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Afrique – Terrorisme : Belmokhtar, le Scarface du Sahara

À l’actif de Mokhtar Belmokhtar, la dernière attaque de Bamako et ses cinq victimes, le site gazier d’In Amenas, la prise de Tombouctou… À 43 ans, cet Algérien a quitté Al-Qaïda pour fonder Les Signataires par le sang.

Mokhtar Belmokhtar, also known as 'the one-eyed',  who broke away from Aqim to form al-Mulathamin

Il porte un œil de verre. “Laaouar”, le borgne, en arabe. Une sorte de Scarface du désert, balafré par la force de l’ennemi. Un œil perdu dans les faubourgs de Kaboul dans sa jeunesse. Son surnom : Khaled Abou al-Abbas. Ou l’émir de la Brigade des enturbannés. “Mécréants et apostats” sont ses termes favoris pour désigner l’Occident et ses alliés en Afrique du Nord. Sa tête est mise à prix. Les États-Unis promettent vingt-trois millions de dollars à quiconque permettra son arrestation. Depuis près de vingt ans, cet Algérien nargue les polices africaines et internationales, franchit les frontières à sa guise, prémédite, tue. Mokhtar Belmokhtar, de Bamako à In Amenas, laisse dans son sillage une rivière de sang. Otages, attentats : il rend licite l’illicite au nom de la charia et du djihad. Il a connu la célébrité en prenant Gao et Tombouctou en 2012, édictant la charte la plus radicale du djihad.

Son idéologue : Abdallah Azzam

Comme beaucoup des hauts dirigeants de ce combat, il est algérien. Né le 1er juin 1972 à Ghardaïa, son prénom signifie “l’Élu”. Un hommage à son oncle paternel, décapité par les Français en 1959. Benjamin d’une fratrie de huit enfants, il épouse les événements de son adolescence. L’Afghanistan postsoviétique, d’abord. Lorsqu’il apprend la mort d’Abdallah Azzam, en 1989, sa décision est prise. Il doit devenir un “Afghan boy”, rejoindre “ses frères djihadistes sur le front afghan”. Azzam est une figure-clé du djihad moderne, son idéologue. De retour en Algérie, en 1993, au pire moment de la guerre entre l’armée et le GIA, il se lance. À la tête d’un petit commando, il tue treize policiers dans sa région natale de Ghardaïa. Sa légende commence. L’homme s’accapare du secteur de la contrebande, une vaste partie d’échecs au sein de l’immense Sahara. On le surnomme “Marlboro Man”, terme qu’il réfute, jugeant les cigarettes “haram”, contraires aux enseignements du Coran. Son but : étendre la guerre sainte au sud de l’Algérie. Il y parvient. Se parant des habits de Robin des bois lorsqu’il braque en Mauritanie, en octobre 2007, trois douaniers à bord d’une Toyota. Butin : 150 000 euros. À l’agence Nouakchott Information, il déclare que “ce sont des biens pour la nation (…) usurpés par les bandes qui gouvernent”.

Le terroriste de son époque

Le tournant des années 2000 est un marqueur. 11 septembre, invasion de l’Afghanistan par les forces de l’Otan, guerre américaine en Irak : la conjonction des événements précipite dans les bras du djihad bon nombre de jeunes gens. Et Mokhtar fructifie sur ce terreau d’erreurs occidentales. Il rameute, vante “la noblesse du djihad, les méfaits de l’Occident chrétien et de ses alliés juifs infidèles”. Une main tendue à l’adresse du leader Oussama Ben Laden. Un message qui sera reçu cinq sur cinq via un “samsara”, un “intermédiaire” en arabe.

Génuflexion à Ben Laden

Ben Laden observe, méfiant, interdit, cette jeune pousse djihadiste d’Afrique du Nord. Le Saoudien réfugié au Yémen apprend l’assaut de la caserne mauritanienne de Lemgheity qui fit 17 morts. Un acte qui vaut au nouvel émir du Sahara la reconnaissance d’Al-Qaïda. Nous sommes en 2005. Le “moutaraka”, un pacte de non-agression, semblait gouverner les relations entre djihadistes algériens et pays voisins. Belmokhtar le rompt. Naissance d’Aqmi, le 27 janvier 2007, Al-Qaïda du Maghreb islamique. Le borgne, le balafré, devient un des émirs les plus influents de la planète djihad. Il règne sans jamais se dévoiler. Son visage et sa silhouette sont inconnus. Vint la rupture avec Al-Qaïda, la prise du Nord-Mali, Gao et Tombouctou, avec la Mujao (les djihadistes de l’Afrique de l’Ouest). Sonne alors l’heure des tribunaux de la charia, des mains coupées, de l’interdiction de la musique, du tabac, des ballons de foot. Son armée ? Les soldats, un bataillon de subsahariens ou de jeunes recrues maghrébines. L’état-major : des Algériens.

Son apogée : In Amenas

16 janvier 2013. À la lisière de la Libye et de l’Algérie, une file de pick-up japonais fonce. Objectif : le site gazier. Avec sa nouvelle organisation, les Signataires par le sang, l’émir veut planter l’étendard du djihad sur ce site qui assure 11 % des richesses gazières de l’Algérie. Trente-huit civils y trouveront la mort, contre vingt-neuf djihadistes. Jouleybib, le porte-parole de Belmokhtar, assume : “J’espère que la France se rend compte qu’il va y avoir des dizaines de Mohamed Merah et de Khaled Kelkal.” Il sera tué par les forces françaises au Mali quelques mois plus tard.

Son dernier coup a terrifié Bamako

Les Signataires par le sang, cette phalange dont les camps d’entraînement sont sous la supervision de Mokhtar Belmokhtar, ont tué au cœur du Mali, à Bamako, ce 7 mars, cinq personnes. L’homme qui vaut vingt-trois millions de billets verts pour les Américains n’en finit pas d’affoler la région qui court du Mali jusqu’en Libye en passant par l’Algérie, la Tunisie…

  Par notre correspondant à Tunis, Benoît Delmas

Source: Le Point.fr

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