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Affaire des hélicos britanniques: qui a encore floué le Mali ?

Pour faire oublier la scandaleuse tromperie sur la marchandise qu’a consisté l’acquisition pour la bagatelle de plus 7 milliards de nos francs des hélicoptères Puma (français) cloués au sol faute de maintenance appropriée, à des hélicoptères de combat britanniques ferait-on fait recours à la magie de la communication ? L’annonce du déploiement d’hélicoptères de combat britanniques dans notre pays et la mise à disposition, dans le cadre de la coopération bilatérale avec le Royaume-Uni, d’un contingent de commandos de 250 éléments pour assurer la formation des FAMa, apparaît comme une bonne nouvelle, sinon un contre-feu pour apaiser la fronde légitime de l’opinion malienne. Mais seulement voilà, la communication de Koulouba est-elle en phase avec celle de Londres et de New York sur les annonces ?

 

Selon le compte-rendu d’audience de la Présidence, entre le Président IBK et Mme Penny Mordaunt Secrétaire d’État à la Défense du Royaume-Uni, ce sont les questions sécuritaires et le renforcement des relations de coopération bilatérale qui étaient au centre des échanges. ‘’Un des axes prioritaires de renforcement de la coopération bilatérale entre nos deux pays concernera le déploiement au Mali d’hélicoptères de combat britanniques’’, annonce triomphalement Koulouba. Et comme bonus, le communiqué poursuit : ‘’pour renforcer la capacité opérationnelle des FAMa, la Secrétaire d’État à la Défense du Royaume-Uni a indiqué que son pays mettra à la disposition du Mali 250 éléments des forces britanniques pour assurer la formation sur place des forces armées et de sécurité du Mali’’.

Fortes, les annonces le sont. Dans le contexte sécuritaire singulier que vit le pays, on ne peut que féliciter le dynamisme mordant de la diplomatie malienne sous la conduite de Tiébilé DRAME qui dénonçait, il y a quelques mois seulement, les Micmacs et les détournements au sujet des équipements militaires.

Le décalage communicationnel

Mais très vite l’information rattrape la communication pour paraphraser Médiapart partout l’information prendra le dessus sur la Communication. Raison : en interrogeant le silence des annonces de Koulouba, le décalage est abyssal. En effet, on peut se demander, sans trop s’attarder dans les labyrinthes de la coopération entre les pays, dans quel cadre ces hommes et ce matériel seront-ils déployés ? S’ils le sont dans le cadre bilatéral, quand est-ce qu’ils seront déployés, où et à quelles conditions ?

Sans réponses dans le compte-rendu d’audience de Koulouba, ces interrogations soulevées donnent un tout autre son de cloche ailleurs. Sur le déploiement des 250 militaires et des Hélicoptères britanniques, notre très sérieux confrère de Ouest-France, le site d’information britannique news.sky.com et le site spécialisé opex360.com révèlent la date, la nature et l’objectif de ce déploiement.

Selon Ouest-France, ‘’annoncée lors d’un déplacement, ce dimanche 21 juillet, à Bamako, par la ministre de défense britannique, l’arrivée de ce contingent britannique, en début d’année 2020, a été confirmée par le Commandant de la Force de l’ONU, le lieutenant général Dennis Gyllensporre. Sa mission durera trois ans’’.

La bonne version

Contrairement à la coopération bilatérale annoncée par le communiqué de Koulouba, Ouest-France affirme donc que les 250 hommes seront déployés dans le cadre de la MINUSMA. Il s’agira non de 250 coopérants militaires chargés de former les FAMa, mais bien de 250 Casques bleus britanniques déployés pour « répondre aux besoins de l’ONU » et de « combler un déficit capacitaire majeur » de la MINUSMA.

Selon Ouest-France, ‘’ces forces, dont l’origine n’a pas encore été précisée, seront chargées de missions de reconnaissance et de combat et traqueront les GAT (groupes armés terroristes) depuis la base de Gao. Ces soldats, regroupés au sein d’un Long Range Reconnaissance Task Group, effectueront ces missions déjà confiées précédemment à des commandos néerlandais et suédois’’.

Selon les déclarations de la ministre britannique de la Défense relayées par Opex360.com, «le personnel militaire britannique collaborera avec nos partenaires de la région pour aider à promouvoir la paix en combattant la menace extrémiste et en protégeant les droits de l’homme au Mali ». Mme Penny Mordaunt a, en outre, indiqué que la contribution de Londres à la MINUSMA se concentrerait sur les capacités de « reconnaissance à longue portée », ainsi que sur la « sensibilisation aux menaces » : « cette contribution ciblée sera complétée par l’affectation d’officiers britanniques au siège de la mission de l’ONU », ainsi que par « de nouveaux programmes de formation des troupes d’autres pays partenaires qui seront déployées dans l’opération » des Nations unies. Dans ce cadre, les 250 soldats peuvent bien participer à la formation de nos FAMa. Formation qui, faut-il aussi rappeler, est prise en charge dans le cadre l’appui européen à travers l’EUTM, dont les résultats sont loin d’être marginaux.

Déploiement britannique

Il est aussi important de rappeler que déjà une centaine de soldats britanniques opèrent au Mali, en soutien à l’opération française Barkhane. Ce sont des soldats de l’armée de l’air britannique (Royal Air Force) qui opèrent sur les trois hélicoptères lourds Chinook affectés à la Mission Barkhane. Ces hélicoptères renforcent les moyens de transport tactique de la mission Barkhane, des moyens chroniquement insuffisants pour un théâtre d’opérations aussi étendu.

Trois hélicoptères Chinook de la RAF et la centaine de membres du personnel opèrent avec les forces françaises dans le nord du pays depuis 2018, dans un rôle de non-combat. Cet engagement a récemment été prolongé de six mois jusqu’en juin 2020, considéré comme un geste de la bonne volonté anglo-française après le Brexit.

Pour rappel, dans le dernier rapport sur le Mali qu’il a remis au Conseil de sécurité en mars dernier, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait plaidé pour un renforcement de la mobilité de la MINUSMA. Ce qui supposait davantage d’hélicoptères d’attaque et de manœuvres.

Un déploiement bien accueilli 

C’est dans ce cadre qu’après avoir prolongé la mission des trois hélicoptères lourds de transport CH-47D Chinook de la Royal Air Force (RAF) auprès de la force française Barkhane, le Royaume-Uni a décidé de renforcer sa présence au Sahel en renforçant significativement sa participation à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) : 250 hommes et des hélicoptères supplémentaires.

La ministre de la Défense britannique n’a pas précisé les moyens britanniques qui seront déployés au Mali au titre de la MINUSMA. Pour une telle mission, croit savoir opex360.com, la British Army peut déployer des unités spécialisées, éventuellement appuyées par des drones tactiques Thales Watchkeeper WK450, d’hélicoptères CH-47D et/ou AH-64D Apache.

Bien que relativement modeste, le renforcement de son contingent a été bien accueilli par les Nations Unies à New York et est considéré par le gouvernement britannique comme l’un des engagements militaires les plus importants depuis l’Afghanistan et la lutte contre l’État islamique.

Alors, bémol communicationnel : ces hélicoptères et ces 250 éléments des forces britanniques seront déployés pour le compte de la MINUSMA et non dans cadre de la coopération bilatérale.

PAR BERTIN DAKOUO

 Info-Matin

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