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Affaire de l’avion et du contrat d’armement : L’ombre de l’ami Tomi

L’audition de l’ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, au début du mois d’octobre, par les enquêteurs de la brigade financière de Nanterre, est-elle révélatrice de l’implication de Michel Tomi dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et du contrat d’armement ? De toute évidence, la police française est presque certaine que Michel Tomi n’est pas totalement étranger aux scandales financiers qui éclaboussent ce moment la République.

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Soumeylou Boubèye Maïga a été entendu par les enquêteurs de la brigade financière de Nanterre (France). En cause : l’achat, lorsqu’il était au gouvernement, de l’avion présidentiel malien dont la transaction aurait impliqué Michel Tomi, un homme d’affaires français mis en examen et proche d’IBK. Les enquêteurs ont demandé à Boubèye de s’expliquer à propos de l’achat, sur le budget de la Défense lorsqu’il était aux affaires, de l’avion présidentiel malien pour un montant d’environ 20 milliards de FCFA.

 

L’achat de l’appareil aurait été effectué grâce à l’intermédiaire de Michel Tomi, un homme d’affaires français mis en examen en juin dernier pour, notamment, corruption d’agent public étranger, abus de confiance et recel d’abus de bien social.

Depuis l’arrestation de Michel Tomi, beaucoup de responsables maliens seraient dans le viseur de la justice française. Les noms des présumés auteurs du scandale de l’avion et du contrat d’armement sont pratiquement associés à celui de Tomi Michel dont les liens avec IBK ne font plus l’ombre d’aucun doute. Le chef de l’Etat attribue même au « parrain des parrains » corses, le titre « d’ami ». La justice française travaille à clarifier les contours de cette amitié entre d’une part IBK et Michel Tomi et d’autre part entre ce dernier et l’entourage du président.

On se rappelle qu’en juin dernier, dans le cadre d’une information judiciaire pour « blanchiment aggravé », l’homme d’affaires corse Michel Tomi a été mis en examen. La justice française s’intéresse à l’origine de ses revenus et à ses relations avec Ibrahim Boubacar Keïta, sur lequel il fait peser de forts soupçons.

Michel Tomi, qui a fait fortune dans les jeux en Afrique, était visé depuis juillet 2013 par une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris pour « blanchissement aggravé en bande organisée », « abus de biens sociaux » et « faux en écriture privée ».

 

Qui est Michel Tomi ?

Il a débuté comme croupier à Monaco avant d’intégrer, en 1968, l’un des cercles de jeux parisien contrôlé par les Francisci, les empereurs des jeux d’alors, qui lui mettent le pied à l’étrier. En 1974, il est au casino Ruhl, àNice, où règne Jean-Dominique Fratoni, le « Napoléon des tapis verts » lié à la mafia, avant de tenterl’aventure à l’étranger.

 

De retour en France, il est interdit de gestion dans le casino dont son frère, Jean Tomi, est l’actionnaire principal à Bandol (Var). Un établissement fermé en 1988 après l’ouverture d’une enquête. Lors du procès, en 1996, il apparaît que de l’argent du casino était versé à des poids lourds du milieu marseillais.

 

Après cette affaire, Michel Tomi rebondit grâce à un homme qui lui ouvre les portes de l’Afrique : Robert Feliciaggi. Tomi apporte sa connaissance des jeux et une idée : implanter le PMU en Afrique francophone. L’Afrique subsaharienne leur ouvre les portes. Leur fortune est faite.

 

Ses finances, aujourd’hui illimitées, sont à l’abri en Afrique et dans les paradis fiscaux car il n’a plus aucun compte bancaire en France depuis l’affaire du casino d’Annemasse. Il a été condamné pour avoir financé, par le biais de sa fille, directrice du PMU au Gabon, la campagne du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua pour les élections européennes de 1999 en contrepartie d’autorisations pour exploiter l’établissement de jeux de Haute-Savoie.

 

Michel Tomi vit, de fait, en Afrique, au Maroc, au Gabon et au Mali. Il vient à Paris régulièrement et àMarseille. En 2007, la mise sur écoute de son téléphone dans l’enquête sur l’assassinat, en mars 2006, de son ami Robert Feliciaggi, avait levé une partie du voile sur ses activités. Dirigeant des principaux établissements de jeux en Afrique de l’Ouest, son groupe Kabi s’est étendu géographiquement et s’est enrichi d’autres activités comme l’hôtellerie, le BTP et l’immobilier.

 

« La force des Tomi, c’est qu’ils étaient proches d’IBK »

Depuis 2005, Michel Tomi est également à la tête, avec son fils, Jean-Baptiste, que l’on voit souvent à Dubaï, de la compagnie Afrijet Business Service, qui possède des Falcon. Avec un associé, il a mis la main sur Gabon Airlines. Les écoutes de 2007 soulignaient ses relations privilégiées avec la famille du président gabonais d’alors, Omar Bongo, et surtout son fils, Ali, à l’époque ministre de la défense.

Mais l’ère gabonaise des Tomi est aujourd’hui terminée. Leur influence a reculé à mesure que celle du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, grandissait. Les Tomi ont réduit leurs activités au Gabon pour s’investir au Mali où leur ami Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », a été élu président en 2013.

Durant l’élection présidentielle, IBK a voyagé avec les avions d’Afrijet mais Michel Tomi dément avoirfinancé sa campagne. Selon un diplomate français, rencontré en juin 2013 à Bamako, « la force des Tomi, c’est qu’ils étaient proches d’IBK quand il n’était rien, ils ont du flair ». Avec l’interpellation de l’ancien ministre de la défense, Soumeylou Boubèye Maïga, et les surfacturations en milliards de FCFA, l’ombre de Michel Tomi plane plus que jamais sur le palais de Koulouba et ses occupants.

 

Idrissa Maïga

SOURCE: L’Aube  du   23 oct 2014.
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