Fondateur et PDG d’Aldelia, Cedric Filet prévoit de décupler son chiffre d’affaires d’ici à 2024
Egalement présente en France, la société de conseil et de recrutement opère dans plus de trente pays, dont la majorité en Afrique, où le groupe compte 500 employés et dix bureaux.
Les groupes de recrutement professionnel surfent sur le marché le plus prometteur de la planète. « L’Afrique comptera 450 millions de personnes actives d’ici à 2050, explique Jean-Michel Severino, gérant d’Investisseurs et Partenaires, une “famille” de fonds éthiques consacrés aux PME d’Afrique subsaharienne. Quelque 220 millions d’emplois devront être créés d’ici là. » Cette évolution sans précédent dans l’histoire de l’humanité présente autant de défis que d’opportunités. L’entreprenariat sera le moteur de l’activité économique des décennies à venir, la fonction publique étant loin de pouvoir absorber tous les arrivants. Le Français Cedric Filet, fondateur et PDG d’Aldelia, une société de conseil et de recrutement, en est bien conscient : « Les pays du continent ont besoin de créer 1,2 million d’emplois par mois. »
Ce Bordelais, fan des Girondins et de l’UBB rugby, n’avait pas prévu de se lancer dans cette activité. Il réalise ses études primaires et intègre un IUT de gestion logistique dans sa ville natale avant de faire l’école de commerce Kedge à Marseille. Diplôme en poche, il part à Londres pour monter la filiale anglaise d’une SSII française, sans autre bagage que son mobile et son ordinateur portable. Joueur de rugby amateur, il se blesse alors au tendon d’Achille et se retrouve alité pendant trois mois. Un de ses amis le consulte pour recruter des perles dans les nouvelles technologies en Afrique. Il lui met alors gracieusement son réseau à disposition et lui trouve 30 personnes. Ce même ami le rémunère alors pour sa prestation. Avec ce capital de fonds, il monte Aldelia en 2005 à Londres. Ses premiers clients sont des groupes opérant dans les hydrocarbures. Le créneau est porteur. Il ouvre son premier bureau à Tunis en 2007.
Présente aussi en France, la société opère aujourd’hui dans plus de trente pays dont la majorité en Afrique où le groupe compte 500 employés et dix bureaux. Quinze autres bureaux pourraient être établis dans les prochaines années. La société est très présente au Nigeria, la première économie du continent, où elle emploie aujourd’hui 300 personnes, un chiffre qu’elle compte doubler d’ici à la fin de l’année. Elle développe aussi ses activités au Mozambique, en Ethiopie, en RD Congo, au Rwanda et au Ghana. « Il existe des besoins pour produire des biens de consommation, faire fonctionner les cimenteries, des usines de construction dans la vitrerie, le verre, le plâtre », précise Cedric Filet.
« Il faut aborder chaque marché spécifiquement. L’Afrique, ce sont 54 pays et autant de législations du travail »
Groupes du CAC 40. Les boîtes de recrutement sont de plus en plus concurrentielles localement. Mais elles n’ont pas le réseau pour repérer les cadres de la diaspora, notamment dans les réseaux associatifs et les grandes écoles. « Les cadres de la diaspora sont prêts à revenir travailler sur le continent et à accepter des réductions de salaires de 20 à 30 % si leur pouvoir d’achat reste équivalent », poursuit le patron. Ils attachent aussi beaucoup d’importance à la qualité de vie.
« Il existe une belle dynamique dans les biens de grande consommation, la banque, les mines, les hydrocarbures, l’agroalimentaire, poursuit Cedric Filet. Mais il faut aborder chaque marché spécifiquement. L’Afrique, ce sont 54 pays et autant de législations du travail. La culture d’entreprise varie aussi sensiblement d’un pays à l’autre. »
Aldelia accompagne les groupes du CAC 40 dans leur développement en Afrique et propose des services ciblés aux PME de multiples secteurs d’activité (pétrole et gaz, construction, technologies et TIC, informatique, banque, télécoms, produits de grande consommation). La société se targue d’avoir été pionnière de la démocratisation du recrutement via la toute première plateforme en ligne au monde combinant un accès direct aux candidats et des tests d’aptitude tant techniques que comportementaux.
Le patron de 44 ans est ambitieux. Après avoir connu des années difficiles après la chute du cours du pétrole, il a diversifié ses prestations dans les services et l’industrie. Sa société a développé aussi d’autres métiers : gestion de contrat, conseil sur les législations et en ressources humaines, ingénierie fiscale et sociale… Le chiffre d’affaires devrait atteindre 25 millions en 2019. Un chiffre qu’il prévoit de multiplier par dix d’ici à 2024. « Nous sommes sur un territoire vierge avec peu de boîtes qui font le lien entre l’international et le local, conclut Cedric Filet. La plus grande difficulté est de trouver des fonds pour financer notre développement. »
Source: lopinion