Dans une interview accordée à la presse américaine, le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a fait savoir que Washington privilégie une solution négociée par la voie diplomatique et non une solution militaire.
Jusque-là la Maison Blanche, le Pentagone et le département d’Etat suivent de près l’évolution de la situation au Niger et commentent peu contrairement à la France.
Depuis le putsch militaire au Niger le 26 juillet, la France et les Etats-Unis ne partagent pas la même position quant à la marche à suivre, c’est-à-dire la perspective d’une intervention militaire de la Cédéao en cours et soutenue par la France pour le retour de Mohamed Bazoum au pouvoir.
La France veut défendre à tout prix ses intérêts sécuritaires et économiques au Niger et dans le Sahel, d’où sa fermeté pour une intervention militaire. Côté Washington, les Etats-Unis se sont montrés plus pragmatiques avec une solution pacifique d’où l’envoi la semaine dernière à Niamey de Victoria Nuland, le numéro trois de la diplomatie américaine pour nouer le dialogue avec les militaires.
Mais la visite de Mme Nuland a exaspéré la France. Elle n’apprécierait pas du tout que Washington soit ouvert à des négociations avec les nouvelles autorités nigériennes. L’Elysée qui espérait avoir le soutien de la Maison Blanche et celui du Pentagone en cas d’intervention voit ses chances s’amenuisant.
Dans une interview dans la presse américaine, le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken a fait savoir que les Etats-Unis privilégient une solution négociée pour un retour à l’ordre constitutionnel au Niger.
“Il n’y a pas de solution militaire acceptable. Nous restons concentrés sur la voie diplomatique pour obtenir les résultats que nous voulons, à savoir le retour à l’ordre constitutionnel, et je crois qu’il continue d’exister une marge pour obtenir ce résultat par la diplomatie”, a-t-il affirmé à la presse.
Les Etats-Unis qui ont 1100 soldats américains et une base importante de stationnement des drones Reaper, qui renseignent et participent à la lutte contre le narcoterrorisme au Niger, ne veulent pas quitter le Niger haut la main comme les Français au Mali et au Burkina Faso surtout dans un contexte d’influence où la Russie est en train de grignoter du terrain dans les pays sahéliens.
La dernière fois que la Maison Blanche s’est laissé embarquer dans un projet français, c’était en Libye en 2011 pour déloger Kadhafi. Pour bon nombre d’analystes et commentateurs, il ne faut pas s’attendre que Washington affiche une parfaite solidarité avec la France pour une intervention militaire au Niger.
Concrètement, les Etats-Unis comptent rester au Niger. Pour Washington quitter le Niger dans l’imaginaire diplomatique américaine, ce serait reculer devant les Russes et les Chinois, analysent-ils.
Ousmane Mahamane
Mali Tribune