Chers confrères,
C’est peu de dire que notre
pays a basculé depuis le week-end dernier dans la crise; une crise que chacun pensait et espérait derrière nous. Mes fonctions actuelles de Conseiller à la Communication du président de la République ne me font pas perdre de vue que je suis journaliste, que je fais partie de la grande famille des medias, que je suis des vôtres, j’allais dire des nôtres.
En mars derniers, à Ségou, lors de nos traditionnelles rencontres annuelles avec le secteur bancaire, j’avais attiré l’attention sur la fragilité du contexte sécuritaire que nous vivons et conjuré chacun de se départir du sensationnalisme, de l’alarmisme et du défaitisme dans le traitement de l’information. Parce que, professionnels des médias, notre devoir était de rassurer, d’apaiser, d’inciter et de susciter la confiance et l’espoir. Mais pas de divertir, d’invectiver, de provoquer, de diviser, surtout pas de mettre le feu aux poudres. Parce que la crise n’est pas loin derrière nous. Et le Mali compte sur l’engagement patriotique de sa presse.
Je n’étais, ne suis et ne serais point des donneurs de leçons. Mais chacun connait son engagement clair et net en faveur du Mali. Et c’est pour ce Mali, encore une fois, aujourd’hui agressé à travers une conspiration narcoterroriste de grande échelle sous la bannière du Mnla que j’en appelle à Ma famille. Que je sollicite Ma famille, celle de la presse malienne.
Chers confrères,
Depuis l’agression lâche dont notre pays a fait l’objet le samedi dernier lors de la visite du Chef du gouvernement à Kidal par le groupe armé MNLA en complicité avec les mouvements djihadistes, le président de la République a reçu en audience au moins deux fois, les représentants de la Communauté internationale.
Malgré la colère et l’incompréhension suscitées par les évènements du weekend dernier, et la situation depuis mercredi préoccupante sur le terrain, les plus hautes autorités du pays, notamment le président IBK, ont réitéré aux représentants de la Communauté internationale (La France, les USA, l’ONU, l’UA et la CEDEAO) la volonté inébranlable du gouvernement et du peuple malien à œuvrer pour la paix dans le cadre d’un dialogue inclusif.
Dans son message à la Nation, lundi dernier, suite à ces mêmes évènements, le président de la République avait appelé, chaque malien, à la lucidité et à la clairvoyance, à ne pas faire d’amalgame ni se tromper d’analyse. Parce que Maliens, nous sommes des hommes d’honneur qui tiennent au respect de leurs engagements, en particulier ceux souscrits auprès de la Communauté internationale.
Chers confrères,
C’est pourquoi il a réitéré la détermination du Mali à aller au dialogue, « convaincus que nous sommes, avait-il dit, que le salut passe impérativement par là ». C’est aussi pourquoi, à l’appel de plusieurs de ses pairs et du secrétaire général des Nations unis, il a instruit hier un cessez-le-feu.
Les tragiques événements de Kidal, avec leurs développements dans quelques autres localités du Nord, qui nous endeuillent, fortement relayés par la désinformation haineuse du MNLA et de la jonction terroriste qui l’accompagne, hélas encore, ne doivent entamer notre foi en l’avenir de notre Nation ni notre volonté de préserver et de léguer aux futures générations UN MALI UN ET INDIVISIBLE.
Chers confrères,
Ce challenge exige de chacun de nous, professionnels maliens des médias, un sens aigu de la retenu et une froide lucidité dans l’épreuve que traverse notre Nation. Il nous incombe, dans cette circonstance historique, une responsabilité plus grande, un sens plus prononcé de la mesure et du discernement dans le traitement de l’information.
L’émotion est aujourd’hui très vive au sein de notre peuple. De plus en plus les forces internationales qui nous accompagnent (Serval, Minusma, forces africaines) sont accusées, indexées, invectivées. Dois je vous faire l’injure de vous rappeler que nous ne devons en aucun cas, nous professionnels des médias maliens, et singulièrement dans cette épreuve, nous tromper d’adversaires et d’alliés.
La France, les USA, l’Union Européenne, les Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO, l’opération Serval, les forces internationales de la Minusma… sont, hier et aujourd’hui encore, nos alliés. Ils ont beaucoup aidé le Mali dans la reconquête des trois régions Nord, abattu un travail formidable depuis. Certes, il reste, personne ne peut le nier, encore beaucoup de choses à faire notamment dans la région de Kidal.
Chers confrères,
Les professionnels des médias que nous sommes ne peuvent oublier que nous avons une armée en reconstruction qui a besoin de presque tout et que notre pays n’a pas à lui seul tous les moyens militaires, logistiques et de renseignements pour gagner la guerre contre le MNLA et ses alliés terroristes. Donc nous avons besoin d’elles, des forces Serval et de la Minusma : lorsqu’elles mourraient hier pour nous ; et beaucoup plus aujourd’hui pour achever ensemble ce qui a été entamé en janvier 2013 par l’Opération Serval.
Elles ne sont pas nos ennemies, les forces Serval et de la Minusma ; elles sont nos alliées, des alliées qui ont besoin du renforcement de leur mandat pour combattre et de notre accompagnement pour vaincre nos ennemis communs.
C’est pourquoi, en confrère qui a écumé avec vous les rédaction et le terrain, je voudrais attirer votre attention sur l’impérieuse nécessité, dans les circonstances présentes, de les préserver, de les accompagner dans leurs missions combien délicates auprès de notre pays.
Bamako, le 22 mai 2014
Sambi Touré, Journaliste
Ancien Président de l’ASSEP (Association des Editeurs de la Presse Privée)
Ancien Président du GROURE (Groupement Patronal de la Presse écrite)
Ancien Président de l’ODEP (Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse)
Ancien Directeur de publication du Quotidien Info-Matin