en œuvre de cet article, à favoriser l’ouverture de discussions entre les Parties afin d’aboutir à une solution consensuelle satisfaisante. Pour ce qui est de la représentation des populations du Nord dans les institutions et grands services publics, corps et administrations de la République, la Médiation s’engage à ce que ces dispositions reçoivent une application satisfaisante effective et s’engage à faciliter dans les meilleurs mais des échanges entre les Parties sur la manière de donner un contenu concret à ces dispositions. Pour ce qui est des régions de Meneka et Taoudeni, objet de contentieux entre la CMA et Bamako, la médiation internationale rappelle que « l’accord prévoit que les institutions de l’Etat malien prendront les dispositions requises pour l’élaboration et l’adoption des mesures réglementaires et législatives portant création de circonscriptions administratives au Mali nécessaires à rendre effective les décisions relatives à la création de ces régions ». En ce qui concerne la question du retour des réfugiés, la médiation considère que conformément aux dispositions pertinentes de l’accord en son article 48, demeure une des grandes priorités de la période intermédiaire sachant que cette question constitue un élément qui permettra les conditions favorables à l’organisation des élections.
Madiassa Kaba Diakité
source : Le Républicain