La tension diplomatique entre le Mali et la France entre dans une nouvelle phase. Jeudi 10 août 2023, les services consulaires respectifs à Paris et à Bamako ont suspendu la délivrance de visas aux ressortissants des deux pays.
C’est Paris qui a d’abord annoncé, la suspension de la délivrance de visas après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge c’est-à-dire « formellement déconseillée aux voyageurs ». Ensuite les autorités de Bamako, au nom de la réciprocité ont emboité les pas à celles de Paris pour faire autant. A quand la désescalade entre deux pays liés par l’histoire, la culture, l’économie et même le social ? Qui de Bamako ou de paris sentirait beaucoup plus les effets néfastes de la suspension des visas ?
En effet, la capitale malienne se trouvait auparavant en zone orange, « déconseillée sauf raison impérative ». Le reste du pays était en zone rouge en raison de la progression des djihadistes, du risque d’enlèvement et de l’insécurité de manière générale. Aujourd’hui c’est Bamako même qui est considérée comme une ville à haut risque donc en zone rouge selon les autorités françaises. Si pour certains maliens ce classement est plus motivé par le fait que le Mali a rompu ses relations diplomatiques et sécuritaires avec la France, pour d’autres il est plutôt le reflet de la réalité car les conditions sécuritaires se sont fortement dégradées au Mali et aucune zone n’est aujourd’hui à l’abri. Mais qu’à cela ne tienne une suspension de visas entre le Mali et la France pourrait avoir beaucoup de conséquences pour les deux pays, la France étant le deuxième pays d’accueil des maliens au monde après la Côte d’Ivoire. Une suspension de visas ferait mal, à coup sûr aux deux pays. Les maliens de la diaspora française en souffriraient tout comme l’économie française sentirait les effets néfastes.
Une surprise pour le Mali ?
Après que le ministère malien des Affaires étrangères ait dit avoir appris « avec surprise » le classement de tout son pays en zone rouge, dans la soirée du 9 août, sur les réseaux sociaux et par conséquent la suspension de la délivrance de visas, comme une réponse du berger à la bergère, « En application du principe de réciprocité », le Mali aussi a décidé de suspendre à son tour la délivrance de visas par les services consulaires maliens à Paris. Cette réaction épidermique du gouvernement malien n’est –elle pas maladroite au regard des conséquences qu’elle pourrait engendrer surtout en cette période de vacances où les maliens établis en France se déplacent pour rendre visite à leurs parents dans le pays. Ils sont nombreux aujourd’hui les maliens en provenance de la France qui sont en vacances ou en congés, à crier leur ras le bol face à la suspension des visas entre Paris et Bamako. Les deux pays doivent renouer rapidement le fil du dialogue pour une désescalade de la situation au grand bonheur de deux pays que tout lie.
La France serait-elle en train de Perdre le contrôle au sahel ?
Décidément rien ne va plus entre la France et les trois pays du SFahel à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les relations se sont fortement dégradées depuis les coups d’Etat perpétrés dans ces trois pays respectifs. Pour rappel ces coups d’Etat ont engendré un sentiment anti politique française et la promotion de la Russie. Malgré que la France en 2012, ait pourtant évité que le Mali ne tombe entre les mains des groupes terroristes. L’on se rappelle encore comme si c’était hier la légendaire et historique visite du Président d’alors de la France M. François Hollande à Tombouctou et à Bamako après que les forces françaises aient stoppé net l’avancée des djihadistes. Aujourd’hui les relations se sont fortement détériorées au point que l’on se pose la question si la France n’est pas en train de perdre le contrôle du Sahel au profit de la Russie de Poutine.
En somme, depuis la rupture constitutionnelle dans ces trois pays on constate un tel désamour de la France doublé de la propagande russe. Les militaires au pouvoir n’ont pas hésité à pousser les forces françaises vers la sortie en 2022, et se sont tournés politiquement, militairement et stratégiquement vers la Russie. Ces trois pays voisins, tous confrontés à l’expansion djihadiste et formant une immense aire géographique, sont désormais en zone rouge pour la diplomatie française. Aujourd’hui la France ne doit-elle pas changer de paradigme ?
Assitan DIAKITE
L’Alternance
