Les USA votent tous les quatre ans pour élire leur président de la république. Les résultats sont habituellement connus dans les 12 heures après la fin du scrutin. Mais lors de la présidentielle de ce 3 novembre 2020, il a fallu attendre quasiment quatre jours avant de connaître officiellement le nom du vainqueur Joe Biden.
Comment les autorités électorales américaines n’ont pu sacrifier la tradition en fournissant, dans les 12 heures, le nom de leur 46è président ? Si plusieurs raisons expliquent ce retard, force est de constater que la contestation de résultats de ce scrutin pour «faits de fraudes» par le président sortant sort de l’ordinaire.
Dans un discours truffé d’allégations sans preuves – à tel point que plusieurs chaînes de télévision américaines ont choisi d’arrêter la diffusion en direct de son intervention – Donald Trump n’a de cesse accusé le camp démocrate de tenter de lui voler sa victoire. Une accusation que récuse naturellement son challenger, Joe Biden. Cette situation quasi-conflictuelle a persisté pendant tout le temps qu’ont duré les dépouillements. Les USA seraient-ils à ce point devenus une république bananière, à l’instar de nombreux pays africains où les résultats des élections sont constamment sujets de contestation ?
En Afrique, les élections sont généralement contestées, parce que ce sont les partis au pouvoir qui s’interfèrent, le plus souvent, dans l’organisation des scrutins que dans la proclamation de leurs résultats. Cela, en dépit de l’existence de structures nationales censées être indépendantes (comme les Commissions électorales nationales indépendantes). Or, tel n’est pas le cas des Etats-Unis.
Dans le pays de l’Oncle Sam, les élections présidentielles, sénatoriales tout comme celles concernant les représentants à la Chambre (députés) sont librement organisées, non pas par le Gouvernement fédéral, mais les différents Etats de la fédération. Chacun en fonction de ses propres lois, règles et codes électoraux. Et c’est après dépouillement des bulletins de vote que les Etats font parvenir les résultats au niveau fédéral. Ce boulot, les Etats fédéraux, bien rodés, le font habituellement sans triche en faveur d’un candidat donné.
Cependant lors, par exemple, de la présidentielle qui a opposé en 2000 Al Gore à Georges W Bush Fils, le second aurait été aidé par son frère ainé. Qui était à l’époque le Gouverneur d’un Etat-clé, la Floride. Celui-ci aurait alors tripatouillé les résultats en faveur de son frère cadet afin que celui-ci rafle l’ensemble des Grands électeurs de son Etat. En dépit de cela, Bush Fils ne pouvait accéder aussitôt à la Maison Blanche. Pour la simple raison qu’un long contentieux électoral avait vivement opposé les deux candidats.
Les USA allaient s’éterniser dans un enlisement alors que le nouveau Président élu, au terme de la Constitution fédérale, doit prêter serment le 20 janvier suivant. Et, cette date constitutionnelle risquait d’être dépassée sans qu’aucun candidat ne soit officiellement déclaré élu.
Il a donc fallu que la Cour suprême fasse arrêter le décompte des voix en Floride pour déclarer Bush Fils officiellement élu. Al Gore a, in fine, jeté l’éponge afin de ne pas faire plonger la plus « vieille démocratie » au monde dans un vide constitutionnel. La présidentielle de 2020 serait-elle le remake de 2000 ?
Par Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Challenger