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Application stricte de L’APG: pourquoi le ministre Thiam devrait partir

Après la rupture consommée avec l’Alliance démocratique pour la paix–Maliba (ADP-Maliba), suite à des démêlés politico-judiciaires, le ministre Amadou THIAM a porté hier sur les fonts baptismaux les Forces Démocratiques pour la Prospérité-Mali Kura (FDP-Mali Kura), un Parti politique dont il assure la présidence. De quoi relancer de plus belle la polémique quant aux violations répétées de l’Accord politique de gouvernance, en ce qui le concerne, devant le pousser hors du Gouvernement.

En décidant de créer sa propre formation politique, le ministre chargé des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile, Amadou THIAM, ne sort pas des sentiers battus ; bien au contraire, il s’inscrit dans une vieille tradition politique bien de chez nous. Il n’aura alors fait qu’emboîter le pas à ses illustres devanciers, dont un ‘’ministre citoyen’’, en renonçant à son mandat parlementaire pour un strapontin dans le Gouvernement. Son choix peut être diversement interprété du point de vue de la morale et de l’éthique politique. Mais, qu’on ne perde pas de vue que c’est celui qui est sans péché qui doit lui jeter la première pierre sur ce point précis.

Par contre, il est clair que le ministre THIAM, ancien Président de l’ADP-Maliba, est en délicatesse avec les termes de l’Accord politique de gouvernance (APG).

D’abord, par rapport à la qualité avec laquelle il a signé l’APG. L’article 1er dudit Accord stipule : ‘’le Premier ministre choisira, sur proposition de leurs partis, regroupements politiques, associations ou mouvements des personnalités qui formeront le prochain Gouvernement sous sa direction’’. Théoriquement Amadou THIAM a signé l’APG en tant que Président de l’ADP-Maliba, parce que ne sont contractants que les personnalités issues de ‘’regroupements politiques, associations ou mouvements. Mais problème : l’ADP-Maliba ne se reconnaît pas en celui qui est censé avoir été nommé membre du Gouvernement de large ouverture sur sa proposition. Et s’il n’est pas le représentant de l’ADP-Maliba, alors se pose la question de sa légitimité au sein du Gouvernement. Cela représenterait la première violation de l’Accord politique de gouvernance et devrait conduire à son éviction du Gouvernement. Ainsi, dès lors que l’ADP a dit ne pas se reconnaître en Amadou THIAM comme son représentant au sein du Gouvernement, il aurait dû être remercié et remplacé par une autre personnalité proposée par le Parti en question.

Ensuite, le ministre THIAM est rattrapé par l’article 4 de l’APG. Mais pas par rapport au premier paragraphe qui stipule : ‘’un ministre qui démissionne de son parti, de son regroupement politique ou de l’entité qui l’a proposé, perd automatiquement son portefeuille. Il sera pourvu à son remplacement suivant la même procédure qui a abouti à sa nomination’’. Les péripéties qui ont conduit au clash avec l’ADP-Maliba attestent que le Président THIAM n’a pas démissionné ; mais qu’il a été chassé de son parti contre lequel il a perdu un procès.

Par contre, il y a une autre disposition du même article 4 de l’Accord de politique de gouvernance qui milite en faveur de son départ du Gouvernement : ‘’un Parti, un regroupement politique ou toute autre entité représentée au sein du Gouvernement ne peut obliger son préposé à démissionner ou le remplacer selon son bon vouloir. Si le préposé venait à violer les textes et règlements de son parti ou de son regroupement politique ou associatif et que la sanction encourue est l’exclusion, il sera pourvu à son remplacement suivant la même procédure qui a conduit à sa nomination’’. Dans ce cas de figure, tous les ingrédients sont réunis. Étant exclu du Parti, après avoir perdu son procès contre lui, le constat est d’évidence qu’il ne le représente plus (s’il l’avait déjà représenté d’ailleurs). Il doit par conséquent être remplacé au Gouvernement suivant la procédure prévue par l’article 1er de l’Accord politique de gouvernance : ‘’le Premier ministre choisira, sur proposition de leurs partis, regroupements politiques, associations ou mouvements des personnalités qui formeront le prochain Gouvernement sous sa direction’’.

On se rappelle que des voix s’étaient élevées pour réclamer le départ du ministre THIAM du Gouvernement en raison de la violation d’une disposition de l’article 4 de l’APG. Mais la question d’une extrême sensibilité a été soigneusement éludée par ceux-là mêmes qui auraient dû la trancher. Avec la création de son Parti, les Forces Démocratiques pour la Prospérité-Mali Kura (FDP-Mali Kura), le débat occulté revient avec fracas au-devant de l’actualité. Et cette fois-ci, il va falloir sortir du bois et assumer ses responsabilités. À moins que le ministre THIAM ne s’assume et jette l’éponge. Ce qui devrait considérablement faciliter la tâche à ses employeurs ; mais la culture de la démocratie n’est pas la denrée la mieux partagée sous nos cieux.

In fine, le ministre THIAM n’est pas en faute par rapport à la création d’un parti politique en tant que tel, mais par rapport à des violations répétées de l’Accord politique de gouvernance.

PAR BERTIN DAKOUO

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