Un affrontement intercommunautaire a fait plusieurs victimes dans le cercle de Koro dans la journée du samedi au dimanche derniers.
En effet, suite à l’assassinat du chef des chasseurs du village de Goundogourou Dogon dans la commune de Diankabou par des individus armés le vendredi dernier, les chasseurs et certains habitants du village se sont organisés pour attaquer deux villages peulhs qu’ils soupçonnent d’être derrière l’assassinat de Souley Guindo. Il est très connu dans le milieu des chasseurs. Selon les blessés évacués sur le centre de santé de référence du cercle, avec lesquels nous avons pu échanger ce dimanche matin, ce sont les conditions atroces de l’assassinat du chef des chasseurs qui ont mis le feu aux poudres.
Selon les témoignages, ce dernier revenait de la foire hebdomadaire de Douna-Pen quand les assaillants l’ont intercepté en brousse avec son enfant. Ils l’ont égorgé et mutilé et sont partis avec certaines parties de son corps devant son fils impuissant. Après son enterrement, ses parents et proches se sont organisés pour attaquer les villages peulhs de Nawadjè et Tanfadala dans la commune de Dioungani. Les affrontements qui ont duré du samedi matin au dimanche à la mi-journée auraient fait plus de vingt morts, plusieurs blessés et beaucoup de pertes matérielles.
Pour l’instant, il est très difficile de faire le bilan avec exactitude, car la zone est coupée du reste du cercle depuis la destruction, il y a presque deux mois des installations des réseaux téléphoniques Orange et Malitel par des djihadistes. De nombreux assassinats ciblés de paisibles citoyens ont été signalés ces derniers temps dans la zone par des individus armés.
Dimanche matin, neuf blessés par balle étaient recensés au Centre de santé de référence (CSRéf) de Koro pour recevoir des soins, un cas grave a même été évacué sur l’hôpital régional. Un détachement des Famas basé à Mondoro (Cercle de Douentza) est arrivé en début d’après-midi à Koro pour s’interposer entre les belligérants. Un autre détachement des forces armées venu dans la soirée de dimanche de Sévaré s’est rendu sur les lieux.
Depuis la crise de 2012, la zone est devenue le fief des bandits armés et des djihadistes. Face à l’insécurité, les populations se sont armées pour se défendre, c’est ce qui explique la violence et l’étendue des dégâts de cet affrontement intercommunautaire. Pour le moment les nouvelles tombent au compte goutte et à Koro chacun retient son souffle. Comme par le passé, les yeux sont maintenant tournés vers l’Etat et les associations Gina Dogon et Tabital PulaKu pour la recherche urgente de solution à cette crise.
Moussa NIANGALY
AMAP-Koro
Source: essor