Avec un marché global estimé à quelque 4000 milliards de dollars, la finance islamique semble représenter une option sérieuse pour les pays de l’Afrique de l’Ouest qui peuvent la mettre à profit pour leur développement. L’engouement pour ce financement alternatif gagne de plus en plus les pays de la région qui mettent les bouchées doubles pour en déployer les mécanismes.
L’Afrique de l’Ouest veut sa part du gâteau de la finance islamique. La sous-région compte sur cette source de financement pour en faire un levier de croissance de son économie. A la 5e édition du Forum sur la finance islamique qui a lieu en mars 2018 à Dakar (Sénégal), près de 500 grandes entreprises de la zone étaient présentes. Un niveau élevé de participation qui a permis aux pays ouest-africains de travailler à renforcer leur positionnement sur ce marché.
Selon l’Institut africain de la finance islamique (AIIF), en 2018, l’Afrique de l’Ouest n’était qu’à 5 % dans la part de l’Afrique alors que le volume global des transactions de la finance islamique a évolué de 800 à 4000 milliards dollars. Le défi pour ces pays sera donc de trouver des voies et moyens pour pouvoir profiter de cette opportunité de financement pour leur développement.
« Avec l’essor des services financiers de proximité, la population à 65 % analphabète est très attachée à des valeurs culturelles et religieuses. On pense que le Sénégal pourrait arriver au taux de bancarisation universel en incitant les gens à se tourner vers la micro-finance islamique », avait confié à la « La Tribune Afrique », Ahmed Karim Cissé, président Afrique de l’Ouest de « Charia Finance », qui milite pour la vulgarisation de la micro-finance islamique.
Pour certains spécialistes, face à un déficit d’infrastructures sévère, avec les budgets des pays qui sont sous pression et en raison de la chute des prix des matières premières ainsi que l’évolution de la géopolitique des partenaires traditionnels de développement et d’investissement en Europe et en Amérique, les instruments financiers islamiques sont une alternative pour financer les projets de développement.
D’ailleurs les pays concernés sont conscients de l’enjeu. Ainsi, les problèmes structurels avec la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont la législation n’est pas conforme à la finance musulmane, n’ont pas empêché les pays de la zone de développer leur expertise dans le domaine.
C’est le cas du Nigeria et de la Côte d’Ivoire qui sont en avance dans ce processus ou même du Togo ou du Sénégal qui est considéré comme un pays pilote, l’un des rares à émettre des sukuk (emprunts obligataires conformes à la charia). C’est aussi le cas du Mali, du Niger, de la Guinée ou du Bénin où des banques islamiques se sont installées ou y ont installé des guichets et prospèrent en menant leurs activités en toute légalité.
Certains promoteurs de la finance islamique estiment que si les pays courent vers cette source de financement, c’est aussi pour la sécurité qu’elle garantit.
Dossier réalisé par Moussa Bolly
Sources : BSI Economics
Le Focus