Dix partis politiques, regroupements de partis et associations politiques accusent le gouvernement de transition d’entretenir une « zone grise » institutionnelle et appellent à un calendrier électoral clair et contraignant. Ils réitèrent leur détermination à utiliser tous les moyens légaux pour obtenir le retour à l’ordre constitutionnel.
Ces dix formations, à savoir : M5-RFP Mali Kuru, Adéma-PASJ, Yelema, Parena, Adéma Association, Alternative pour le Mali, PS Yelekura, ADRP, Maliko Yerèko, VNDA et CNDR, sont sorties de leur mutisme pour exhorter les autorités de la transition malienne à rétablir rapidement l’ordre constitutionnel normal.
« Les parties signataires ont suivi le discours à la nation du chef de l’Etat le 31 décembre 2024. Elles notent avec un grand étonnement l’absence, dans ce discours, de toute référence à l’organisation des élections et, singulièrement, à celle devant mettre fin à la période transitoire dans laquelle notre pays vit depuis bientôt cinq ans, soit autant qu’un mandat électoral », affirment-elles dans une déclaration commune publiée le 22 janvier dernier.
Pour elles, le Mali ne peut pas continuer à être un pays en transition permanente. « Nos concitoyens souffrent d’une crise multiforme, et seul un retour à un pouvoir civil légitime permettra de rétablir la confiance et de renforcer les institutions », a déclaré un membre d’un parti politique, joint par téléphone.
Dans leur déclaration, les partis rappellent que « la date du retour à l’ordre constitutionnel avait été unilatéralement fixée par les autorités après un premier report en 2022. Ces mêmes autorités, en septembre 2023, ont procédé à un nouveau report, qualifié de léger, sans toutefois fixer une nouvelle échéance ». Aujourd’hui, près de 15 mois après cette décision qui marquait la fin prévue de la transition (mars 2024), le peuple malien, selon eux, reste « toujours maintenu dans une incertitude délibérée ».
Organiser les élections dans les meilleurs délais
Bien qu’ayant salué l’inscription au budget de l’État des ressources destinées à couvrir les élections de 2025, les signataires demeurent préoccupés par l’incertitude persistante. Ils regrettent également les réformes engagées de manière unilatérale, sans concertation ni chronogramme clair.
Face à l’absence de perspectives et aux incertitudes pesant sur l’avenir du pays, les signataires engagent les autorités à : Organiser dans les meilleurs délais un cadre de concertation entre le gouvernement et la classe politique pour débattre du retour à l’ordre constitutionnel et convenir d’une architecture inclusive et consensuelle ;
Fixer un chronogramme détaillé et précis pour les élections, à définir avant la fin du premier trimestre 2025 ; conduire de manière diligente et inclusive l’ensemble des tâches nécessaires au processus de retour à l’ordre normal.
Les partis demandent également aux autorités de garantir le respect des libertés démocratiques et de l’Etat de droit, notamment par : La libération des prisonniers d’opinion, Le retour des exilés politiques, La fin des arrestations arbitraires et des disparitions forcées.
Un message d’alerte face aux crises
Les signataires réitèrent leur détermination à utiliser tous les moyens légaux pour obtenir le retour à l’ordre constitutionnel, sans lequel le Mali ne pourra espérer sortir des crises multidimensionnelles qui l’assaillent.
« Chaque jour qui passe sans gouvernement élu aggrave l’instabilité, et les Maliens perdent espoir », martèle un responsable de parti.
De leur côté, les autorités de transition restent silencieuses. Le gouvernement affirme travailler sur des réformes institutionnelles profondes avant les prochaines élections, justifiant les délais par la nécessité de garantir des bases solides pour une stabilité à long terme. Toutefois, cette position ne satisfait pas l’opposition politique, qui exige un dialogue national ouvert et une meilleure transparence dans les préparatifs électoraux.
La question reste : les autorités de transition répondront-elles aux appels pressants des forces politiques ?
Hamidou B. Touré