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Amélioration de l’environnement des affaires : L’état de la situation en Côte d’Ivoire

L’Économie ivoirienne connaît une certaine embellie avec le nombre de plus en plus grandissant d’investisseurs qui frappent à la porte de la Côte d’Ivoire. Conscient de cet état de fait, le gouvernement ivoirien est engagé dans un processus d’amélioration continue du climat des affaires. Une agence dédiée a même été créée, dont les résultats des actions traduisent nettement cette volonté du gouvernement de rendre le pays attractif. Pour la première édition de sa rubrique mensuelle ‘’ Eco plus ‘’, L’inter fait une incursion dans l’environnement des affaires. Qu’est ce qu’y est fait ? Qui fait quoi ? Et quelles sont les attentes ? Quelques réponses dans ce dossier.

Améliorer le climat des affaires, c’est l’exercice quotidien dévolu au Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici). Depuis sa restructuration en septembre 2012, plusieurs réformes ont été menées en vue de rendre plus attractif l’environnement des affaires dans le pays. Entre autres réformes, la réduction du montant minimum exigible et les délais pour la création d’entreprises, la dématérialisation des procédures, etc. Cela a valu à la Côte d’Ivoire d’engranger des points dans le classement Doing business de la Banque mondiale.

Résultat. Le pays, en effet, est passé de la 177è (2013) à la 139è place (2018) sur un total de 190 pays soumis à cet examen. La Côte d’Ivoire a même figuré deux années de suite (2013 et 2014) dans le top 10 des meilleurs pays réformateurs au monde. Son repositionnement sur la scène internationale s’est opéré avec une telle célérité, révélant ainsi la capacité de résilience du pays face aux chocs qu’il a connus. Plusieurs missions économiques se sont succédé en Côte d’Ivoire, à la recherche d’opportunités d’investissement, puisque l’environnement général, après la période de crise, s’est considérablement révélé plus sécurisant pour faire des affaires. Aussi les marchés des capitaux ont-ils renouvelé leur confiance à Abidjan. Le comportement des Eurobonds émis par la Côte d’Ivoire témoigne nettement de cette confiance renouvelée.

En juin 2017, le pays récoltait 1 140 milliards de Fcfa pour des maturités allant jusqu’à 16 ans. En mars 2018, le Roadshow conduit par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui s’est déroulé du 9 au 15 mars 2018 sur les places financières de Londres, New York, Francfort et Paris, a permis de lever 1 115 milliards de Fcfa. Mais ce n’est pas tout. La Côte d’Ivoire, à travers cette Euro-obligation, est entrée dans l’histoire, devenant le premier pays africain à réussir une émission obligataire en Euros à 30 ans de maturité. Il n’y a que la performance d’une économie, sa robustesse et la crédibilité d’un pays qui peuvent conduire à une telle réaction des marchés financiers internationaux. Cette performance économique du pays est corroborée par une croissance de 8,1% en 2017, soit le taux le plus élevé de la région Uemoa et le 2ème d’Afrique après l’Éthiopie, tout en conservant l’un des ratios d’endettement public les plus faibles de la région (42,6 % du Pib en 2017, contre 70 % pour la norme communautaire). Ces réformes structurelles, faut-il ajouter, ont fait de la Côte d’Ivoire la 4ème économie du monde par son rythme de croissance et l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne à conserver une balance commerciale excédentaire (à comparer aux déficits de pays tels que le Sénégal, l’Ethiopie, le Nigeria et le Ghana). « L’environnement global des affaires en Côte d’Ivoire ne cesse de s’améliorer. Tous les indicateurs sont très positifs, à la fois pour la Côte d’Ivoire, pour l’Uemoa. A la fois pour le long terme et pour le court terme », a affirmé Jean Luc Ruelle, président la Chambre de commerce européenne (Eurocham). Pour lui, ce à quoi il convient de s’atteler, c’est de rendre plus inclusive la croissance qui a été très concentrée sur les investissements dans les infrastructures. « Il faut que cette croissance soit plus inclusive et que les populations y retrouvent leur compte », a-t-il préconisé.

 

Faire davantage. En dépit des efforts déployés, beaucoup reste à faire pour favoriser le développement d’un secteur privé plus dynamique dans le pays. La Banque mondiale, dans son dernier rapport (janvier 2018) sur la situation économique en Côte d’Ivoire, est d’ailleurs plus sévère sur la question, lorsqu’elle note que ‘’depuis la sortie de crise en 2012, le secteur privé a faiblement participé à la croissance de l’économie ivoirienne’’. Elle corrobore ce constat par ces chiffres : « le taux d’investissement privé a bondi de 5,7% du Pib en 2011 à 12% du Pib pour se stabiliser autour de 11% du Pib entre 2013 et 2017. (…) Le taux actuel reste insuffisant, surtout en comparaison des taux atteints dans les pays émergents, où il peut dépasser 25%, ou même dans les pays les plus performants en Afrique subsaharienne comme le Ghana (19%) ». En plus, la Banque mondiale révèle que la Côte d’Ivoire n’a pas non plus réussi à attirer un afflux significatif d’Investissements directs étrangers (Ide) bien qu’ils aient augmenté en valeur absolue. Puisque, selon elle, leur (Ide) poids dans l’économie ivoirienne est resté pratiquement au même niveau que pendant la décennie [de crise], comptant pour environ 1,5% à 2% du Pib. Cela montre bien l’étendue des réformes qu’il convient de poursuivre, pour non seulement susciter davantage d’investissements de la part des entreprises présentes sur le territoire ivoirien, mais en même temps attirer celles qui hésitent encore à engager des investissements dans le pays. Parce qu’en tout état de cause, nombreux sont les opérateurs économiques qui se plaignent encore de l’environnement des affaires, qu’ils estiment ne pas favoriser notamment le développement des Petites et moyennes entreprises (Pme).

 

Récriminations. « L’environnement des affaires est dans une dynamique d’amélioration continue. Cependant, la parafiscalité non maîtrisée et la fiscalité, dans certains secteurs d’activités, constituent de grands freins pour la pérennité de certaines entreprises, particulièrement des Pme », révèle Lolo Diby Cléophas, chef d’entreprise, par ailleurs président de la Fédération nationale des industries hôtelières de Côte d’Ivoire (Fnih-Ci). L’opérateur économique qu’il est soutient, de par l’expérience vécue, que certains freins subsistent en matière de facilitation des procédures de création d’entreprises en Côte d’Ivoire.

Il note, entre autres, la synergie, qui selon lui n’est pas encore optimale entre le Cepici et certains démembrements de l’État (ministères, établissements chargés de la délivrance de certains agréments, etc.). Toute chose qui, pourtant, devrait permettre à l’entrepreneur d’avoir en face de lui un ‘’véritable Guichet unique avec des coûts et des délais suffisamment maîtrisés’’. Bien que Hermann Kouassi, président d’Incub’Ivoir’, une start-up ivoirienne, salue les réformes entreprises par le gouvernement, à travers les institutions dédiées, visant l’amélioration du climat des affaires, il ne manque pas de soulever les problèmes liés aux lenteurs dans le traitement des dossiers en vue de la création d’une entreprise en Côte d’Ivoire. En effet, si l’on en croit nombre d’entrepreneurs qui ont visité les guichets du Cepici, en vue de mettre sur pied leur entreprise, le délai de 24h évoqué par le Cepici pour créer une entreprise n’est pas toujours tenu. « Vous avez un processus qui impose d’abord de venir faire vérifier vos documents par un agent du Cepici. Ensuite, on vous donne un rendez-vous pour votre enregistrement. Et le traitement de votre dossier peut prendre jusqu’à 72h, au mieux des cas », a détaillé Hermann Kouassi.

Il souligne néanmoins que, d’une manière générale, en Côte d’Ivoire, l’environnement des affaires s’est amélioré comparativement à d’autres pays de la sous-région. « Par contre, dira-t-il, je pense que la Côte d’Ivoire, pour ce qu’elle représente dans la sous-région ouest-africaine, et vu son poids économique au sein de l’Uemoa, peut faire mieux ». Ces efforts doivent être dirigés, suggère-t-il, notamment dans ‘’la lutte contre la corruption, dans l’application de la législation et des délais de traitement des dossiers’’. En plus de cela, les acteurs du secteur privé national pensent qu’il y a lieu de se pencher surtout sur la fiscalité des entreprises, les Pme notamment. Car il est admis en leur sein que, « dès que les entreprises se formalisent, elles tombent sous le coup d’une fiscalité qui est loin de les avantager dans leurs objectifs de développement ». Les grandes entreprises, par exemple, continuent de plaider pour que la Dgi élargisse la base taxable. L’objectif étant d’éviter de concentrer la collecte des revenus budgétaires sur le seul secteur formel, qui subit déjà assez d’impositions. « Il faut proposer des systèmes simples. L’impôt synthétique en est un. Mais est-ce qu’il génère suffisamment de recettes ? Cela reste à voir. Toutefois, si on le supprime, on poussera des Pme dans l’informel. D’où la nécessité de privilégier la sensibilisation dans le processus de recouvrement des impôts auprès des contribuables, et non recourir à la sanction », propose Jean Luc Ruelle.

 

Élysée LATH

linfodrome

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