Les Maliens ont certes de bonnes raisons d’être fiers de la montée en puissance de leur armée face à la horde terroriste, mais ils devront aussi une fière chandelle au ministre de l’Economie et des Finances, véritable maître d’œuvre de la résistance du peuple aux sanctions économiques et financières de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), qui ne visaient qu’à faire capoter le processus de refondation de la nation malienne.
Ceux qui doutaient de la capacité d’Alousséni Sanou à se hisser à la hauteur de la mission confiée après sa nomination comme ministre de l’Economie et des Finances de la Transition, en octobre 2022, sont aujourd’hui agréablement surpris par la réussite de ce discret banquier, inconnu au bataillon il y a deux ans, à l’hôtel des Finances.
Ni les mauvais augures, qui prédisaient l’échec de la Transition au bout de 2 mois d’embargo, ni la suspension des financements de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), encore moins les peaux de bananes d’adversaires tapis dans l’ombre n’ont entamé la détermination de l’enfant de Kati à redorer le blason de notre pays sur la scène internationale.
Il a tenu la dragée haute aux diktats de la finance internationale et maintenu l’économie en vie alors même que les signaux n’étaient pas bons à l’entame de la glorieuse épopée. Les gens qui moquaient le désir des Maliens de s’affranchir de toutes les tutelles, d’affirmer leurs indépendance, souveraineté et dignité dans un contexte de pandémie du coronavirus, exacerbé par les tensions internationales comme l’intervention russe en Ukraine, ont été finalement démentis par les bons choix des dirigeants de la Transition.
L’argent restant le “nerf de la guerre”, le ministre Alousséni Sanou, jouant sa partition, a donc fait preuve de beaucoup de talent et d’imagination pour assurer la survie de l’activité économique dans notre pays.
Malgré la fermeture des frontières terrestres et aériennes de la plupart des Etats de la Cédéao et de l’Uémoa, en exécution des mesures édictées contre le Mali le 9 janvier 2022 à Accra (Ghana), les prix ne sont pas envolés ici plus qu’ailleurs. Le Mali n’est pas non plus le champ de ruines qu’espéraient ses détracteurs.
Bien au contraire. Dans la majorité des pays de la sous-région qui ont un littoral, le litre du carburant par exemple coûte désormais plus cher qu’au Mali. Pourquoi ? Parce que l’Etat, par le biais du ministère de l’Economie et des Finances, a renoncé à des droits et taxes. Il en est de même pour les denrées de première nécessité, les intrants et équipements agricoles, subventionnés grâce à la bienveillance de l’Etat.
La réorganisation des services de l’assiette (douanes, impôts, domaines, etc.), la mise en confiance de leurs dirigeants respectifs, les motivations pécuniaires, la mobilisation de l’épargne nationale… sont quelques-unes des clefs de la performance du MEF, qui a assuré le paiement régulier des salaires des fonctionnaires, des pensions de retraite, des bourses d’études, des indemnités et avantages, etc.
Avec le bon début de l’hivernage constaté, nul doute que la campagne agricole 2022-2023 va être fructueuse, avec le maintien du pays au rang de premier producteur de coton en Afrique de l’Ouest. Toute chose qui augure une bonne reprise de notre économie, essentiellement basée sur l’agriculture, l’élevage et la pêche.
C’est dire que le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a eu la main heureuse en jetant son dévolu sur le banquier Alousséni Sanou pour contourner les sanctions économiques et financières de la sous-région ouest-africaine.
Premier ministrable
Titulaire d’un diplôme en sciences économiques de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako en 1987, Alousséni Sanou était, depuis 2006, le directeur financier et comptable de la Banque nationale de développement agricole (BNDA), qu’il a intégrée en 1991. Il a assuré l’intérim du PDG et du directeur général, entre 2017 et 2019. Il est réputé “respectueux”, “généreux”, “discret”, “rigoureux”.
“Entré une première fois au gouvernement en octobre 2020, il en a été évincé en mai 2021, lors du remaniement au cours duquel Bah N’Daw, le président, et Moctar Ouane, le Premier ministre, avaient tenté d’écarter les colonels Modibo Koné et Sadio Camara ainsi que des personnalités réputées proches des militaires, comme lui-même mais aussi Lamine Seydou Traoré, le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Cette tentative de reprise en main par Bah N’Daw et Moctar Ouane a précipité le second coup d’Etat, mené par Assimi Goïta, qui a démis les deux hommes quelques heures après l’annonce de la composition de l’équipe gouvernementale”, renseigne notre confrère Jeune Afrique.
Selon un ministre, qui a participé au gouvernement sous la présidence de Bah N’Daw, Alousséni Sanou fait partie des civils les plus influents du pays.
Personnage central du dispositif mis en place par la junte, il participe aux rencontres nocturnes qui se tiennent à Kati et au cours desquelles les militaires au pouvoir définissent leur stratégie, poursuit l’hebdomadaire panafricain, basé à Paris, dans son numéro du 2 février 2022.
Aujourd’hui, avec la levée de l’embargo et l’annonce de la détente tous azimuts entre le Mali et la communauté internationale, Alousséni Sanou, à l’instar d’Abdoulaye Diop, peuvent légitimement se positionner pour succéder à Choguel Kokalla Maïga, visiblement tombé en disgrâce.
A 58 ans, Alousséni Sanou, marié et père de quatre enfants, écrit en tout cas la plus belle page de sa carrière et accède fièrement à la galerie des hommes d’Etat au Mali.
El hadj A. B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali