La semaine écoulée, les pays va-t-en guerre de la Cédéao sont convenus d’une date (restée secrète) pour une probable intervention militaire au Niger aux fins d’y rétablir l’ordre constitutionnel, si les efforts diplomatiques en cours échouaient. C’est la quintessence de la déclaration du Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de l’organisation sous-régionale.
Elle s’exprimait ainsi à l’issue d’une réunion de deux jours des Chefs d’état-major du bloc régional organisée à Accra, la capitale du Ghana, pendant que de nombreux facteurs laissent croire que l’intervention militaire prévue contre le Niger pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions, est de plus en plus improbable.
Dans une interview qu’il a accordée la semaine dernière, à la presse américaine le Secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, privilégie une solution négociée, par la voie diplomatique et non une solution militaire, à la crise politique entre le Niger et la Cédéao. Contrairement aux positions de la Cédéao et de la France, il estime qu’ “Il n’y a pas de solution militaire acceptable”.
Cette déclaration du Haut Responsable américain est à prendre au sérieux à partir du moment où les USA ont un grand intérêt géostratégique à préserver au Niger. Pour cette raison, Washington, très pragmatique, a préféré nouer le dialogue avec les militaires au pouvoir à Niamey. D’où le séjour dans la capitale nigérienne de l’envoyée spéciale Victoria Nuland, numéro Trois de la diplomatie US.
Cette attitude affichée par Washington est visiblement un coup de massue à la stratégie guerrière de la France et de ses acolytes de la Cédéao. Lesquels ne sauraient attaquer le Niger sans le soutien militaire américain. Encore que le Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine (UA), statuant, mardi dernier, sur les règlements des conflits, a rejeté la décision de la Cédéao d’user de la force contre le Niger. Sans omettre le fait que le Togo et le Cap-Vert, tous membres de la Cédéao, sont contre cette forme d’intervention.
De toute façon, le grand voisin du Niger qu’est l’Algérie a vivement affiché son opposition dès le début à cette aventure, estimant qu’elle signifierait l’escalade de la violence dans l’ensemble des pays du Sahel. N’est-ce pas les mêmes préoccupations du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée ?
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger