Le manque à gagner pour la filière privée du pélérinage est évalué à plus d’un milliard de Fcfa
«Quelle que soit la nature ou l’ampleur des difficultés que le musulman rencontre, on lui conseille d’implorer Allah, le Clément et Miséricordieux et son prophète Mohamed (PSL). On souhaiterait le faire sur les lieux saints de l’islam. Mais si, on nous prive de cette possibilité que fait-on alors ?».Cette interrogation d’un candidat au pèlerinage dont le désir d’accomplir le Hadj a été contrarié encore une fois par une décision d’annulation de cet acte de dévotion pour les pèlerins étrangers (non résidents), et cela pour la deuxième année consécutive, par les autorités saoudiennes, en dit long sur l’état de frustration de ce fidèle musulman. Il exprime ce sentiment à qui veut l’entendre et estime même que c’est une dénégation de foi.Il finit par contenir sa colère et s’inscrire dans l’acceptation de la volonté divine.
La décision des autorités saoudiennes de n’accepter aucun pèlerin venant d’ailleurs pour la campagne 2021 sur les lieux saints de l’Islam pour cause de Covid-19 a fait coulé beaucoup d’encre et de salive. Nos compatriotes, y compris les candidats au hadj, n’ont guère apprécier cette inattendue décision qu’ils ont largement commentée sur les réseaux sociaux.
Mais au-delà des pèlerins, ce sont les agences de voyages qui sont les plus affectées par cette décision sur toute la chaîne de la campagne de pèlerinage : aéroports, banques, transporteurs aériens et terrestres, hôteliers, restaurateurs, entre autres. Le manque à gagner est considérable. Ces agences qui vivent des jours difficiles espèrent qu’une solution soit rapidement trouvée pour qu’elles se remettent à flot.
Mais pour l’instant, les choses sont un peu compliquées pour ces structures qui pensent entrevoir un peu d’espoir avec la fin des restrictions sur les voyages à l’échelle globale. La pandémie recule avec la vaccination. Et pourtant le pays des deux saintes mosquées a encore imposé une restriction au pèlerinage pour les étrangers.
UNE PREMIÈRE ALERTE-Mme Cissé Fatim Kouyaté, présidente de l’Association malienne des agences de voyage et de tourisme (AMAVT), juge la décision très surprenante. «Nous avons créé un cadre de concertation pour une collaboration efficiente et des échanges fructueux entre l’administration du Hadj et la filière privée. Cette année, après l’annulation du pèlerinage pour les étrangers, la certitude nous avait été donnée sur l’effectivité du cinquième pilier de l’islam. Les agences ont même été invitées à faire vacciner leurs candidats au pèlerinage», explique celle qui reste consciente de la fragile santé économique des agences de voyage.
Selon Mme Cissé, la tenue périodique des réunions au sein d’un cadre de concertation permettait de donner des informations en temps réel sur l’actualité du pèlerinage, notamment sur ses aspects organisationnels. Mais la décision d’annulation pour le moins surprenante fait grincer des dents du côté de l’Association des agences de voyage. Pour la présidente de cette organisation, rien ne présageait cette rupture.
La Omra ou petit pèlerinage qu’effectuait les fidèles pendant le mois de Ramadan, avait aussi été intelligemment annulée. Même si certains ont su profiter individuellement de leurs visas pour voyage d’affaires, cela n’a pas été facile du tout. Pour la voyagiste, la Omra est un produit touristique outgoing, qui permet de faire voyager hors du pays. Notre pays n’a même pas pu bénéficier du petit quota alloué à d’autres. Elle pense que cela constituait une première alerte.