L’Algérie a commencé, le vendredi 9 décembre dernier, l’expulsion de plusieurs centaines de migrants sub-sahariens de son territoire. Ces migrants ont été arrêtés dans la capitale, avant d’être transférés dans le sud du pays, puis expulsés. Des camions sont arrivés dans le nord du Niger. Ces arrestations et les expulsions se sont déroulées dans des conditions inhumaines, selon de nombreux témoignages. Cette barbarie enclenchée contre les migrants africains provoque un tollé de protestations partout. Des centaines de maliens ont déjà regagné le bercail dans des conditions atroces.
Tout a commencé le jeudi 1 décembre, des migrants sont arrêtés dans différents quartiers d’Alger. Dans des bâtiments où ils vivent, dans la rue, mais aussi dans des chantiers de construction où ils travaillent, des hommes, des femmes et des enfants. Ces personnes sont alors emmenées sur un site en périphérie de la capitale, où elles sont regroupées. Ce camp est gardé par la gendarmerie. La ligue des droits de l’homme dénonce alors une rafle de 1400 personnes. Dans plusieurs localités algériennes, les forces de sécurité ont organisé une véritable chasse à l’homme contre les migrants africains. Beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés à Alger, avant d’être transférés dans d’autres localités. Une honte pour les autorités algériennes.
Puis, les migrants sont divisés en deux groupes. Un premier convoi de bus prend la route de Tamanrasset, la dernière ville au sud du pays, à 2 000 km de là. A Tamanrasset encore, les migrants sont enfermés dans un camp. Mais, selon des associations algériennes, les migrants arrivés à Tamanrasset sont logés dans des préfabriqués combles et insalubres.
Dans la nuit du mardi 6 décembre au mercredi 7 décembre, un convoi de camions prend la direction de la frontière avec le Niger. En fin de journée du jeudi 8 décembre les 50 camions étaient arrivés à Agadez, dans le nord du Niger. C’est la première fois depuis 2012, que l’Algérie expulse des migrants originaires d’Afrique de l’ouest.
Parmi les migrants, qui sont actuellement renvoyés dans leurs pays respectifs figurent, des demandeurs d’asile et des familles qui vivaient et travaillaient à Alger depuis des années. Les hommes travaillent souvent sur les chantiers de construction. En situation irrégulière, ils vivent dans des conditions, notamment de logement, très dures, et subissent un racisme répandu. L’Algérie est surtout pour eux une étape sur la route de l’Europe
Au total, 266 de nos compatriotes sont arrivés le lundi soir aux alentours de 20h à Bamako, en provenance de l’Algérie.
Ce premier convoi des Maliens expulsés de l’Algérie a enregistré deux morts et un blessé, suite aux mauvais traitements durant la période de rapatriement. Les expulsés ont transité par le Niger avant d’arriver au Mali. Ces rapatriés ont été accueillis à leur arrivée à la protection civile de Sogoniko par le service du développement social et les départements chargés des questions migratoires.
Selon l’Association malienne des expulsés, ces Maliens ont été rapatriés les mains vides. L’AME regrette aussi qu’aucune disposition n’ait été prise par les autorités maliennes pour les aider à récupérer leurs biens laissés dans le pays d’accueil.
Depuis le 1er décembre dernier, l’État algérien procède à un rapatriement massif des subsahariens. Parmi les individus arrêtés, on compte plus de 1400 migrants dont plusieurs Maliens.
Les raisons de ces arrestations et expulsions restent inexpliquées. De nombreux observateurs ont, en tout cas, fait remarquer qu’elles avaient eu lieu à la veille de l’ouverture du premier forum africain d’investissement et d’affaires d’Alger, censé resserrer les liens avec les Etats d’Afrique subsaharienne.
Mémé Sanogo