Des éléments des forces de l’ordre ont amené, ce mercredi 20 septembre, le maire Adama SANGARE au Pôle économique et financier, avant qu’il ne soit placé sous mandat de dépôt. Il est inculpé dans l’affaire de morcellement illégal de la zone aéroportuaire de Bamako.
Aux environs de 11 heures, deux éléments des forces de l’ordre se sont présentés à la mairie du District de Bamako avec un mandat d’amener décerné contre le maire du District de Bamako par le Pôle économique de Bamako.
Vêtu en boubou blanc, le maire a humblement obéi aux injonctions des envoyés du Pôle économique, alors qu’il venait de présider la cérémonie d’ouverture de la session ordinaire du Conseil du District de Bamako au titre de l’année 2023. C’est dans un véhicule Toyota Avensis version ancienne qu’il a été emmené au Pôle économique. La scène s’est déroulée sous le regard impuissant de plusieurs de ses collaborateurs qui ont dénoncé l’approche des forces de l’ordre.
« Ça sent l’humiliation. Il n’a pas refusé d’aller répondre à une convocation, alors pourquoi lui décerner un mandat d’amener. S’il avait l’intention de fuir la justice, il n’allait pas venir au Mali parce qu’il était en Europe », confesse un cadre de la mairie très furieux.
À la mairie, l’on apprend que le maire est inculpé dans l’affaire de morcellement illégal de la zone aéroportuaire de Bamako qui fait une superficie totale de 7194 ha affectée à l’État en 1995. Dans cette affaire, déjà plusieurs personnes ont été arrêtées et mises sous mandat de dépôt. Amené au Pôle économique et financier, l’on apprend qu’il a été placé sous mandat de dépôt.
Avant cette incarcération, le maire du District de Bamako a été entendu plusieurs fois dans ce dossier et sur lequel il s’est déjà prononcé dans notre journal ‘’Info Matin’’ en 2018 en affirmant que « les opérations de la mairie ont respecté et protégé le plan initial. Voici un extrait de cet entretien :
« Il se passe réellement qu’en 1999, il y a eu deux décrets, pris par le Président Alpha Oumar KONARE et le Premier ministre de l’époque, Ibrahim Boubacar KEITA, pour réduire la superficie de la zone aéroportuaire. Il y a pratiquement plus de 2000 hectares entre les deux décrets. Dans cette superficie, il y a des gens qui ont des champs avec des titres provisoires. Lorsque les deux décrets ont été signés, certains ont voulu transformer leurs champs en zones d’habitation parce que la ville avait atteint ces zones-là. Ils sont confondus aux concessions rurales. Je pense qu’en 1999, nous n’étions pas encore aux affaires à la mairie de Bamako. Après les événements de 2012, lorsque nos frères qui étaient au nord de notre pays ont commencé à venir, ils ont souhaité régulariser leurs champs pour y rester.
Parallèlement à ce qui s’est passé au niveau des concessions rurales transformées en concessions d’habitation, ces propriétaires de champs nous ont approchés afin d’y être. C’est dans ce cadre que nous avons essayé de voir dans quelle mesure, conformément aux lois d’urbanisation, nous pouvons transformer ces zones vétustes en zones d’habitation.
D’accord, on nous demandera si toute l’opération a été effectuée de façon légale. C’est une opération qui est en cours. Et pour la régularisation, je suis certain que ça va atteindre sa fin un moment. Mais depuis 2012, quand on va sur les lieux, on voit qu’avec toutes les opérations que la mairie de Bamako a faites, le plan initial des aéroports a été totalement protégé. Les zones d’atterrissage et de décollage des aéronefs notamment ont été respectées. Nous pensons avoir respecté le plan, avec la collaboration des services techniques. Les gens qui pensent qu’il y a des irrégularités, des désordres ne maîtrisent pas tous les dessous de cette opération. Mais avant que nous commencions, combien d’installations y avait-il dans la zone aéroportuaire ? Ces installations n’ont pas été faites par la mairie de Bamako. J’estime que ç’a été fait conformément à la réglementation, au regard de certains investissements dans cette zone. Rien ne se fait en catimini dans la zone aéroportuaire. Je suis certain que dans les jours à venir, on va arriver à une sortie définitive de cette crise ».
PAR SIKOU BAH
Info Matin