En Afrique, la dette publique ne cesse d’augmenter depuis le milieu des années 2010. D’après le Fonds monétaire international (FMI), cette dernière dépassait les 50 % du PIB dans pratiquement la moitié des pays africains à la fin de l’année 2016. Le coût de la dette devient un fardeau pour de nombreuses économies.
Face à une saturation des financements conventionnels, l’émission de sukuk par les Etats africains permet à ces derniers de mobiliser de nouvelles ressources pour faire face à leurs besoins gigantesques.
Pour les spécialistes, l’augmentation des émissions de sukuk souverains est aussi de nature à permettre aux Etats de favoriser le développement de la finance islamique. En effet, en augmentant leur recours, ils peuvent augmenter leur liquidité et avoir un impact sur toute l’industrie, ouvrant la voie prochaine à des émissions de sukuk « Corporate » émis par des sociétés et des banques.
Cependant, la contraction de dettes islamiques par l’Etat risque d’aggraver l’endettement déjà massif de certaines économies. Les pouvoirs publics doivent donc être prudents, car un endettement trop important risquerait de mettre à mal à la fois les économies mais aussi le développement de l’industrie financière islamique sur le continent.
Et cela même si les perspectives pour le marché financier islamique sont importantes. En effet, la bancarisation de la population africaine est encore faible. Ainsi, en 2014, 35 % des Africains avaient un compte en banque contre 61,5 % dans le monde, d’après les chiffres de la Banque mondiale (Global Findex Database 2014).
La micro-finance islamique peut notamment répondre aux besoins de financement des populations les plus exclues financièrement. L’Ethiopie et l’Ouganda ont par exemple fait le pari d’augmenter l’inclusion financière et sociétale de leurs populations grâce à ces établissements.
La finance islamique permet de toucher un public sensible à la culture et aux croyances religieuses. Certains individus s’excluent en effet volontairement du système financier pour des raisons religieuses. D’après l’Institut Pew Research Center, le nombre de musulmans sur le continent était d’environ 406 millions en 2010 et devrait atteindre 638 millions en 2030.
Il est toutefois important de noter que la religion n’est pas l’unique facteur de développement du secteur. La preuve en est que le Kenya et l’Afrique du Sud sont deux pays majoritairement chrétiens. Ils ne cachent pas pourtant leurs ambitions de faire de Johannesburg et Nairobi les centres financiers de leur région respective. Le marché financier islamique est donc un atout de plus pour atteindre leurs ambitions.
Les défis majeurs du développement de la finance islamique sont la règlementation et la fiscalité. Le continent africain, en adaptant sa règlementation à l’industrie financière islamique, peut néanmoins espérer attirer d’importants indispensables à la croissance économique, donc à la lutte contre la pauvreté.
Dossier réalisé par Moussa Bolly
Sources : BSI Economics
Le Focus