Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a procédé, le jeudi 3 octobre 2019, à la présentation et au lancement de ses rapports annuels 2018 et de Typologies sur le blanchiment de capitaux et la Lutte contre le terrorisme dans le secteur des industries extractives. Le rapport de Typologie intitulé « Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme liés au secteur de l’industrie extractive et minière en Afrique de l’Ouest » est ce à quoi nous nous sommes intéressés dans ce présent article.
Représentant une part importante du Produit intérieur brut (PIB) de la plupart des États d’Afrique de l’Ouest, l’industrie extractive dans cette partie de ce continent reste victime de la corruption. Une situation ayant favorisé d’autres phénomènes. C’est ce qui ressort de ce rapport de Typologie rendu public la semaine dernière à Dakar à l’occasion du forum des parties prenantes de la CEDEAO sur la mise en œuvre, par les États membres, des mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
L’exploration et l’exploitation des minéraux constituent une source essentielle d’alimentation de l’économie de maints pays africains. Mais le drame est que le secteur minier reste confronté à un défi majeur. « Il est indéniable que ce secteur est entaché d’irrégularités telles que l’exploitation minière artisanale illicite, l’évasion fiscale, les contrats frauduleux, la corruption de haut niveau et la criminalité organisée. »
Ces irrégularités sont celles qui encouragent le blanchiment de capitaux ainsi le détournement de montants considérables des recettes, déplore-t-on dans ce rapport. Pour montrer l’ampleur de cette situation dans ce secteur, le rapport de Typologie va plus loin en précisant que « la corruption constitue une des infractions sous-jacentes les plus graves du secteur extractif, par laquelle d’importantes quantités de produits illicites font l’objet de blanchiment. »
Le manque d’instruments efficaces dans les mains des organismes de répression pour traquer les éléments criminels dans l’industrie extractive, la mauvaise volonté politique, la mauvaise gestion du secteur, sont entre autres ce qui encourage ces irrégularités dans ce secteur, souligne-t-on avant de montrer les répercussions de ces phénomènes sur la stabilité de la plupart des Etats sur ce continent. « L’expansion des activités minières artisanales et la porosité des frontières nationales offrent la possibilité d’un flux transfrontalier illégal de ces minerais et posent des défis de taille aux gouvernements en matière de contrôle. », lit-on dans ce document de 80 pages.
Le GIABA, à travers ce rapport, invite à plus de transparence dans ce secteur en veillant au respect strict des normes déjà établies dans ce sens. Comme normes, cette structure rappelle ceux du Groupe d’action financière (GAFI) sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), le Système de certification du Processus de Kimberley, etc. « Les initiatives visant à améliorer la réglementation et la supervision de l’industrie extractive/du secteur minier sont essentielles pour lutter de manière efficace contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et ont des répercussions positives sur la gouvernance ainsi que la perception des recettes publiques provenant des activités du secteur minier », explique-t-on.
Rappelons que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) est une institution de la CEDEAO spécialisée sur les questions de politiques de protection des États membres contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive. Son objectif reste le règne d’une bonne gouvernance dans les États d’Afrique de l’Ouest.
Fousseni TOGOLA
Source : Le Pays