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ANALYSE : Le GUN est-il une bonne solution ?

L’idée d’un gouvernement d’union nationale (GUN), qui transcenderait les clivages majorité-opposition est un vieux rêve des politiciens maliens.

Ah le beau gouvernement où on ne retrouve que des personnalités prises pour leur étiquette et non pour leurs compétences ! Régulièrement, le mythe est réactivé, à coup de propositions surprenantes, de transfuges. A l’époque, c’était avec ATT.

C’est aujourd’hui Soumaïla Cissé qui caresse l’idée dans le sens du poil. Il est vrai que l’électeur de l’opposition est particulièrement sensible à cette belle utopie. Car cette idée, si séduisante sur le papier, est une idiotie dans la pratique. Sur un programme, on peut prendre des idées de partout, elles ne sont ni de la majorité ni de l’opposition.

Par contre, les personnes sont marquées politiquement, elles ont une culture, une origine, un parcours qui s’est fait dans un camp. Les combats communs, les valeurs partagées créent des liens qu’on ne peut pas ignorer. Les transfuges sont souvent mal vus des deux camps. On est mâle ou femelle et si les androgynes existent, ils sont rares.

En politique, c’est la même chose. Quand on constitue une équipe, c’est pour gouverner, pour mettre en place un programme, pour agir. Il faut donc que l’équipe soit cohérente, entre personnes qui se comprennent, qui partagent une culture politique commune. Composer un gouvernement d’union nationale, c’est constituer un attelage baroque, marier la carpe et le lapin. Pour l’efficacité, on peut repasser.

Cela est déjà arrivé au Mali, pendant le 2e mandat d’Amadou Toumani Touré. Cela arrive aussi à l’étranger. A chaque fois, les résultats sont mauvais, sur l’action concrète, le bilan de ces gouvernements étant souvent maigre, mais aussi sur l’évolution de la vie politique du pays.

Pour qu’un système politique fonctionne sainement, il faut une majorité et une opposition, avec chacune un rôle bien déterminé à jouer. La majorité gouverne, l’opposition surveille, guette les failles et les exploite, obligeant ainsi la majorité à rester vigilante et soudée.

Elle n’en fait que mieux son travail. Un gouvernement d’union nationale, c’est un grand producteur d’eau tiède. Une grande coalition de partis habituellement opposés et idéologiquement divergents ne peut se mettre d’accord que sur les plus petits dénominateurs communs, souvent après d’âpres négociations qui ne donnent finalement satisfaction à personne.

En cas d’échec ou de bilan mitigé, ce sont les deux camps qui se trouvent discrédités, ce qui fait le lit des putschistes et opportunistes en tout genre. La fin du second mandat d’Amadou Toumani Touré est éloquente sur les deux tableaux.

C’est pourquoi je pense qu’il faut tordre le cou à cette vieille assertion malienne « nous sommes tous frères » et cette erreur sur la nature humaine qui consiste à croire que les politiques peuvent faire abstraction de ce qu’ils sont, des militants.

A un gouvernement, je demande cohérence et efficacité, deux choses que ne peut fournir un gouvernement d’union nationale. Et vous, que pensez-vous d’un gouvernement d’union nationale ?

Séga Diarrah

Le Focus 

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