Pour lutter efficacement contre le terrorisme au Sahel, il est désormais unanime qu’aucun pays ne peut aboutir seul. Pourtant depuis la chute, en début 2012, de Mouammar Kadhafi, le Guide libyen et l’occupation des régions nord du Mali par une bande djihado-narcoterroriste, les pays sahéliens, malgré la présence française à travers d’abord Serval pour recouvrer l’intégralité du territoire malien puis Barkhane pour lutter contre ce même terrorisme dans le Sahel, demeurent de plus en plus plongés dans les attentats suicides et prises d’otage. Presqu’aucun pays de la sous-région n’échappe à cette barbarie meurtrière qui est malheureusement en train de devenir, de part sa fréquence, banale. Alors que bien avant même l’invasion narcoterroriste du nord du Mali, certains pays sahéliens dits de front, sous l’égide de l’Algérie, avaient mis en place à Tamanrasset un poste conjoint de commandement opérationnel sous la diligence du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc). Lequel n’a jamais pu fonctionner pour des raisons d’égo.
C’est certainement fort de cet échec et en vertu de la stricte nécessité de lutter ensemble pour endiguer le fléau, qu’il a été initié et mis en place en 2014 « le G5 », en vue de créer une véritable synergie d’actions militaires et politiques de développement entre la Mauritanie, le Niger, le Burkina, le Tchad et bien sûr le Mali pour pouvoir lutter efficacement contre la menace terroriste. Or, malgré sa mise en place et les nombreuses rencontres de haut niveau entre les dirigeants et décideurs des pays membres, on assiste actuellement à aucun résultat tangible sur le terrain.
Au terme ainsi de la récente visite d’Etat d’IBK dans l’Hexagone, au cours de laquelle il a été beaucoup question de défense et sécurité, peut-on désormais espérer de mieux dans la lutte antiterroriste au Sahel? Certainement oui, si l’on fait référence aux déclarations du numéro Un malien ! Lequel appelle vivement l’ensemble des pays sahéliens de « mutualiser leurs efforts, renseignements, unités d’intervention pour bouter ces terroristes de leur espace. En complémentarité avec la France». Mais dans le même registre de lutte antiterroriste, il faut aussi réactiver les accords d’entraide judiciaire qui existent déjà entre celle-ci et notre pays, afin que des dossiers en cours et à venir puissent être traités convenablement et dans les meilleurs délais.
Cependant, afin que tous ces mots puissent avoir un sens pour réellement se concrétiser, il faut nécessairement que, pour ce qui est du cas malien, l’ensemble des pays membres du « G5 » s’engagent à ne plus soutenir une branche quelconque de mouvements armés opérant sur notre territoire. Ainsi la France doit, en tant que puissance occupante au Mali, en l’occurrence dans les régions septentrionales, sincèrement permettre à l’armée malienne d’y être présente. Ce qui permettra à l’administration civile d’y revenir en confiance. Toutes choses préalables à une bonne reprise des activités socioéconomiques dans cette partie du territoire national qui nous échappe depuis 2012.
Cependant pour mener à bien cette entreprise, l’ancienne puissance colonisatrice devra user de tous les moyens matériels, humains et de coercition dont elle dispose dans les régions nord pour convaincre sinon obliger l’ensemble des mouvements, dont beaucoup de représentants ont d’ailleurs fait le déplacement de Paris, d’adhérer, sans condition ni délai, dans ce processus incontournable. Sans nul doute que le Chef d’Etat malien a, dans les coulisses, œuvré inlassablement dans ce sens.
Gaoussou M. Traoré
source : Le Challenger