Accusé depuis un certain temps sur la toile d’avoir tué un hippopotame très fréquent sur les berges du fleuve Djoliba à Djicoroni, le très célèbre féticheur malien Moustapha Diallo, âgé de 55 ans, plus connu sous le nom de Farabana Moustapha sort de son silence. Dans une vidéo d’une vingtaine de minutes, il met un terme « aux fausses rumeurs » l’incriminant d’avoir tué un hippopotame que la population de Djicoroni admirait à chacune de ses sorties. Pis encore, sans autorisation.
En guise de rappel, il y a deux semaines, sur les réseaux sociaux, une photo a defrayé la chronique. L’on pouvait voir la photo du chasseur Farabana Moustapha assis sur une tête d’hippopotame, et certains en train de dépiécer l’animal. Certains jeunes de Djicoroni et même d’ailleurs s’en étaient violemment pris à l’homme, car, disaient-ils, l’animal était inoffensif et le chasseur ne bénéficiait pas d’autorisation pour s’en prendre au pauvre.
« Fausse information », rétorque Moustapha et certaines autorités. Dans la vidéo, le chasseur ou féticheur se dit sidéré par le comportement de certaines personnes à son égard. « Ce que les gens n’ont pas compris, ma dignité et la place que j’occupe au Mali ne me permettent pas d’adopter un tel comportement. D’abord, s’il s’agit de l’hippopotame de Djicoroni, je ne l’ai pas tué, d’ailleurs seulement hier l’hippo est apparu à Sébénikoro. Je le confirme et je mets quiconque au défi de m’apporter la preuve du contraire. Je n’ai jamais tué un animal dans le fleuve Djoliba, même pas un oiseau ».
Et de poursuivre : « C’est vrai j’ai tué un hippopotame, mais je l’ai fait en conformité avec la loi et pas à Bamako. Je dis au gens de me laisser tranquille car je n’ai jamais tué dans ce fleuve, et les autorités le savent bien. Je tiens à informer tout le monde que ce n’est pas moi qui ai tué cet hippopotame de Djikoroni. J’ai même eu le maire de Djicoroni la semaine dernière qui est déplacement aux Etats unis. Il m’a rassuré qu’à son retour il organisera une cérémonie en mon nom pour démontrer aux yeux du monde que je ne suis pas ce que les gens pensent ».
Dans la vidéo, Farabana Moustapha brandit l’autorisation 2019 délivrée par le pays dont le coût s’élève à 35 000 F CFA. Après c’est une autre autorisation qui est délivrée par les eaux et forêt au prix de 75 000 F CFA. A cela s’ajoutent d’autres coûts donnés au chef des chasseurs, des Somono, etc.
L’hippopotame a été tué entre la frontière malienne et sénégalaise
« Nous nous sommes rendus à Djidian dans la localité à l’invitation des habitants. Ils se plaignaient du comportement de l’animal qui semait la terreur dans la zone. Nous ne sommes pas venus de nous-mêmes », a-t-il dit dans la vidéo.
La zone de Bamako est une zone tampon, donc je ne suis pas fou pour tuer un animal dans cette zone, ajoute-t-il. Pour Moustapha, c’est « ma tête que les gens veulent sinon ce n’est pas une question d’hippopotame. C’est de la méchanceté gratuite, quand pour la première fois j’ai acheté un véhicule Hummer, les mauvaises langues ont dit que je suis un vendeur de drogue, mais après combien de féticheurs en ont acheté après moi, est-ce à dire qu’eux aussi vendent des humains ? » s’interroge-t-il. « Pendant les tueries de Djicoroni, vous avez dit que je fais partie aussi de ça aussi mais rien de cela aussi. Le mensonge a même poussé certains à m’insulter père et mère. Mais je ne répondrai pas car leur père, c’est aussi le mien ».
Au service des eaux et foret de Bamako, on nous apprend que l’hippopotame fait partie de grand gibiers. Selon ce spécialiste d’aménagement de la faune et de son habitat, il suffit juste d’avoir le permis de la grande chasse et payer le prix de l’abattage pour tuer un hippo , et le chasseur avait pris toutes les choses citées.
Au village entre Mainamir et Djidjan la frontière sénégalaise, les autorités de la localité confirment avoir appelé le chasseur Moustapha Diallo pour venir tuer l’animal qui avait commencé à faire du mal « nous lui avons fait appel parce que l’hippopotame male en question faisait trop de dégâts chez nous. L’hivernage passé, il a fait trop de dégâts dans nos champs et très souvent il venait intimider nos enfants au fleuve et s’attaquait souvent à eux. Tout le village remercie Moustapha Diallo pour cet acte de bravoure, car nous allons pouvoir vivre en paix », indique cette autorité coutumière que nous avons eu au téléphone.
Pour le chasseur lui -même, il est satisfait de sa mission, c’est pourquoi dit- il, j’ai la conscience tranquille. Pour finir Farabana Moustapha demande à Dieu de le priver d’héritier si c’est lui qui a réellement tué l’hippopotame de Djicoroni, car pour lui, cet animal n’a rien fait et ce n’est pas lui Moustapha qui va priver les habitants de prendre du plaisir en regardant l’hippopotame, vu tout ce qu’il a fait pour le Mali.
Abdourahmane Doucouré
La Sirène