Ils sont plusieurs centaines de nos compatriotes et d’autres nationalités installés ou en séjour en France à subir les conséquences de la suspension de la desserte de Bamako, d’abord par Air France et ensuite par l’annulation de l’autorisation d’exploitation de vols du programme « saison Eté 2023» d’Air France par l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali (Anac-Mali).
Le 8 août 2023, la compagnie Air France avait annoncé la suspension pour cinq jours (du 7 au 11 août 2023) de ses vols à destination de Bamako. Les raisons de cette suspension ont été données dans la correspondance adressée au directeur de l’Agence nationale de l’aviation civile. Selon le représentant d’Air France, « c’est pour des raisons liées à la géopolitique dans la région du Sahel et des contraintes de sécurité des clients de la compagnie et de ses équipages ». Cette décision de suspension des vols d’Air France a crée un sentiment de mécontentement de la part de plusieurs passagers de la compagnie parce que bloqués à l’aéroport Charles De Gaule. Mais, malheureusement pour eux, tout porte à croire qu’ils ne sont pas au bout de leurs peines.
A 24 heures de la reprise des vols d’Air France sur Bamako, soit le 10 août 2023, le directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali, le colonel Drissa Koné, dans une correspondance en date du 10 août 2023, a notifiée au Délégué d’Air France pour le Mali, une décision d’annulation de l’ autorisation d’exploitation de vols d’Air France du programme « saison Eté 2023 approuvé lors du Comité d’attribution des Créneaux Horaires (COHOR).
Dans sa correspondance, le directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali, a clairement indiqué qu’il accusait réception de la correspondance d’Air France l’informant de la suspension de la desserte de Bamako à compter du 07 août au 11 août 2023 inclus. « Evoquant des raisons liées à la géopolitique dans la région du Sahel et des contraintes de sécurité de vos clients et de vos équipages, vous aviez décidé d’annuler vos vols sans notification préalable aux Autorités maliennes tout en provoquant un désagrément aux passagers », a-t-il accusé.
Avant de rappeler que cela « constitue un manquement notoire vis-à-vis de l’Autorité de l’aviation civile conformément aux dispositions des autorisations d’exploitation de vols délivrées aux compagnies aériennes en début de chaque saison IATA qui indiquent clairement de notifier toute modification au moins soixante-douze (72) heures avant l’opération». Parc conséquent, il a informé Air France que ce manquement entraine l’annulation de son autorisation d’exploitation de vols du programme « saison Eté 2023 approuvé lors du comité d’attribution des créneaux horaires (COHOR). Pire, il a indiqué que: «votre créneau pourrait être accordé à une autre compagnie qui le solliciterait».
Suite à cette notification d’annulation, le directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali, a invitéé Air France à lui soumettre son programme, à nouveau, « avant la reprise des activités pour la desserte de Bamako, conformément aux dispositions de l’article 19 de l’Accord entre la République du Mali et la République française relatif au transport aérien, signé le 05 août 1961 à Paris ».
Donc, comme vous le constatez, pour le colonel Drissa Koné, cette décision est la conséquence de l’attitude d’Air France « d’annuler ses vols sans notification préalable aux autorités maliennes tout en provoquant un désagrément aux passagers ».
Mais, sauf que l’annonce de cette nouvelle d’annulation de l’autorisation d’exploitation des vols d’Air France du programme «saison été 2023», a provoqué une grande inquiétude chez des milliers de clients de la compagnie. A Paris, de nombreux passagers à destination du Mali, sont inquiets. Ils craignent d’être bloqués en France. Car bon nombre d’entre-eux, pour la plupart nos compatriotes, disent avoir déjà achetés leurs billets et s’apprêtaient à voyager à bord de Air France sur Bamako.
Très remontés, M. Diallo ne décolère pas. « Ma famille et moi, (6 personnes) avons déjà payés nos billets dans une agence d’Air France pour passer nos vacances au pays. Le voyage devrait avoir lieu le 15 août prochain. Voilà que nous apprenons que les autorités maliennes ont décidé de suspendre les vols d’Air France sur Bamako pour le reste de l’année ».
Parti pour son contrôle sanitaire, le sexagénaire, Mamadou Traoré fait partie de ceux censés voyagés à bord d’Air France du 22 août 2023. « J’ai déjà acheté un billet aller-retour Bamako-Paris-Bamako. Cette situation d’interdiction des vols d’Air France à destination de Bamako va jouer sur mon programme », a-t-il regreté. « J’ai reçu une place pour le 31 août pour un billet Bamako simple. Qu’est ce que je vais faire ? », s’est interrogé M.K, une jeune dame qui séjourne auprès de son mari à Paris.
La grande inquiétude des passagers est de savoir s’ils seront dédommagés, remboursés ou mis sur d’autres vols ? Pas si sûr. On se souvient que plusieurs de nos compatriotes ont fait les frais avec Aigle Azur.
En 2019, pendant que des passagers s’apprêtaient à monter à bord des avions d’Aigle Azur, la compagnie en redressement judiciaire annulait ses vols. La suite est connue. Les passagers en tout cas en séjour à Bamako n’ont ni été remboursés ni mis sur un autre vol, ils ont été laissés à eux-mêmes.
Vendredi 10 août 2023, au siège d’Air France à Bamako, un regroupement était visible.
Mohamed Keita
Source : Arc en Ciel