Notre pays commémore demain le 24è anniversaire de la Révolution de Mars 1991 qui a abouti à l’avènement de la démocratie multipartite. Ce combat a été mené de haute lutte par le Mouvement démocratique qui regroupait beaucoup d’acteurs au nombre desquels, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Quels ont été les acquis de Mars 1991 ? Quel rôle a joué l’UNTM dans le soulèvement populaire ? Que retenir du Mouvement démocratique 24 ans après ? C’est pour répondre à ces interrogations que la centrale syndicale a organisé hier une conférence-débat à la Bourse du travail. Issé Doucouré, ancien secrétaire général de l’UNTM, Aly Niane, Ahmed Sidibé et Issiaka Traoré, tous anciens responsables de la centrale syndicale étaient là pour discuter avec un public nombreux de la place de l’UNTM dans le combat démocratique.
La conférence a débuté par un rappel historique, les conférenciers ayant tenu à démontrer que l’engagement de la centrale syndicale dans le combat pour le bien-être de la population remonte à la période coloniale. L’ancêtre de l’UNTM, l’Union régionale syndicale du Soudan fondée en mars 1946, menait le combat contre la colonisation et pour l’émancipation des travailleurs du Soudan. Puis d’autres centrales ont repris le flambeau jusqu’à la création de l’Union nationale des travailleurs du Mali en juillet 1963, ont expliqué les conférenciers. Ils ont ensuite détaillé les efforts de la centrale syndicale sous la Ière République. Durant cette période marquée au plan politique par l’existence d’un parti unique de fait, les travailleurs n’ont jamais été éloignés de la gestion des affaires publiques.
Mais de leur point de vue, c’est après novembre 1968 que les syndicats ont connu leurs heures les plus difficiles. Même si pendant la colonisation, il y a eu des problèmes avec l’administration, marqués par des brimades et des mutations arbitraires, l’on n’avait jamais connu de dissolution de syndicats. Les militaires qui ont pris le pouvoir en novembre 1968 n’ont pas hésité à avoir recours à des dissolutions pour réduire les syndicalistes au silence. Cela après avoir procédé à des manœuvres de division, à des emprisonnements et à toutes sortes de brimades contre les syndicalistes. Pour autant, la lutte syndicale n’a jamais cessé et les syndicalistes s’illustreront dans la lutte contre la dictature du parti unique.
Le modérateur Issiaka Traoré a invité à s’interroger sur la portée du conseil central extraordinaire des 28 et 29 mais 1990. Une assise au cours de laquelle, l’UNTM, sur la base de l’évolution politique sur le continent, appelait à la fin du parti unique et à l’instauration du multipartisme. Pour lui, l’UNTM est indubitablement au cœur des évènements de Mars 1991. En début 1991, la centrale syndicale a défié le pouvoir en appelant à une grève de 48 heures pour les 8 et 9 janvier. A partir de mars, elle sera effectivement au cœur du mouvement avec notamment son appel à la grève générale et le fait que son siège, la Bourse de travail, soit devenu le point de ralliement de tous les acteurs du Mouvement démocratique.
Le 26 mars 1991, la Révolution a abouti à la chute du pouvoir et à l’instauration du multipartisme. Aujourd’hui, parmi les acquis, on peut citer le multipartisme intégral, la démocratisation en marche de la vie politique, la décentralisation, l’existence d’une presse libre, l’organisation régulière d’élections (présidentielle, législatives et communales). Toutefois, les conférenciers notent que ces acquis n’ont pas permis de mettre fin au fléau de la corruption.
Ils ont invité la direction actuelle de la centrale syndicale à se maintenir sur la voie tracée par les anciens, en poursuivant la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des Maliens ; à travailler dans l’union ; et à ne pas négliger la formation. Pour eux, c’est en privilégiant la formation que l’UNTM se montrera à la hauteur de ses responsabilités.
Concluant la conférence-débat, le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, a relevé qu’il s’agissait pour la centrale syndicale à travers cette conférence, d’expliquer, notamment à la jeune génération, le rôle joué par elle dans l’avènement de la démocratie. Il a promis de rester sur la voie tracée par les anciens et s’est engagé à consulter ceux-ci chaque fois que cela sera nécessaire.
A. LAM
source : L Essor