L’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, a condamné l’arrestation et la détention du Président Keïta lors d’un coup d’État militaire le 18 août. Il a appelé les putschistes à libérer le chef d’Etat malien ainsi que les membres de son gouvernement et à protéger leur intégrité physique ainsi que celle des membres de leur famille.
Le soir de son arrestation, M. Keïta a annoncé à la télévision sa démission de la Présidence du Mali. Le 19 août à l’aube, un porte-parole des militaires mutins a déclaré qu’un Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a pris la direction du Mali.
« J’appelle les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) à mettre immédiatement fin à cette détention illégale », a déclaré M. Tine dans un communiqué de presse. Une libération qu’ont également demandée le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
L’expert onusien a également appelé « toutes les autorités maliennes à respecter scrupuleusement les droits de l’homme et les libertés fondamentales, à transférer le pouvoir aux civils dès que possible, à rétablir l’État de droit et à assurer la protection des biens et des personnes ».
M. Tine s’est dit très préoccupé par les informations selon lesquelles quatre personnes ont été tuées et 15 autres blessées par la Garde nationale dans la soirée du 18 août. « Tous les responsables de ces violations des droits de l’homme devraient répondre de leurs actes devant les autorités judiciaires maliennes compétentes », a-t-il déclaré.
Renforcer les structures de l’Etat
L’expert indépendant a relevé le fait « significatif » que ce coup d’État au Mali – le second en huit ans – a commencé dans la garnison de Kati, près de la capitale Bamako. C’est dans ce même camp, qu’avait débuté le coup d’État de mars 2012 qui avait renversé le Président malien de l’époque, Amadou Toumani Touré, déclenchant une crise dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui dure jusqu’à aujourd’hui.
« Cela devrait inciter tous les acteurs nationaux et internationaux à réfléchir à la manière de renforcer les structures de l’État afin de ne pas répéter ces crises, qui ont pour conséquence des violations systématiques et continues des droits de l’homme sur fond de conflits tant au sein des communautés qu’entre elles », a déclaré M. Tine.
Il a salué les efforts de la CEDEAO et du reste de la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité des Nations Unies, pour trouver des solutions politiques pacifiques à la crise au Mali.
Après s’être réuni en urgence mercredi sur la situation au Mali, le Conseil de sécurité a appelé toutes les parties prenantes de ce pays de la région du Sahel « à faire preuve de retenue et à donner la priorité au dialogue pour résoudre la crise dans leur pays ». L’expert estime toutefois que les mécanismes doivent être renforcés pour prévenir, gérer et résoudre des crises comme celle du Mali en Afrique de l’Ouest.
« J’appelle tout le monde au Mali – les dirigeants politiques, militaires et de la société civile – à faire preuve de retenue et à s’engager dans un dialogue profond afin de rétablir une paix durable, la stabilité et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales au Mali », a dit M. Tine.
La Vie Senegalaise