Lors de la dernière décennie, le monde a été choqué à plusieurs reprises par la diffusion en direct d’actes terroristes sur divers réseaux sociaux. De nombreux gouvernements ont alors mis la pression aux géants d’internet pour traquer ces contenus. Mais les groupes terroristes s’adaptent.
En Afrique de l’Ouest, les groupes terroristes se sont adaptés aux mesures prises par les grands groupes pour restreindre leurs activités sur internet. Les plateformes qu’ils avaient créées, il y a quelques années, pour diffuser leur contenu et recruter sont désormais remplacées par des comptes Telegram, Twitter et WhatsApp. « Telegram devient la nouvelle ligne de front des groupes terroristes en Afrique. Au dernier recensement, la province Afrique de l’Ouest de l’Etat Islamique possédait plus de 50 comptes Facebook et Telegram. Il n’y a pas de contrôle et personne ne semble s’en soucier en Afrique », déplore Bulama Bukarti, chercheur du Tony Blair Institute for Global Change.
« AQMI, qui est sans doute l’utilisateur le plus agressif de la communication en ligne dans la région, utilise des sites web « balises » pour attirer le trafic Internet vers des sites plus petits. Elle utilise également des « agrégateurs » conçus pour offrir aux internautes un ensemble de liens vers le même contenu terroriste, afin d’échapper à la modération du contenu », explique Karen Allen de l’Institut d’Etudes et de Sécurité (ISS).
Les réseaux sociaux et les géants comme Google disposent de moyens de modération suffisamment efficaces pour compliquer la tâche aux groupes terroristes qui communiquent sur leurs plateformes. Facebook et des plateformes comme Twitch ont réagi aux pressions des gouvernements occidentaux pour éradiquer la diffusion en direct ou en différé d’actes terroristes. Mais la persistance de la présence en ligne des groupes terroristes en Afrique laisse penser que les mêmes efforts ne sont pas fournis sur le continent. Résultat, selon l’indice mondial du terrorisme 2022, l’Afrique devient le territoire le plus touché.
Servan Ahougnon
Source : Agence Ecofin