A la fin du mois, Fanny Jacquot devait débarquer en Tunisie avec plus de 150 personnes, 80 véhicules et toute la logistique du 205 Africa Raid. Après l’assassinat d’Hervé Gourdel par un groupe de djihadistes algériens, les menaces de Daesh envers les ressortissants français et les consignes de vigilance renforcée du Ministère des Affaires étrangères dans une quarantaine de pays,l’organisatrice de la course a décidé de déplacer le rallye en Corse. «Nous sommes là pour donner du bonheur aux participants, pour qu’ils s’éclatent dans le désert, pas pour qu’ils passent dix jours dans la peur.»
Pour l’instant, l’initiative est isolée et la plupart des autres organisateurs de courses en Afrique du Nord ont prévu de rester dans le secteur. «On a bien eu quelques appels de clients un peu inquiets mais on les rassure. Il n’y a aucune raison de s’alarmer,explique Patrick Bauer, directeur du Marathon des Sables. Je refuse de m’incliner devant ça, d’autant que l’on court au Maroc et que ce n’est pas une zone à risque.»
«Nez à nez avec des militaires quand on va au petit coin»
Pour tracer les parcours des épreuves, beaucoup se fient à la carte des conseils aux voyageurs mis à disposition par le Quai d’Orsay sur son site. De vert pour «vigilance normale» à rouge pour un secteur «particulièrement déconseillé», «elle permet d’avoir une idée relativement précise des endroits à éviter, explique cet organisateur de raids. Nous, dès que ça passe en rouge ou orange, on annule.» «Ces conseils sont destinés aux touristes mais s’appliquent aussi aux organisateurs d’événements mais ça reste des conseils, explique-t-on au Ministère. On ne peut pas contraindre les organisateurs à annuler leur course.»
En janvier, les pilotes du rallye Africa Race emprunteront les routes mauritaniennes, l’une de ces zones classées à risque. Le Dakar avait annulé son édition 2008 à cause des menaces terroristes dans le pays avant de migrer vers l’Amérique du Sud. «On reste dans l’ouest du pays, indique Jean-Louis Schlesser, pilote et membre de l’organisation. Les vrais risques terroristes sont à la frontière malienne, soit à plus de 1.000 kilomètres. C’est comme si vous disiez qu’il y avait un souci à Nice et que l’on était dans le nord de l’Allemagne.»
Sur place, la protection militaire sera quand même conséquente pour éviter tout incident. «Pour un bivouac de 500 personnes, on peut avoir une centaine de soldats présents pour sécuriser la zone, indique Thierry Scharff, membre de l’organisation de l’Africa Race. On ne les voit pas parce qu’ils sont à distance respectable mais si vous faites 500 mètres pour aller au petit coin, vous tombez nez à nez avec eux.» Gênant mais rassurant.
SOURCE / 20minutes.f