La transition malienne tire vers sa fin. Au moment des derniers réglages pour la sortie des pouvoirs de transition et l’entrée en fonction des pouvoirs élus, certains faits donnent l’impression d’une réelle compétition, une course des pouvoirs sortant à placer leurs hommes partout où besoin sera. Après les nominations par décret présidentiel au grade de Général, qui ont provoqué un tollé général, c’est le tour dans la famille des diplomates maliens. Paradoxalement, on procède à des vagues de nomination à l’étranger en demandant aux promus de « rallier vite les postes d’affectation pour éviter une remise en cause par le nouveau Président ». Un scandale arriva à Ouaga entre l’Ambassadeur rentrant pressé de prendre les rênes de l’Ambassade et le malheureux sortant.
Après la Côte d’Ivoire, le vendredi, le nouveau Président élu Ibrahim Boubacar Kéita s’est rendu au Burkina Faso le samedi, ensuite au Togo et au Niger le dimanche. Dans la capitale du Burkina Faso, IBK, réputé pour son souci de l’image du Mali à l’extérieur, s’est-il jamais rendu compte du scandale diplomatique qui avait éclaté à la représentation diplomatique de notre pays à Ouagadougou ? Le scandale inattendu et jamais vu en Diplomatie est arrivé à Ouagadougou entre l’Ambassadeur sortant M. Traoré et celui rentrant M. Coulibaly.
Alors que le désormais ancien Ambassadeur était dans l’attente de ses titres de rapatriement, il a été rejoint manu militari par l’Ambassadeur rentrant M. Coulibaly, qui serait un proche du Ministre des Affaires étrangères et de sa famille politique.
Alors qu’il avait débarqué à Ouagadougou et logé dans un Hôtel de luxe au frais du contribuable, selon nos sources, le nouvel Ambassadeur aurait tenté de s’installer dans le bureau et à la résidence, pourtant encore occupés par l’Ambassadeur sortant. Alors le cafouillage prend vite le dessus ; refus catégorique du sortant et le problème ne trouve aucune solution et bonjour les dégâts entre les deux diplomates au bord du pugilat.
Au département des Affaires étrangères à Bamako, le téléphone du ministre n’arrête pas de sonner. L’un des Ambassadeurs s’expliquent après l’autre. Le rentrant en premier lieu, le nouvellement fait roi, ensuite le sortant, lui qui est volontairement pressé par Bamako, dit son indignation au ministre. Mais, le département qui est à l’origine du scandale peine à les départager, selon nos sources. La question que l’on se pose est de savoir, qui a autorisé le nouvel Ambassadeur à partir, sachant que l’ancien est encore au poste, attendant du département son titre de voyage. Pourquoi un tel cafouillage?
Cet incident diplomatique qui a éclaté à l’Ambassade du Mali à Ouagadougou n’est malheureusement pas un cas isolé. Le même phénomène est vécu à la mission résidente du Mali à New York et serait en gestation ailleurs, indiquent nos sources diplomatiques.
Au même moment, les victimes du Décret n° 552/ P-RM du 4 Juillet 2013 rappelant 12 Ambassadeurs et Consuls Généraux crient à l’injustice, accusant le Président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, de vouloir opposer les diplomates et ternir l’image du Mali à l’extérieur. C’est pourquoi un appel au calme circule entre les missions concernées invitant les diplomates rappelés à éviter tout scandale du genre survenu à la représentation diplomatique du Mali à Ouagadougou. A travers cet appel, ils sont invités « à rentrer au bercail dès réception de leurs billets » ou, à défaut, « préfinancer le voyage »; car des chefs de mission rappelés depuis plus d’un an attendent encore leurs titres de voyage. Leurs remplaçants piaffent d’impatience et certains se disent même prêts à « préfinancer » leurs voyages.
Au même moment le département demande aux diplomates en congé administratif après 3 ans de service, de préfinancer leur déplacement sur le Mali, faute de liquidité (Message Fax n° 667/ Mae-ci du 16 Août 2013). Et paradoxalement, on procède à des vagues de nomination à l’étranger en demandant aux promus de « rallier vite les postes d’affectation pour éviter une remise en cause par le nouveau Président », confient des sources proches du département. Face à ce cafouillage diplomatique, marqué par l’indignation manifestée par des pays d’accréditation, certaines autorités étrangères sortent de leur devoir de réserve. « On se demande quel héritage veut laisser le Président de la Transition à la Diplomatie malienne », s’interroge un diplomate malien.
B. Daou